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- Style : Tool, Opeth, Mastodon

SEPTA - Bitten By The Serpent Of The Kingdom Of The Spirit (2019)
Par HAPLO le 17 Décembre 2024          Consultée 450 fois

Non mais qu’est qu’y a pu bien me prendre d’aller pêcher ce combo ukrainien complètement inclassable dans cette foutue Boîte à Demandes ? Moi qui m’écroule en larmes à la seule écoute de la voix christalo-stratosphérique d’un Klaus Meine sur "When The Smoke Is Going Down"… Moi qui éructe de bonheur sur les rythmiques ciselées en mode dentelle d’un KAMELOT… (toujours) moi qui dégonde une porte avec les dents sur les soli guitares galactico-acrobatiques décochés par ces furieux de REDEMPTION… Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter sur un SEPTA inconnu de Dieu et des hommes, sur l’obscurité et la densité d’une musique qui oublie de sourire et surtout sur un sujet aussi folichon que celui d’une créature maudite personnifiée par un Golem ?

Sans oublier que pour couronner le tout, les rares érudits qui tentent de décrire l’art des Odessites de SEPTA les rapprochent souvent de formations telles que TOOL, MASTODON, OPETH ou encore OCEANSIZE… que je ne fréquente pas ou alors vraiment de très loin. Bref, pas gagné pour le pauvre Haplo et ses petites oreilles si délicates !

Aussi, il faut préciser qu’à ma décharge, comme à celle du gentil lecteur qui a su flatter mon orgueil incommensurable via la rubrique incriminée, les Ukrainiens de SEPTA n’en sont pas à leur coup d’essai ; loin de là. Paru en novembre 2019, "Bitten By The Serpent Of The Kingdom Of The Spirit", au-delà de son (long) titre improbable, s’inscrit au bout du bout d’une discographie déjà chargée pour ce groupe œuvrant depuis 2012 et ayant précédemment largué les bombes au phosphore constituées par "The Lover" (2013), "Destroyer" (2014) et "Sounds Like Murder" en 2016… le tout enjolivé par moult singles. On a donc manifestement affaire ici à de vrais besogneux qui n’attendent pas de remplir des stades ou de passer en boucle sur des canaux musicaux sponsorisés par les Majors pour faire de la musique ! Ça me plaît.

Pour ce quatrième effort studio, les Ukrainiens décident d’aller piocher la substantifique moelle de leur inspiration dans la légende juive du Golem, mythe kabbalistique attaché au ghetto de Prague et aux pogroms successifs dont furent victimes les juifs de cette ville (et d’ailleurs) entre les XVIIème et XXème siècles. Créé par le vouloir et les mots d’un rabbin (Le mot "emet", signifiant "vérité", est placé sur son front), le Golem est personnifié par un colosse d’argile dont la mission première est la protection de la communauté juive alors persécutée. S’inspirant également d’œuvres dédiées au Golem comme le roman de l'écrivain autrichien Gustav Meyrink, publié en 1915 ou encore le film expressionniste allemand de Henrik Galeen et Paul Wegener sorti la même année, les membres de SEPTA s’attachent donc à transcrire dans leur univers musical une légende teintée d’ésotérisme à l’épaisseur sombre et qui transpire bon le goût du sang. Pour le coup, c’est pas commun – limite glauque : ça me plaît encore plus.

Et c’est vrai que l’art de SEPTA s’accorde et colle merveilleusement bien à cette légende comme aux ruelles sombres suintant la peur qu’elle évoque : voix d’anti-héro faussement monocorde (mais surprenante de mélodie quand l’envie lui en prend) basculant ponctuellement en chant hurlé, riffs découpés à la scie sauteuse composant des lignes compactes mais qui n’oublient pas d’être nerveuses, un socle basse/batterie tant riche que percutant… La musique de SEPTA se veut avant tout épaisse, prenante et solidement rivetée, adhérant comme une seconde peau à la carapace d’argile de la créature mythique et surtout monolithique que fait (re)vivre l’album. Monolithique ne voulant pas systématiquement dire univoque, les Ukrainiens ne se laissent pas emprisonner par un modèle qui risquerait de museler leur créativité et ne s’interdisent donc pas moult variations et autres échappées qui surprennent, cassent le rythme en nous évitant ainsi de tomber dans du ronron musical pur sucre ; ce qui risquerait de plomber un chouïa une intrigue déjà pas franchement guillerette ni sautillante par définition.

