Recherche avancée       Liste groupes



      
ALTERNATIF  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1988 Nothing's Shocking
1990 Ritual De Lo Habitual
2003 Strays
 

1988 Nothing's Shocking
1990 Ritual De Lo Habitual
2003 Strays
2011 The Great Escape Arti...

JANE'S ADDICTION - Nothing's Shocking (1988)
Par DARK BEAGLE le 2 Décembre 2024          Consultée 645 fois

JANE’S ADDICTION est un groupe pour le moins étrange. Iconoclaste, très certainement, mais il est apparu à une époque où il n’y avait pas réellement de place pour lui et c’est peut-être justement ce qui aurait permis à la formation de marquer les esprits comme elle a pu le faire, avec "Nothing’s Shocking" et "Ritual De Lo Habitual". Trois ans, deux albums en avance sur leur temps, qui allaient complètement définir l’évolution de la musique Rock dans les années 90. Son éminence grise, Perry Farrell, est très certainement dérangée (il suffit de voir la vidéo édifiante où il s’en prend à Dave Navarro sur scène à Boston), mais à cette période, elle dégageait un parfum de génie musical mêlé à diverses substances.

Le groupe se forme sur les cendres de PSI COM, combo où évoluaient Farrell et le bassiste Eric Avery. La batterie échoie à Stephen Perkins, qui va s’arranger pour faire rentrer Dave Navarro dans les rangs de JANE’S ADDICTION. Un nom bien étrange qui fait référence à la colloc de Farrell (et qui serait également sa muse), ainsi qu’à sa dépendance aux drogues. Avec l’alcoolisme de Navarro, voilà de quoi former un tandem houleux, mais qui parvient à se faire remarquer avec une aisance déconcertante malgré une musique en avance sur son temps. Et histoire de brouiller encore mieux les pistes, le premier méfait du groupe sera un album live, paru en 1987.

Ce qui nous emmène en 1988, année faste qui voit la sortie de ce "Nothing’s Shocking". Un vent de changement soufflait dans les courants alternatifs ricains cette année-là vu que les RED HOT CHILI PEPPERS allaient enfin exploser grâce à "Mother's Milk" tandis que LIVING COLOUR mettait tout le monde d’accord avec "Vivid". Deux exemples parmi d’autres. Sans se glisser dans la même veine, JANE’S ADDICTION va également sortir du lot avec ce premier LP studio qui tranche par le fond comme par la forme avec ce qui était tendance cette époque. Soit autant d'indicateurs que les gens voulaient passer à autre chose.

Il y a d’abord la densité d’une section rythmique qui n’est pas réduite à sa plus simple expression. Perkins utilise ses fûts sans jamais se résigner à aller dans la facilité, ces plans communs à 90% de la production Rock/Hard Rock et il trouve en la personne d’Avery un complice avec lequel il peut poser des fondations solides. Navarro vient se greffer dessus, avec de longues notes et un sens de la mélodie qui n’est pas forcément évident. Lui aussi aime construire, il aligne des plans dantesques avec une science du riff intéressante et il sait également régaler au moment des soli. Puis il y a la voix de Farrell.

J’ai envie de vous dire, le chant chez JANE’S ADDICTION, c’est comme pour les autres groupes, on aime ou on n’aime pas. Mais là il faut quand même se le respirer. Perry Farrell crie, déclame, avec un timbre aigu qui vrille bien la cervelle, mais ce n’est pas Michael Kiske non plus, il est maniéré dans sa façon d’utiliser sa voix, mais il ne cherche pas la note ultime, il fonce plutôt à l’instinct. Le bonhomme est fan de JOY DIVISION et du VELVET UNDERGROUND, mais difficile de rapprocher son chant de celui de feux Lou Reed et Ian Curtis, je vois plutôt en lui la réponse américaine à Jaz Coleman (KILLING JOKE).

