Il est compliqué aujourd’hui de ressortir du lot quand on fait du Black Sympho et il est vrai que sans l’envie de s’y attarder, EPINE est un projet qui risque de facilement passer à la trappe. Et la raison pour laquelle je m’y suis penché est assez bête, en gros un ami de qualité qui se reconnaîtra m’a un jour présenté le cd du premier opus du projet, "Infernum Omnes" en ces termes « Tiens Anima je me suis procuré ça, c’est du Black Sympho par un mec qui vient de Lubine, un petit patelin pas loin d’ici », et vu que j’étais dans une période où je commençais à réellement m’intéresser à ma scène vosgienne locale et du Grand Est en général, et bien j’ai dit banco, et en plus "Infernum Omnes" est un album fort sympathique. Viens donc ensuite octobre 2024 et la sortie de ce second opus, et de nouveau, j’ai dit banco.

Parce que mine de rien, du haut de sa petite demi-heure, "Infernum Omnes II" est un album généreux de part sa qualité. Les compositions de NOIRe AMe sont totalement maîtrisées et on sent bien que l’homme sait faire usage du riffing Black Metal, on a droit à du beau tremolo typique tout du long ponctué par instant par de superbes envolées mélodiques (le solo de "Une Colonne Entenébrée", le lead du pont de "De L’Ignorance De la Tondaison") et de quelques incursion en territoire Death Metal (sur "Homo Bulla" notamment). À côté de ça, le Black d’EPINE est souligné avec goût par les orchestrations de Louis Vialet qui font un superbe travail pour rendre la musique majestueuse en usant avec intelligence de la variété d’instrument offert par un orchestre (j’apprécie notamment la harpe audible dans "De L’Ignorance De la Tondaison" ainsi que les nombreux cuivres présent au long de l’album) et de manière générale, si les orchestrations servent principalement d’enrobage au Black sans pour autant prendre le pas, ils offrent quand même quelques instants de bravoure qui savent surprendre et dont je vous laisse le plaisir de découvrir.

Donc instrumentalement, c’est très solide et on mange déjà très bien chez EPINE, mais clairement, pour moi, le plat de résistance, c’est le chant, ou plutôt les chants. Parce que pour donner une voix à son Black Metal, EPINE a recours à trois chanteurs différents et alors là, ils sont tous vraiment excellents et offre à "Infernum Omnes II" une palette vocale étendue qui s’amuse à mélanger les chants au seins des morceaux. Et cette alternance participe à provoquer un certains sentiment d’urgence à l’album, un truc vraiment viscéral qui agit comme la cerise sur le gâteau. Ah et aussi, pour en rajouter un peu, on a droit à deux featuring : Romain de STRORTREGN sur "De L’Ignorance De La Tondaison" qui va aller chercher un growl Death pour rajouter encore un peu de variété ainsi que Emilie de MASSIVE CHARGE (groupe de Grind où officie aussi NOIRe AMe, et je me demande si cette affiliation ne joue pas sur la courte durée et la concision de l’album) qui impressionne sur "La Couronne Verte" avec ses hurlements possédés.

Bon vous l’aurez compris, je trouve que ce "Infernum Omnes II" est un très chouette album. EPINE est de ces petits groupes qui, sans forcément révolutionner le monde du Black Metal ni en devenir des figures marquantes, font vivre le genre en entretenant la flamme. Et le feu d’EPINE est de ceux dont la lumière ne peut que ravir les amateurs du genre.