EBONY TEARS ne déroge pas à la règle non pas des seconds couteaux mais des fils prodiges du Mélodeath Suédois. Armés en mélodicité et en technicité, le souci du riff chevillé au corps, nos Suédois tentent l’aventure en produisant leur premier album au fameux Sunlight Studios sous la houlette de Tomas Skogsberg. Thrashisant, "Tortura Insomniae" nous livre une belle prestation d’un groupe qui cherche à se démarquer de la scène dite de Göteborg. Pour ce faire, le groupe s’arme de riffs nerveux, d’un violon mélancolique, et d’un son moins propre que les cadors de la scène.

Et c’est aussi cela qui frappe, EBONY TEARS développe certes des motifs mélodiques assez joueurs, mais l’ambiance générale reste froide et pas facile d’accès de prime abord. Sorti via Black Sun Records qui avait une belle mainmise sur un petit paquet de groupes incroyables de Mélodeath dans ces années-là, citons SACRILEGE, CROWN OF THORNS (les futurs The CROWN), SINS OF OMISSION, "Tortura Insomniae" est certes resté assez confidentiel mais a joui d’une petite distribution en France. D’ailleurs les amateurs – et je m’inclue dedans – ont découvert EBONY TEARS avec ce superbe titre qu’est "Nectars Of Eden" sur une des premières compilation "Metal Explosion" attenante à un Metallian.

Et l’on pourrait dédier un paragraphe entier à ce très beau titre qui n’est heureusement pas le seul de ce premier album des Suédois. Mais tout de même la beauté qu’il produit avec ce chant féminin et ce très beau violon fait de ce titre plein d’entrain une approche bien suggestive de l’univers d'EBONY TEARS. Succédant à un "Freak Jesus" aux riffs plus conventionnels mais bien chiadés, "Nectars Of Eden" est une belle pépite à découvrir assurément. D’autres titres démontrent aussi que les Suédois ne cherchent pas à s’enfermer dans un simple Mélodeath. Écoutez par exemple "Involuntary Existence" bien plus Thrash, ou encore "Skunk Hour" débordant d’entrelacs thrashy et d’un abord plus Death tout du long de ces dix minutes.

Mais "Tortura Insomniae" souffre aussi de titres qui n’arrivent pas à décoller et qui n’emballent pas l’écoute, et du reste c’est plutôt la seconde partie de l’album qui souffre de cela. Tout n’est donc point parfait mais EBONY TEARS reste intéressant. Sa rugosité trahit peut-être une approche plus spontanée et brute de l’enregistrement et, pour ma part, je trouve ce parti-pris intéressant. Si le groupe produira deux autres albums, je trouve ce "Tortura Insomniae" plus convaincant et attachant. Première œuvre de jeunesse, avec ces maladresses, cet album est tout de même un très beau terreau d’idées matures et suffisamment singulières et originales pour le déclarer oublié à tort et nécessaire à réhabiliter. À vous de vous en faire une idée plus juste.