Je vous avais récemment fait l’article pour vous dresser un portrait élogieux du tout nouvel album sorti en toute fin d’année dernière, le très attachant "Of Momentous Endless Night". À présent il est temps de remonter un peu le temps et de divulguer le premier méfait du groupe : "Under A Pale Moon". Si je dois faire taire rapidement les balivernes que je m’imagine écrire, je les terminerai en indiquant seulement que le line-up est constant et associe Likpredikaren (un hurleur bien malfaisant, chantre de l’épouvante) et l’homme-orchestre aux mille projets Alexander Pool (aka Esoterica). Notons que ce dernier réussit admirablement tout ce qu’il touche et compose. Les amateurs connaîtront bien sûr l’ampleur de son champ d’action au sein de HÄXANU, NATTFÅRD, CHAOS MOON ou bien de SECRETS.

Comme à l’accoutumée – peut-on dire – RINGARË nous sert quatre titres symphoniques et espiègles à plus d’un tour. Tempête hivernale ou vent cinglant balayant des paysages nocturnes hantés, "Under A Pale Moon" est une immersion complète dans une rêverie duelle. Apportant de par sa sonorité glaciale et sa production sèche un sentiment perçant d’âpreté, l’album se déplie au fur et à mesure dans une langueur symphonique quasi hypnotique. Alternant entre l’égarement de la pensée vers des cieux paisibles ("Through Forest And Fog"), ou sa domination par des sensations angoissantes ("Sorrow Under Starry Sky"), ce premier album de RINGARË dévoile un groupe très prometteur et empreint d’une certaine forme d’originalité. Même si cet album n’est point parfait - la faute à quelques longueurs éparses - il est une bonne première épouvante qui nous fait apercevoir l’étendue possible du talent de ce duo.

Frimant dans le frimas d’un VINTERRIKET ou d’un VARGRAV, RINGARË s’accouple avec des esprits malsains et se délivre de morceaux entêtants. Les claviers y tiennent la première place et seront ravir les amateurs d’atmosphères endiablées. Le titre d’ouverture et éponyme en est la parfaite manifestation. Tour à tour sublimés par des montées symphoniques maniérées d’ambiances atmosphériques et éthérés, les riffs des guitares semblent se juxtaposer à cette orchestration pour s’en faire la courte échelle et déployer la rêverie. Et cela fonctionne bien voire très bien, tant et tant que les minutes passent sans ennui. Si "Through Forest And Fog" est une piste enchanteresse au sens strict du terme, qui malgré le labeur de cinq dernières minutes me touchent intimement. Un format un peu plus court n’aurait pas été de refus. Un petit mot peut-être aussi pour la très BURZUMienne "In Nocturnal Agony" qui pourrait sonner comme un épilogue vaporeux et évanescent, même si ce titre s’intercale avant le dernier titre. Le ronflement de la ligne de basse et les roulements de la batterie fonctionnent de concert et procurent un vrai sentiment d’être happé dans un vertige ambiant. Piste courte, trop selon moi, moins de quatre minutes, j’en demandais davantage.

RINGARË nous adresse donc un premier album flamboyant à la production perfectible mais aux ambiances marquées et authentiquement prenantes. On se laisse absorber dans cet enfer symphonique et ce dès le titre d’ouverture. Ne vous fiez pas à sa pochette pas assez singulière, RINGARË nous sort un premier album saisissant, et de plus grand intérêt que l’album suivant : "Thrall Of Winter's Majesty". En attendant savourez-le, ou prenez soin de le découvrir, assurément vous ne serez pas déçu.

Note réelle : 3,5/5.