KAWIR est loin d’être méconnu. Ce combo grec n’est pas de prime jeunesse puisque Therthonax unique membre originel y taquine la basse et/ou la guitare depuis 1993. Et ce diable s’est acoquiné avec toute une nouvelle bande de furieux pour ce neuvième album, et notamment - fait saisissant - de Dis Pater. Si cette personne ne vous dit rien qui vaille, je vous renvoie à mes chroniques de MIDNIGHT ODYSSEY (dont j’espère étoffer la discographie). Pas aisé d’imaginer que cet Australien perdu dans le cosmos traîne ses guêtres avec la diablerie grecque.

En effet, KAWIR fait rarement dans la demi-mesure, son Black Metal se veut souvent rapide et brutal, si bien que l’on aurait que peu de mal à s’imaginer des MARDUK, des TSJUDER, des ENDSTILLE ou des FUNERAL MIST comme frères d’armes de nos Grecs. Oui mais pas toujours, car Therthonax (le compositeur de KAWIR), a décidé d’y mettre quelques soupçons d’ambiances de Black Metal Atmo, mais cela reste du saupoudrage. Mais, c’est dans ces fragrances enivrantes que KAWIR me convainc le plus. "Εκατογχειρεσ (Hecatonchires)" justement utilise, entre deux séries de blasts intensifs et destructeurs et des pointes de leads éclatant vers les cieux rageux, de brèves nappes de claviers (merci Dis Pater !) guerroyantes qui font le lit d’une flûte très païenne dans sa sonorité. Ce titre est bien ficelé et se mémorise aisément, preuve s’il en est que sa construction est accrocheuse.

Je ne dirai pas la même chose des autres titres… Et ils sont nombreux. S’il y a bien des moments intéressants - "Η Κηδεια Του Αχιλλεα (Achilles Funeral)", et le chant parlé du ténor invité Ilias Zervas, encadré par les nappes de Dis Pater (encore lui !), et les soli endiablés bien ficelés ; "Εχετλαιοσ (Echetlaeus)" et ses embardées épiques (notamment toujours cette flûte enchanteresse) ; "Πολεμοσ Παντων (War Is The Father Of All)" et son orientation Pagan/Viking Metal prononcée - KAWIR est éreintant. Bien plus que ses autres albums, "Κυδοιμός" est sacrément agressif mais aussi davantage intelligible. La production y fait pour beaucoup bien qu’elle me semble un peu trop survitaminée et gonflée. KAWIR reste furieux, son batteur s’agite à tour de bras tel un métronome inextinguible, et les vocalises vivaces et acerbes de Porphyrion (à ce poste depuis 2008) embarquent bien les riffs dans des traverses infestées de saletés diaboliques. Malgré ses atouts majeurs, KAWIR ne décolle pas fortement ni forcément.

Cinq années séparent cet album du précédent et au vu du changement de line-up récent, il est probable d’imaginer que les qualités des uns embrasseront les compétences des autres sur le prochain opus. Je me suis astreint à réécouter la discographie pour comprendre l’évolution du groupe et saisir plus finement "Κυδοιμός (Kydoimos)". Ce nouvel album est le plus crude et brutal de tous mais aussi le plus abouti, même si "Isotheos" reste mon préféré (notamment avec ses parties à la DAEMONIA NYMPHE – groupe de dark néoclassique grec dont je vous conseille l’écoute). Vous l’aurez compris donc ! KAWIR est une entité qui manie sur cet album un Black Metal vif et intangible. L’arrivée de Dis Pater est une très bonne nouvelle, et j’imagine le champ de possibles qui potentiellement s’ouvre… En attendant si vous avez besoin d’un bon shoot de violence, "Κυδοιμοσ (Kydoimos)" est pour vous.