URFEIND ne va pas renverser la table du Black Metal mais ce n’est d’ailleurs pas vraiment ce qu’on lui demande. Encore que si l’on se penche sur la discographie de ce groupe teuton, il me vient en tête le très prometteur "Þurisabloþa" qui m’a fait découvrir le groupe il y a cinq ans déjà avec pas mal d’émois. Cet album avait pour lui une sacrée ambiance pas mal démone sur les bords et déjà bien virile. Cette fois-ci ce troisième album galbe un peu plus les biceps et sa fait encore plus puissant et violent.

URFEIND est une entité habitée par une certaine forme d’ésotérisme du paganisme nordique : la tradition Thursatru. Si vous avez suivi les pérégrinations de Shamaatae d’ARCKANUM ou vous êtes intéressés aux émancipations mystiques du regretté Jon Nödtveidt, et dans un plus large spectre au MLO (Misanthropic Luciferian Order) aujourd’hui appelé TOBTL pour Temple Of The Black Light vous connaissez déjà pas mal de choses. En effet, les Allemands de URFEIND – très discrets et toujours à visages cachés – sont de fervents praticiens de cette tradition marginale qui mêle quête de puissance primordiale, anti-cosmisme et chaos-gnosticisme. Et cela se ressent un peu dans le Black Metal qu’il propose.

Une part sombre d’une ombre ténébreuse et luciférienne se faufile dans chacun des titres. Et ce qui saisit d’emblée notre écoute c’est en premier lieu la voix puissante et incantatoire de Skadwaz qui n’a pas besoin de beaucoup en faire pour nous coller au plafond. Et puis il y a ce riffing qui s’agite tel un mur de son imprenable et s’avance en broyant tout sur son passage. Pourtant URFEIND ne nous laboure pas avec une agressivité hors-contrôle, mais son côté froid et hypnotique y arrive bien plus efficacement. Car, URFEIND reste mélodique et nous le fait savoir au travers de titres passionnants. Je veux parler et prendre pour exemple "Weaving The Abyss" qui va nous entraîner efficacement à danser avec des spectres, tout en soufflant les dernières lueurs du jour, pour que le royaume des ombres puisse prendre possession de nos destinées.

La production très propre et mettant bien avant ce riffing ténébreux redore le blason du Black Metal de URFEIND. C’est une forme de née ardente qui va fondre sur nous tout du long de la cinquantaine de minutes que dure "Dauþalaikaz". En réécoutant "Þurisabloþa" (l’album qui m’a fait découvrir les Allemands) et en le comparant avec cette dernière itération, je dois bien admettre que si le travail de studio est sans doute important, le rendu est aussi bien plus professionnel et moins Raw. Côté émotion, la balance penche du côté de "Þurisabloþa" dont je conserve avec affection des titres incroyables dans mon cœur ("Forged By Fire", "Rise Of Níðhöggr", et la très superbe track "ᛣᛣᛣ"), mais côté efficacité ce nouvel album marque des points.

J’ai seulement un peu de mal à être transporté, son côté impeccable a déjà la fâcheuse tendance à me refroidir au fur et à mesure des écoutes. Ce ne sera pas la sortie de l’année me concernant mais critiquer pour le plaisir serait bien malvenu. N’oubliez pas d’écouter "The Fallen" autre titre bien envoutant de l’album ainsi que "Hymn Of Corruption" et "Nine To Zero" qui s’avèrent bien intéressants. Les autres titres de l’album ont plutôt tendance à manquer de variété et peuvent paraître un brin monolithique. Ce n'est pas la claque que j’escomptais mais les Allemands ne font clairement pas de la merde ni dans la dentelle.