Ces voies alternatives sont plus particulièrement explorées sur des titres comme le rapide et incisif "Clay Boy" qui s’articule d’ailleurs diablement bien avec la belle entrée en matière constituée par un "Emet, Truth" envoûtant à ravir mais qui accélère et surtout densifie cette ouverture, alors que la créature est sortie du néant, avec une épaisseur musicale qui nous plonge jusqu’au cou dans cette étincelle de vie saccadée. Les Ukrainiens se surpassent également selon moi sur l’hypnotique "New Motive Power" dont l’intro très râpeuse balance sans prévenir l’auditeur vers une escalade mélodique allant elle-même s’échouer en mode crescendo sur une séquence plus mécanique sèche comme un automate sans âme. Les instruments personnifient le Golem, ses pensées, pour revenir dessiner des pirouettes musicales propres à la signature artistique de SEPTA : la symbiose est tout simplement bluffante !

Comment ne pas également saluer l’emblématique titre de clôture (dont le titre à rallonge a le mérite d’être cruellement explicite !) qui nous fait partager les affres du retour de la créature à son néant d’origine… Une ambiance hachée, rompue… qui n’est pas forcément ma tasse de thé, mais il faut le reconnaître, vient magistralement achever ce récit et cet album.

Particulièrement dense, fort d’une musique diablement travaillée, et ne se privant pas d’évoquer de funestes évènements qui marquent encore notre époque Tik-Tokienne (les grands timoniers omnipotents comme les atrocités ciblant une race, ethnie ou encore une religion font toujours des adeptes aujourd’hui !) sans même oublier en toile de fond la profonde injustice née depuis du conflit russo-ukrainien, font que ce "Bitten By The Serpent Of The Kingdom Of The Spirit", n’est foutrement pas facile à digérer.
SEPTA offre néanmoins ici un album solide qui se découvre et s’apprivoise au fil des écoutes. Parti dans cette chronique sans connaître leurs précédents opus ni être un amateur du style concerné, je dois néanmoins admettre m’être laissé charmer par ce Metal alternatif puissant, sachant être véloce, dont les qualités ne s’apprécient réellement qu’après l’écoute de l’intégralité des 35 min sur lesquelles s’étalent les neuf projectiles de l’album. L’immersion est totale… Je n’y étais sans doute pas préparé.

Dotée d’un style plutôt attrayant mais pas forcément facile d’accès, la formation d’Odessa offre avec ce quatrième chapitre de sa discographie un album très cohérent, rugueux comme il faut et qui n’oublie pas d’être mélodique. Certes capable d’arabesques, SEPTA m’a néanmoins semblé manquer ici d’un chouïa de variété ou de pétillant pour que je passe de la séduction au véritable coup de cœur… à voir si le reste de la discographie ne fera pas de moi un fan !

Dans la moiteur nocturne étouffante de la ruelle pragoise au fond de laquelle je me dissimule, je sens, plus que je ne vois, les deux yeux rouges incandescents du Golem qui fouillent l’obscurité à ma recherche… Cette monstruosité d’argile va me broyer le corps et me faire payer tous mes crimes ! J’adresse alors une dernière prière à ce Dieu absurde en lequel j’avais pourtant cessé de croire tout en grattant la brique poreuse du mur contre lequel je me recroqueville afin d’y marquer un intransigeant 3/5 pour ce "Bitten By The Serpent Of The Kingdom Of The Spirit" si profond mais tout aussi dur à assimiler dès la première écoute. La clé, c’est le temps !

- pour la naissance : "Clay Boy",
- pour la vie : "New Motive Power",
- pour le retour au néant : "You were created by the sages; return to your dust".

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   HAPLO

 
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- Eugene Tymchyk (voix, voix additionnelle, guitare acoustique, claviers,)
- Alexander Kostuchenko (guitares,)
- Dima Ulyanov (basse,)
- Vlad Oleynik (batterie.)


1. Emet, Truth
2. Clay Boy
3. Pogroms
4. New Motive Power
5. Tannhäuser Gate
6. Golem/1915
7. The Tin Man
8. Met, « Dead »
9. You Were Created By The Sages; Return To Your Dust



             



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