Revenant un peu d’entre les morts, et de manière un peu inespérée, BLAZE ETERNITY rechausse les gants pour sortir vingt ans après leur dernier album "A Certain End Of Everything". Ayant écouté la discographie assez malingre de ces Danois : seuls deux albums forts différents sont à leur actif depuis leurs débuts datant de 1993. Le premier très KATATONIAesque "Times And Unknow Waters" se laisse écouter sans véritablement décoller tandis que le suivant "A World To Drown In" se fourvoie dans la vaguelette Gothico-Metal bien contemporaine de cette époque et m’a plutôt agacé. D’ailleurs les années de silence n’ont pas permis non plus de légendifier le groupe, seule une frange de fans bien convertis surtout danois conservaient le secret espoir d’une reformation.

Et c’est bien le trio originel qui revient aux affaires et disons-le de suite "A Certain End Of Everything" surprend positivement. Le single sorti l’année dernière et avec lequel le groupe a fait quelques dates, ouvre ce nouvel album. "One Thousand Lights" sonne comme un bel hymne de Death/Doom en laissant la rêverie s’emparer des notes qui s’égrènent telles des points de suspension. Le concours atmosphérique du clavier parfait les ambiances mélancoliformes de beaux titres que sont "The Secrets Of White", ou bien encore le somptueux title-track. Le chant granuleux de Peter Mesnickow magnifie l’envoutement progressif qui s’opère, et des chœurs lancinants. BLAZING ETERNITY qualifie son style de musique comme du « Nordic Light Metal », et il est vrai que le crépuscule sied à merveille aux compositions poétiques de ce troisième album. Écoutons la gracilité agile et fragile de "The Ghosts Of Another Broken Life", qui pourrait nous laisser dans le coton de nos pensées en regardant les dernières raies de lumière laisser place à la nuit.

À l’instar d’un SATURNUS atmosphérique, ou d’un YEARNING pacifié, BLAZING ETERNITY répand ses brumes tristes, ses riffs larmoyants et sa richesse ténébreuse. "No Bringer Of Light" est aussi un de ces titres qui n’écartent plus la nuit mais la laisse s’imprégner. Le concours du clavier de Flemming Kaspersen (DELAYSCAPE) est une plus-value fondamentale dans la lecture des ambiances de cet album. Seul "Your Mountains Will Drown Again", avec son côté plus Goth/Rock ne me convainc. Pourtant il est celui qui pourrait le plus se rapprocher des compositions du premier album "Times And Unknow Waters". Mais je fais un peu la fine bouche car même dans sa plus grande accessibilité d’écoute, ce titre envoie quelques langueurs bien senties. Preuve s’il en est, vu de ma lucarne, que BLAZING ETERNITY a maturé avec les années et sait dorénavant piquer au vif les cœurs.

Il est temps que ce groupe s’exporte un peu plus dans nos frêles âmes car il le mérite bien. Et j’ai d’ailleurs été très agréablement surpris de voir que le grand Kim Larsen (OF THE WAND AND THE MOON) - qui a bercé une partie de ma jeunesse avec ses albums de Néofolk tel que "Emptiness, Emptiness, Emptiness" ou "Sonnenheim" - est un ami de longue date, un de leurs musiciens de session et de concert. Alors découvrez cette belle œuvre qu’est "A Certain End Of Everything" et commencez-là par où vous voulez même par la fin tiens ! Écoutez la majestuosité du final de "The Bells"… diantre, diable, mon dieu que c’est beau à pleurer et heureux comme attendre avec le sourire la Mort.