Après deux albums déjà sortis cette année à quelques mois d’intervalle, voilà qu’un troisième LP, plus court certes, vient se greffer à ceux-là et prolongent donc le voyage déjà entamé par notre Hongrois. Et ce dernier ne chôme pas vraiment, puisqu’avec son autre projet de Black Atmosphérique mais plus easy-listening GORMOTH, il enchaîne à la vitesse du son un nombre important de sorties (EP, single, split compilation et albums). Et je dois dire que cela force le respect en tout cas le mien. Même si je ne suis pas le bon public pour GORMOTH, Adam Toth a le feu sacré et je trouve cela admirable. Les mauvais coucheurs grogneront toujours sur le côté prolifique, n’y voyant que les écueils et les échecs. Mais du point de vue de la création c’est tout autre chose, et cela promet du moins à son auteur un voyage exigeant et passionnant, pourvu qu’il puisse être partagé.

Les roses blanches et ce visage crispé en disent long aussi sur le contenu de cet EP. Dans la tourmente émotionnelle, FOREVERCOLD déploie son Black Atmosphérique et mélancolique toujours avec une dose suave d’agressivité douce et de nostalgie ténébreuse. Adam Toth a trouvé sa recette : riffs et claviers vaporeux, vocaux Black classiques et complaintes sanglotantes, ambiances délicates et nostalgiques. Cette formule était déjà particulièrement soignée sur les deux précédents albums chroniqués ici-bas et que je vous invite à écouter. Que dire alors de ce troisième album ? À l’instar des deux autres, "Amikor A Lelked Elcsendesült" (= quand ton âme a été réduite au silence) ne s’embarrasse pas de la durée. Culminant en-deçà des trente minutes, il reste perspicace sans en donner de trop. Peut-être indiquer aussi tout de suite que d’une manière plus générale il m’a moins emballé que les précédents.

C’est ainsi que dans mon tamis exigeant en termes de vécu émotionnel et d’empreinte mnésique j’aimerai vous parler des deux derniers titres de ce troisième album. Ce sont les seuls qui m’intéressent. Je mets de côté le titre instrumental "Amikor A Lelked Elhagyott" qui apporte une belle pause sans jamais transcender. "Siralom" et surtout "Rokonom A Halál" sont a contrario puissants et assez désemparants de beauté. Parlons alors de ce dernier titre. Le piano fragile qui s’immisce dès l’introduction ne quittera plus ce titre qui va tenter de se frayer un chemin vers la lumière ou un firmament moins sombre et triste. Mais la torpeur et la grisaille vont régulièrement contrarier ce projet. Et le sentiment de désespoir va s’accroître avec les complaintes sanglotantes de Adam qu’ils utilisent à intervalles réguliers et qui tombent souvent à point nommé pour magnifier les ambiances.

Je vous encourage à écouter ces deux titres, non pas que les trois premiers ne le méritent pas mais ils restent en-dessous émotionnellement parlant. Et l’émotion ou les ressentis émotionnels sont importants dans le Black Atmosphérique. Ils constituent la base et le sel de ce style souvent aussi brillant que monotone. FOREVERCOLD fait partie des groupes que je considère et dont la découverte récente (normal le groupe n’officie que depuis peu me direz-vous) m’a procuré beaucoup de contentement dans les écoutes. J’ai donc de l’estime pour le travail musical de Adam, et ce troisième album en fait partie. La suite arrive bientôt car un quatrième album est sorti, il se nomme "Utolsó Szívverés". À suivre.