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ATMOSPHERIC DOOM/DEATH  |  STUDIO

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2014 1 Doliu
 

- Style : Doom:vs
- Membre : Rapture, We All Die [laughing], Imber Luminis, Impending Triumph, Dropdead Chaos, Bad Wolves, The Mist And The Morning Dew, