Jamais un album n'aura aussi bien porté son nom. Point de non retour… effectivement après l'écoute du premier morceau "One Thousand Sighs", j'ai senti que c'était trop tard. Comment rester insensible face à une ouverture d'album aussi magistrale ? Magistrale oui, le mot est assumé. Ce break à 3 minutes sur le premier morceau me reste dans la tête bien des heures après son écoute, c'est dire.

Le Stoner des finlandais, qui officient depuis presque quinze ans, est tellement bien équilibré entre riffs lourds et chant envoûtant que je me perds totalement en leur présence, CRANEIUM arrivant à m'extirper de mon quotidien merdique. Rares sont les albums ayant cette intensité, pas en termes de rythme bien sûr, mais en termes d'impact émotionnel. Le Stoner je l'aime avec parcimonie, je l'aime surtout couplé à du riffing plutôt Heavy. Je ne suis pas friand des groupes qui dérivent vers le Rock Psychédélique, mon Stoner à moi doit s'allier au Metal avant tout.

CRANIEUM (et son très beau logo) se veut résolument lourd, mettant une importante sur les guitares, le chant et les ambiances. Et cette basse qui ronronne…quel bonheur. Si vous n'appréciez pas la première piste de l'album, passez votre chemin et vous louperez quelque chose de grand, tant pis pour vous…

"Point Of No Return" comporte six pistes, aux identités bien distinctes. Et même si aucun des cinq morceaux suivants ne peuvent rivaliser avec le bijou qu'est "One Thousand Sighs", CRANIEUM vous fera voyager durant 37 minutes, c'est indéniable. C'est aussi ça la beauté du Stoner, cet aspect presque contemplatif de la musique. Pas de démonstration ou de branlette de manche ici, non, juste des tempi assez lents même si les finlandais haussent parfois le rythme (les très Heavy "The Sun" et "Things Have Changed" ou encore le groove séduisant de "…Of Laughters And Cries" à s'en faire péter la nuque) mais le groupe saura ralentir son propos, toujours au bon moment, comme si le temps s'arrêtait et que nous n'avions plus que ces belles mélodies à la guitare comme seule compagnie.

Car l'évasion est le maître-mot de cet album comme je le disais dans mon introduction. Comment rester insensible à "A Distant Shore" et ses sept minutes d'un Doom Stoner de haute volée avec une guitare bien grasse ? Ce morceau, en plus du sublime "One Thousang Sighs" constituent chacun les pics émotionnels de la galette. Comment ne pas se laisser emporter par le pachydermique final qu'est "Search Eternal" ? Vraiment, la partie musicale est une réussite en tout point, les leads de guitare se mariant parfaitement à la grosse basse. Andreas Kaján qui assure le chant principal est plutôt bon, toujours en retenue. Il est souvent accompagné par son acolyte Martin Ahlö ce qui permet d'apprécier de jolies mélodies vocales si chères au Stoner, le chant faisant partie intégrante du "trip" que l'on est en train de vivre.

Après une dizaine d'écoutes, mon constat est sans appel et n'a pas changé depuis ma plongée dans l'univers de CRANEIUM. Ce Stoner bien Heavy est ce qui me correspond et les émotions partagées sur ce quatrième album des finlandais me touchent particulièrement. Et ces lignes de guitare si délicieuses…décidément, il y a de sacrés prétendants à l'album de l'année de 2024 ! Ne passez pas à côté.

Don't let the stars go out in your eyes…Buried beneath one thousand sighs…