Dans l’écurie Shrapnel je demande… Michael Lee FIRKINS.

Grosse touffe de cheveux, regard vide sur les pochettes ou posture hyper concentrée, notre ami ne se distingue de prime abord pas vraiment de ses collègues. On passe sur la sempiternelle VHS (oui ça fait un moment) où il démontre son jeu à base de plans de guitare fulgurants et nous voilà en 1996. Je pose la question : pourquoi en 1996 ( encore plus en 2024) écouter un poulain de l’écurie Shrapnel et pourquoi en particulier Firkins ?

Et bien tout simplement parce qu’il ne cède pas à la facilité de mettre de la saturation partout et que du coup il fait partie des très rares associés à ce label à avoir une vraie identité. Sans rire passez-vous plusieurs artistes de Shrapnel à la suite, je vous mets au défi de reconnaître un mec en particulier. Seul une infime poignée avait (a encore d’ailleurs) une identité spéciale.
Type Shred bien sûr mais aussi Bluegrass et dobro… avec son électrique, son talent explose sur les titres comme "Freeway Lines". Quel morceau d’entame ! Tout est résumé là-dedans. Grosse expressivité, technique sans faille mais gorgée de feeling et style unique. Malheureusement aussi une batterie bien générique et un morceau qui, aussi cool soit-il, s’étire trop en longueur.

Après un enchaînement avec un titre toute vitesse dehors ("Grandma Dynamite"), FIRKINS nous fait apprécier son jeu de vibrato tout en nuance et en expressivité sur "Saturday Night" dont les parties calmes rappellent le premier album ("Rain In The Tunnel"). Comme la pochette le laisse deviner, la musique de notre ami va descendre hors USA pour s’aventurer un peu plus au sud, genre Mexique. C’est "Midnight Surf" qui s'y colle. Bien sûr notre ami malgré un talent et une identité réelle ne peut passer à côté de certaines influences comme Jeff Beck sur le début de "Where Am I" qui par la suite s’éloigne sur des sonorités orientales. La différence à noter est que Beck à partir de "Who Else!" va éclater le carcan et redéfinir les règles. Firkins restant lui assez scolaire.

Moment d’accalmie avec le très beau "San Lucas" qui a une guitare folk en accompagnement tout du long, mais qui s’étire trop en longueur. Calme aussi, "I Witness" évoque SATRIANI mais lui aussi est piégé par sa longueur de trop. Puis arrive le meilleur titre selon moi : "Sanford & Son" : morceau de Quincy Jones à l’origine dédiée à la série TV du même nom ! Et bien là ça groove méchamment et Firkins s’en donne à cœur joie.

En gros, et c’est la maladie de nombreux shredders : immensément compétents en solo, rares sont ceux qui savent écrire de vrais morceaux et non une suite d’accords qui n'est que prétexte à des solos à rallonge ! Pourquoi, Satriani, Malmsteen ou Vai sont aussi réputés à votre avis ? Eux ils savent faire des morceaux puis ils les habillent de supers solos. Les ¾ des autres n’ont que les solos !

L’album se finit tout en douceur avec un piano/dobro Blues fort sympathique "Reprise". En résumé Firkins a une patte unique, ce qui est très rare dans cette mouvance de shredders. Malheureusement la pauvreté des chansons font que son talent ne peut pas éclore suffisamment. Ajoutez à cela une production bien cheap et on a un disque qui est moyen mais qui permet de nous rassurer sur le talent immense du bonhomme. Toujours ça de pris !

Morceaux préférés : "Sanford & Son", "Freeway Lines" et "San Lucas".