Neuf mois après "A Bloodred Path", les Suédois enchainent avec un second album sorti via un nouveau label, Invasion Records, après leur déconvenue avec Spinefarm Records. Changement aussi de line-up avec le départ du batteur Oskar et le bassiste Niklas mais la paire de guitaristes est sauf ainsi que le frontman Mickael Sandorf. Le terreau fertile de GATES OF ISHTAR est donc intact et les Suédois vont bien le confirmer sur cet opus du reste assez différent du premier méfait. Mais "The Dawn Of Flames" va, comme le précédent, souffrir de l’incompétence de son label.

Car d’emblée se pointe déjà un premier hic : la misérable pochette. Dénoncée par le groupe lui-même, qui la trouve plus qu’affreuse (ndlr : et on les comprend !), elle handicape l’ascension des Suédois. Car, GATES OF ISHTAR fabrique du Death Metal Mélodique et une pochette aussi connotée ne livre pas du tout le bon message, le groupe le sait, demande des changements, mais rien ne se passe. De plus, très désireux de promouvoir en live l’album, les Suédois font face au mur de leur label qui n’y connaît pas grand-chose dans l’industrie musicale et n’a aucun carnet d’adresses ni compétences pour soutenir leurs poulains. À l’issue, en interne, les tensions éclatent bien évidemment et notamment sur la direction musicale que le groupe doit prendre. Le line-up se fracture à nouveau…

La production signée Dan Swanö dans la chapelle de l’Unisound Studios - qui compose et joue d’ailleurs les claviers sur l’album - donne une identité différente à ce jeune groupe, du moins par rapport à l’album précédent. Sans doute plus professionnelle, elle propage aussi un son plus conventionnel, bien dans l’air du temps de cette époque où la New Wave Of Swedish Death Metal fait des ravages dans les cœurs des kids. Les compositions de "The Dawn Of Flames" sont aussi plus complexes, de l’aveu même du groupe mais surtout plus agressives et Thrashy et avec des solos très Heavy signés par le guitariste talentueux qu’est Tomas Jutenfäldt. En cela GATES OF ISHTAR se rapproche pas mal du très bel album de EUCHARIST : "Mirrorworlds", mais aussi du "Two Feet Stands" de GARDENIAN sortis tous deux la même année. Et des compositions sortent habilement du lot avec des parties mélodiques bien inspirées qui redent l’écoute très plaisante. Dans le trio de tête, citons "Forever Scarred", "Dawn Of Flames", et ma préférée "Eternal Sin". Les autres titres ne déméritent pas mais n'ont pas ce supplément d’âme qui les rendraient entêtants et marquants dès les premières secondes d’écoute. La technique est là, les bases sont bien construites et le travail besogneux et sérieux que le groupe a produit paye – du moins dans le ressenti global très positif que "The Dawn Of Flames" nous propose. Pour le succès, malheureusement pour eux, c’est autre chose car le compte n’y est pas, et l’on imagine la rage et le désespoir qui a dû s’emparer de cette jeune bande de potes talentueux.

Avec toutes ces mésaventures, GATES OF ISHTAR va se disloquer, la paire de guitaristes émérites Tomas Jutenfäldt/Andreas Johansson va tailler la route comme les deux jeunes recrues Henrik Åberg/Danjel Röhr. Tant de talents gâchés et non-propulsés dignement et à hauteur de leurs efforts cela parait tellement injuste. Seul, Michael Sandorf va continuer d’y croire en tenant la baraque toujours et encore. Avec le retour d'Oskar Karlsson à la batterie, Sandorf va s’adjoindre les faveurs d’un nouveau guitariste et faire feu de tout bois pour sortir moins d’un an plus tard seulement, ce qui sera le dernier album de l’entité GATES OF ISHTAR : "At Dusk And Forever". Et il y a encore à dire sur cette ultime sortie… En attendant, écoutez ce très bel album de Death Mélodique accrocheur et gardez bien en tête une nouvelle fois que dans la série des injustement oubliés, la faute à pas de chance, GATES OF ISHTAR ne fait pas figure d’exception mais de maudit, et quel dommage pour cet album comme pour le précédent.

Note réelle : 3,5/5.