Le Power Metal est-il en péril ou est-il définitivement mort ? Car entre les deux entreprises que sont POWERWOLF et SABATON qui seraient apparemment les seuls groupes majeurs qui pourraient être têtes d'affiche de nombreux festivals (et encore…), qu'avons-nous d'autre à nous mettre sous la dent ? Entre les vieux groupes qui peinent à convaincre ou qui ont tout simplement disparu (le split d'EDGUY, la descente de SONATA), les nombreuses formations qui nous servent du réchauffé (HAMMERFALL…), il est devenu rare d'être enjaillé par une sortie Power. Il y a bien les éternels BLIND GUARDIAN mais bon. Heureusement qu'on a des groupes qui sortaient du lot en nous proposant du Heavy/Power plus sombre comme LEGIONS OF THE NIGHT ou encore l'excellent FELLOWSHIP et son happy-metal. Mais alors, pourquoi prendrais-je le risque de chroniquer du Power ? Italien de surcroît. On ne va pas se mentir, ce n'est pas chez les transalpins que l'on trouve les meilleurs combos, RHAPSODY étant désormais un lointain souvenir. Mais EREGION ravive la flamme. Les italiens, faisant partie de l'écurie Rockshot Records, sortent "Non Omnis Moriar", leur troisième opus après douze ans d'activité. Je précise que je ne connais pas les autres albums.

Da pacem Domine, in diebus nostris
Da pacem Domineeeeeeeeeeeeeee

Pardon mais démarrer un album de cette manière, ça a quand même de la gueule. Et si vous n'aimez pas la voix particulière de Dario Fontana (qui rappellera celle de Tobias Sammet par moment), je vous conseille de stopper l'écoute. Je ne vous en voudrais pas mais vous passerez à côté d'un très bon cru Power de 2024. Je citais RHAPSODY dans mon intro, l'ombre du mythique groupe italien plane sur l'album tout comme celle des suédois d'HAMMERFALL et des regrettés LOST HORIZON. Vous vous souvenez de ces groupes, n'est-ce pas ? Et bien, EREGION c'est un peu un mix des trois. Vous comprenez pourquoi je m'enjaille maintenant ? Sérieusement, de "Kingdom Of Heaven" à "Far My Land", on frôle le sans-faute ! Alors oui, le chant de Dario Fontana n'est pas celui de Fabio Lione, il est parfois très juste mais on est face à un groupe italien non ? Blague à part, je trouve que le bougre s'en sort très bien et ses approximations ne m'ont pas dérangé.

EREGION va donc dérouler pendant presque 45 minutes un Power Metal de qualité. Tous les refrains sont réussis, c'est à souligner. Également, les leads de guitare sont savoureuses mais c'est surtout l'ajout du violon qui va donner un charme supplémentaire aux morceaux. Prenons par exemple le sautillant "Battle Carry On" qui tire clairement son épingle du jeu grâce à cet instrument. "Badon Hill" aussi, ravira les puristes du Power avec des parties de violon qui seront en adéquation avec la musique des italiens. Et quand le groupe décide de ralentir le tempo, on se prend un "Far My Land" presque proggy qui décontenance de prime abord pour finalement se révéler à mesure que le morceau défile. Vraiment une réussite ce morceau. Et que dire de la superbe doublette "Earendil The Mariner"/"Earendl Star", effet nostalgique garanti où l'on croirait entendre EDGUY…

Dans le négatif, je dois bien avouer avoir trouvé "Blood Brothers" ridicule, la faute à un refrain moisi et à un chant faiblard alors qu'on est en droit d'attendre des chœurs guerriers. La ballade finale "England's Fame" également est sympathique et même si elle n'a rien d'exceptionnel, elle a le mérite de conclure l'album sur une note légère et réussie. Mais c'est vraiment les seuls reproches que j'ai à faire sur cet album des Italiens.

Vous l'aurez compris, "Non Omnis Moriar" est un excellent album de Power qui ravira les fans du genre. EREGION, à travers sa fascination pour Tolkien, vous embarquera dans son monde pendant 45 minutes et même s'il ne chamboulera pas votre quotidien, les transalpins nous gratifient ici d'un album de qualité. L'Italie a des talents, EREGION en fait partie.