Deuxième EP pour ce nouveau combo polonais de Black Metal bien nourri à la mélodicité, et qui va le prouver en sortant un album génial, chroniqué en ces lieux, le très bel "Ascend To Infinity". Pour l’heure, parlons un peu de ce qui lui a précédé. "Descent Into Chaos" est bien plus copieux que ne l’était le tout premier EP du groupe "Hellfire". Comprenant d’ailleurs deux reprises, nous percevons que la bande à Michał Kustra, notamment à travers ces deux-là, se sont fait un malin plaisir d’honorer des influences majeures du groupe.

Pas besoin de remplissage donc dans cet EP de plus de trente minutes qui démarre en trombe avec, ce qui sera sans doute, le plus beau titre de "Ascend To Infinity". À la croisée du Death et du Black Mélo, "Abysses" surprend son monde en manifestant son intérêt à combler l’auditeur de sa ballade sonore véloce et mélodieuse. À la manière d’un THULCANDRA ou d’un plus lointain DISSECTION, ou bien plus globalement de la scène « Dark Metal » suédoise à la DAWN, CARDINAL SIN, UNANIMATED et des labels de feu qu'ont pu être No Fashion ou bien encore Black Mark Productions, DARGOR s’insère un peu dans cette continuité intelligible et passionnante qui a dressé tant de toiles sonores de maître.

Et même si ce premier titre fait un peu ombrage sur les autres, nous ne pouvons pas dire que les autres sont à la ramasse. Chacun d’entre eux produit une ambiance singulière et d’une manière générale jamais trop agressive. D’ailleurs la reprise du titre "Crown" de SAMAEL présente sur l’album de 1994 "Ceremony Of Opposites" – bien fichu soit dit en passant – nous ramène à ces riffs tranchés et ce mid-tempo un poil apocalyptique que les Suisses ont toujours bien affectionné. Et les compositions telles que "Bloodthirst" ou bien encore "Decay" nous y font tout de même un peu penser. Tandis que "Awaken" singulièrement très orienté Death Mélo avec quelques parties thrashy se laisse vraiment apprécier, "Hellfire" est beaucoup plus âpre et semble convoler avec le Death Metal pur des 90s. La reprise de SATYRICON, "The Wolfpack" – dont le titre original est présent sur l’album de "The Age Of Nero" (2008) - est aussi bien troussée et se veut sacrément entraînante.

Au final, cet EP est un véritable marchepied pour l’album qui va suivre. Les Polonais démontrent avec "Descent Into Chaos" qu’ils ont des arguments et un savoir-faire mélodique qui attirent l’attention. À l’écoute de cet EP, il ne fait nul doute que DARGOR ne force pas son talent mais le dispense aisément. Lorsque vous écouterez "Ascend To Infinity" (ndlr : l’album de 2022), vous aurez cette confirmation. Leurs compositions certes ne révolutionneront pas le genre mais elles participent à balayer la médiocrité en creusant leurs propres sillons. Pour ma part, en sus d’un artwork bien léché, DARGOR a gagné mon estime et il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour le leur accorder.