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POST METAL INSTRUMENTAL  |  STUDIO

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- Style : Maudits

RUSSIAN CIRCLES - Blood Year (2019)
Par KOL le 29 Octobre 2024          Consultée 353 fois

J’ai toujours éprouvé de l’admiration pour ceux à qui la peinture ou la sculpture parlent. Je veux dire par là que ce sont des arts qui, sans avoir à apposer des mots précis, parviennent à partager des sentiments profonds, parfois violents et d’une sombreur folle. Personnellement, en règle générale, je n’ai jamais éprouvé de grand bouleversement devant un tableau. C’est parfois joli, bien fait, mais dans l’ensemble, la plupart de ces œuvres me laissent de marbre, à mon grand désarroi, esprit étriqué que je suis. Le Cinéma, le Théâtre ou plus encore évidemment la Musique, me touchent infiniment plus, c’est un fait. Y compris lorsque ces talents se font muets, ils parviennent à me retourner comme une crêpe suzette.

Les Américains de RUSSIAN CIRCLES possèdent cette maestria innée, celle de faire rimer les notes avec les tripes et le cœur, sans solliciter nécessairement le cortex cérébral, occupé à vagabonder au gré des arpèges et des assauts soniques sporadiques, distillés avec parcimonie au long d’une riche discographie, relativement constante dans sa qualité, surtout depuis l’arrivée de Brian Cook (ex-BOTCH, ex-THESE ARMS ARE SNAKES) en 2008. Le bassiste y expose son savoir-faire en matière de lignes puissantes et de relief qu’il apporte immédiatement à la formation de Chicago.

Ceci dit, au jeu des comparaisons, il est parfois délicat de distinguer un opus d’un autre, tant la formule instrumentale s’avère relativement homogène sur la durée. C’est donc au niveau des émotions délivrées que la différence se fait. Elle est sans doute d’ailleurs le fruit du ressenti de ses géniteurs au moment de l’écriture et de l’enregistrement de l’album. Septième opus du trio de l’Illinois, "Blood Year" ne déroge pas à la règle et livre un tourbillon de sensations délicieusement articulées et construites pour mieux emporter l’auditeur. Il m’apparaît en revanche moins violent et tourmenté que son successeur, l’excellent "Gnosis". Pour autant, n’allons pas jusqu’à le qualifier de fade, c’est loin d’être le cas.

Pour les béotiens en matière de cercles russes (un exercice d’entraînement pratiqué en hockey sur glace, rien à voir avec Moscou), précisions que le groupe officie dans un registre assez particulier, à base de Post Metal instrumental à tendance sludgy, parfois allègrement fuzzé. Il draine littéralement ses fans dans des méandres mélodiques à la fois puissants et aériens. Les perd en chemin pour mieux les retrouver par la suite. Alors certes, on peut écouter d’une oreille distraite "Blood Year", mais ce serait passer à côté de l’intention des musiciens. RUSSIAN CIRCLES se mérite, se vit, se ressent, se découvre au casque dans l’intimité d’une session qui nous semble réservée.

Le disque, une nouvelle fois mis en boîte avec talent par Kurt Ballou (CONVERGE), propose une version mature du combo, qui sait exactement ce qu’il fait, à la limite un peu trop. Si "Arluck" et surtout la ténébreuse "Milano" nous lancent sur des bases stratosphériques, la suite n’atteindra que trop rarement ce niveau d’intensité, malgré un intérêt évident. Disons pour faire simple que l’on est plus sur des notes dispensées avec parcimonie que sur du riff vrombissant. La production n’en reste pas moins excellente (ah… ce son de caisse claire…), mais les morceaux s’enchaînent de manière moins fluide qu’à l’accoutumée, l’hypnose succédant régulièrement à l’introspection et vice-versa. D’aucuns pourront même trouver l’exercice répétitif, voire rébarbatif. Ce n’est évidemment pas mon cas comme vous l’aurez compris, mais je pourrais presque comprendre le point de vue.

Noyé dans les effets et la réverb, le jeu de Mike Sullivan reste toutefois de haute volée, privilégiant les ambiances aux moments de gloire, s'effaçant derrière les compositions pour mieux les servir. Mais l’on ne saurait mettre en lumière l’un des membres plutôt qu’un autre, tant la complémentarité des musiciens en constitue une identité unique et impénétrable. Noirceur, mélancolie, tristesse, et même colère parfois font ici bon ménage (l'inquiétante "Sinaia", l'une de mes favorites ici), quand bien même on pourrait reprocher à "Blood Year" un léger manque d’impact sur cette cuvée 2019.

Puisqu’il me faut apporter du relief à la relecture de l’histoire de RUSSIAN CIRCLES, je modèrerai donc mon enthousiasme pour cette fois. Je pourrais en effet coller un 4/5 à l’ensemble de la discographie tellement je suis fan de l’œuvre des Américains, mais celui-ci me semble un chouïa en dessous. Sans doute qu’il m’imprègne un peu moins que certains autres disques du groupe. Remarquablement exécuté malgré tout, les élans envoûtants se font plus rares et la toile ne m’emporte pas autant que je l’espérais. J’étais pourtant prêt à me laisser totalement faire.

Note réelle : 3,5/5.

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- Brian Cook (basse)
- Mike Sullivan (guitare)
- Dave Turncrantz (batterie)


1. Hunter Moon
2. Arluck
3. Milano
4. Kohokia
5. Ghost On High
6. Sinaia
7. Quartered



             



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