Si vous êtes supporters du Bayern de Munich, vous devez très certainement grogner face aux résultats un peu plus compliqués que d’habitude de l’ogre bavarois. On n’épiloguera pas sur Harry Kane, vu le nombre de but qu’il a marqué, mais il faut bien admettre que c’est une espèce de chat noir : là où il joue, il n’y a pas de trophées, que ce soit en club ou en équipe nationale. Vous pouvez vous consoler de cette situation avec un autre produit purement Munichois et ce n’est pas de la bière dont je parle. Non ! Les filles de DOLL CIRCUS nous viennent de cette ville et apportent avec un vent de Rock’N’Roll qui fait plaisir à entendre.

Ce premier album, publié en 2021, est un petit condensé de Rock et de Punk, avec ce qu’il faut d’agressivité pour se montrer très plaisant. La formule n’a vraiment rien de révolutionnaire en soi, beaucoup de groupes ont évolué dans un genre similaire avant elles. L’influence de Joan Jett semble assez évidente, elle donne l’impression de transpirer tout du long. Nous pouvons également penser à BOW WOW WOW pour cet aspect Pop Punky. Clairement les références sont plus à chercher dans le domaine du côté du Londres de la fin des années 70 et du début des ’80 que du côté de la scène californienne des années 2000.

Très vite, nous allons pouvoir jauger l’énergie qui se dégage de ce disque. Si le premier titre, sobrement intitulé "Doll Circus" semble à première vue se trainer un peu, le refrain aura tôt fait de remettre les pendules à l’heure. Il se veut en effet très entraînant, dans une certaine tradition Punk, mais il faut attendre le title-track pour que tout s’emballe vraiment. C’est à partir de là que l’album et le groupe vont trouver leur vitesse de croisière, en proposant du riff solide, un chant plus goguenard, des paroles qui vont parler par moment de sexe en usant de sous-entendus salaces. Les soli se font rares et courts, nos jeunes femmes ne prennent pas le temps de s’embarrasser de fioritures.

Aussi, nous sommes face à un disque de Rock sans compromis. Vous savez en posant "Eat This !" sur la platine pour quoi vous avez payé. Il n’y a pas de triche, ce n’est que du Rock’N’Roll et les filles évitent l’écueil de la ballade, exercice qui semble devenir de plus en plus périlleux, l’âge d’or de l’exercice semblant être passé depuis un moment. En revanche, elles nous donnent quelques bonnes décharges d’adrénaline. Ça joue bien, principalement sur des mid tempos qui n’oublient pas d’être furieux. La force de la formation réside clairement dans son approche des refrains, qui sont globalement très réussis. Ils restent facilement en tête et quelques écoutes suffisent pour que l’on ait envie de les fredonner en leur compagnie. Ou sous la douche, au choix, je ne suis pas sectaire.

Si quelques relents Heavy Metal se font sentir par moments, cela reste très minoritaire. Les ambiances ne collent pas franchement au genre. Ici, cela reste tout de même très enjoué, il se dégage une sacrée dose de bonne humeur de l’ensemble et cela fait un bien fou. "Eat This !" est un disque qui ne s’embarrasse pas de sujets déprimants, ou alors ils sont tournés en ridicules à travers un second degré assez dévastateur. Quand nos Allemandes veulent se faire inquiétantes, cela donne un "Masturbator" dont le nom seul suffit à tout désamorcer malgré une approche plus plombée .

On appréciera également les clins d’oeil que les filles glissent ça et là. Aussi, la fin de "Boozarino" sonne de façon très Sabbathienne, avec une guitare subitement plombée qui se décline sur un riff angoissant, tandis que "Frontporch" semble invoquer l’esprit de Mick MARS (bien qu’il ne soit pas encore mort même s’il en a l’air) avec des lignes mélodiques qui ne sont pas sans évoquer les premiers essais de MÖTLEY CRÜE. Le genre de petits détails qui fait toujours plaisir même si globalement ils n’apportent pas grand-chose à l’équation.

En revanche, l’album prend rapidement une tendance à être linéaire. Rien de bien méchant, mais bien que court, il devient prévisible assez rapidement. Nous devinons comment va sonner le refrain, les accroches restent efficaces mais n’ont plus le même mordant et globalement, la sensation de ne plus être surpris s’installe assez rapidement. Sans aller jusqu’à avancer que cela en vient à gâcher l’écoute, il faut toutefois convenir que son efficacité s’étiole petit à petit à mesure que le temps passe. Ce qui reste appréciable malgré tout, c’est l’envie qui se dégage des musiciennes, une envie qui porte l’ensemble tout du long.

"Eat This !" n’est clairement pas l’album du siècle, mais il s’agit d’un travail très honnête, qui ne cherche pas à digresser de son sujet initial. Il apporte avec lui un petit vent de fraîcheur qui fait du bien. Sans parler de disque feel-good (cette fameuse mode littéraire va bien finir par déborder sur tous les médias), il y a tout de même pas mal d’éléments qui mettent de bonne humeur. Parce que c’est bon dans sa durée, il n’y a pas franchement de déchet, parce que c’est purement Rock’N’Roll et que lorsque l’on rentre dans le trip, c’est tout de même sacrément jouissif. Parce que ça ne se prend pas au sérieux et qu’il n’y a aucune démarche intello là-derrière qui nous ferait nous demander au bout d’un moment ce qu’on écoute exactement. Là, la réponse est simple : it’s only Rock’N’Roll.

Note réelle : 3,5/5