Le Metal c’est un truc sérieux. La déconnade on garde ça pour les quelques trublions du fond de la classe qui amusent la galerie car ils ont loupé quelques branches de leur arbre généalogique (pas de noms, je vous laisse le soin de composer votre propre not-to-listen list). Sauf que dans un univers aussi prolifique que sibyllin, tout n’est pas blanc OU noir. Sérieux OU rigolo. Brillant OU fantasque. Certains tentent d’associer les deux, aussi périlleux l’exercice soit-il… Ne nous le cachons pas, avant tout pour se faire un gros plaisir à peine coupable.

C'est ainsi que DRAGONCORPSE, derrière ce pseudonyme aussi inquiétant que badass, narre, au travers des clichés les plus clichesques du Power-rose-bonbon à en faire pâlir de jalousie du GLORYHAMMER, les aventures giga-manichéennes de Nox Abbarath, porte-lumière et pourfendeur de dragons, et donc le déclin de sa lignée. Résumons la grosse vingtaine de minutes de l’album en quelques mots : Nox bute le méchant dragon Drakketh avec sa voix sous protoxyde d’azote dans une bien trop longue intro. Il devient le héros du royaume et assied son statut de "Sunlover". Mais le dragon revit. Nox recherche la vérité. Il ne la trouve pas. Le dragon devient balèze et sème le chaos. Fin. Pas youpi.

Alors vous me direz jusque-là pas de quoi fouetter un chat, c’est un album de Power parodique à la NANOWAR OF STEEL, ça vaut trois étoiles, un pissou et au lit ? Pas tout à fait. La codification simplifiée à l’extrême du Power du quintet international vient être gangrénée par des bons gros éléments de Deathcore -plutôt clichés eux aussi-, singularisant l’ensemble. Et c’est à cet instant précis qu’il faut tout de même une bonne dose de second degré et de tolérance pour apprécier l’EP.

En toute transparence, "Welcome Home" est l’incarnation la plus solide de la galette, juxtaposant habilement les deux faces de la pièce, entremêlant breakdowns et voix suraiguës, dans un équilibre étonnamment convaincant. Pour le reste, cela tend ostensiblement vers du Deathcore tout ce qu'il y a de plus classique, le manque de réelle inspiration étant compensé par la loufoquerie générale, en témoigne le clip inqualifiable de "A Quest For Truth", où manifestement l'argent économisé avec la création de l'artwork en IA n’a pas été réinjecté. En totale décorrélation avec la chanson, le clip narre l'épopée de chaussettes avec des googly eyes façon Muppet Show à la recherche de cocaïne ou tout autre psychotrope que les créateurs n'ont manifestement pas été avares à inventer. Malgré toutes ces bouffonneries, on constate une certaine logique dans la construction de l’EP, les titres plus légers et chevaleresques étant dédiés au Power, et les titres plus sombres au Deathcore. En effet, avec la résurrection de Drakketh, les titres sombrent au même titre que la gloire du protagoniste, de "l’héroïsme" à la "peur et la faim" (dont je suppute le clin d'oeil au jeu vidéo "Fear And Hunger" du même nom, auquel seuls les plus tordus et pervers d'entre-vous se seront frottés).

Notons l'intervention de Nick Miller de FIRST FRAGMENT (rien que ça) à la gratte sur "I Live… AGAIN !" délivrant un solo virtuose mais dispensable, perdu au milieu de toutes ces frasques. L'intervention de Lauren Coleman sur "Whisper On The Wind", inconnue à mon bataillon, vient ajouter la touche de voix féminine qu'il manquait pour remporter le bingo Poweresque, c'est là tout le mieux que je puisse en dire.

Que retenir donc de cette galette, si ce n'est une provocation au nez et à la barbe des puristes du Power, et six titres curieux pour les Coreux ? Pas grand chose, si ce n'est que tous les croisements sont imaginables et surtout permis, quoi qu'un peu superflus. Donc bon, trois étoiles, un pissou, et au lit.

Ah, comme quoi finalement.

Morceaux préférés : "Welcome Home", "A Quest For Truth", "Fear And Hunger".