Et donc JANE’S ADDICTION vitupère sur fond de rythmiques tribales, s’oublie sur des mélodies plus Pop ou dessine les contours d’un Hard Rock froid et agressif. Nous retrouvons Angelo Moore (FISHBONE) et Flea (RHCP) qui viennent assurer quelques cuivres venant apporter de la chaleur dans cet univers tendu. Pas vraiment froid, mais d’une intransigeance crasse : les musiciens nous trimballent au gré de leurs envies, sans hésiter le moindre instant à nous mettre mal à l’aise, comme l’atteste cette pochette qui n’est pas sans évoquer le film "Freaks". Elle est dérangeante, comme l’était le film de Tod Browning, mais elle exerce également une fascination coupable, de cette culpabilité que l’on ressent face à la différence physique.

La musique dégage également quelque chose de dérangeant. L’ambiance est souvent hallucinée, les riffs ont quelque chose d’hypnotique, tout comme le chant de Farrell une fois que l’on s’y fait. Il y a du psychédélisme dans JANE’S ADDICTION, il y a également des choses plus légères, plus Pop, comme des passages bien Heavy, quand les trois ambiances ne se télescopent pas au sein d’un même titre. "Mountain Song" est souvent celui cité spontanément par les Metalleux car il est celui qui se rapprochent le plus avec sa ligne de conduite Heavy au possible, mais pour ma part, la messe est dite sur "Ted, Just Admit It…" qui est un parfait condensé de ce que le groupe peut proposer de mieux.

Ce morceau a tout pour lui. Il commence relativement doucement, mais il va monter en puissance crescendo. Chaque fois que Farrell prononce « Sex is violent », la musique s’emballe et Perkins livre une prestation monstrueuse derrière les fûts. Il est bien accompagné par Avery qui donne beaucoup de substance à la composition, mais Navarro n’est pas en reste ; on se rend vite compte à quel point ce garçon est doué, que ce soit en termes de feeling ou d’efficacité brute. Le titre de cet opus est d’ailleurs extrait du premier couplet de cette chanson.

Après, le reste de l’album n’est pas négligeable. Il y a bien sûr "Mountain, Song", ce pic où le groupe sonne le plus Metal et qui connait les faveurs du public proche du genre. Mais on appréciera également la langueur acoustique d’un "Jane Says", qui s’entoure d’un halo psychédélique, ou l’énergie d’un "Idiots Rule" sur lequel Flea vient jouer de la trompette pour un résultat très convaincant. Difficile également de faire la fine bouche devant des pièces comme "Summertime Roll" ou encore "Had A Dad", qui apportent toutes deux quelque chose de différent. Et surtout de contribuer au souffle de nouveauté que constitue cet album.

"Nothing’s Shocking" est novateur. Il contribue à construire le paysage musical des années 90, au même titre qu’un FAITH NO MORE ou qu’un NIRVANA. Tout ici contribue à faire un grand disque, mais le suivant sera encore meilleur. Farrell, qui est le despote incontesté du groupe, y met beaucoup de sa personnalité trouble, il y glisse sa colère, ses pulsions, ses réflexions, il fait de cet album un disque à fleur de peau qui dégage quelque chose de fort, d’esthétique et dont certaines pulsions éthérées touchent presque le domaine du mystique.

Mais peut-on parler d’un album fédérateur ? Le débat est ouvert, mais à mon sens, "Nothing’s Shocking" demeure une œuvre de niche. Populaire, certes, mais qui n’est pas vouée à inspirer des vocations comme purent l’être FAITH NO MORE ou NIRVANA justement. Cela rend JANE’S ADDICTION unique en son genre, d’une originalité qui lui est propre, aussi séduisant qu’agaçant, mais jamais vide de sens. Un disque non pas charnière dans l’histoire du Rock, mais précurseur très certainement. Et il reste à le redécouvrir d’urgence, à une époque où la formation s’acharne à entacher sa légende.

A lire aussi en ALTERNATIF :


KING'S X
Xv (2008)
Alternatif

(+ 1 kro-express)



KING'S X
Black Like Sunday (2003)
Hard pop


Marquez et partagez




 
   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Perry Farrell (chant)
- Dave Navarro (guitare)
- Eric Avery (basse)
- Stephen Perkins (batterie)


1. Up The Beach
2. Ocean Size
3. Had A Dad
4. Ted, Just Admit It...
5. Standing In The Shower... Thinking
6. Summertime Rolls
7. Mountain Song
8. Idiots Rule
9. Jane Says
10. Thank You Boys
11. Pigs In Zen



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod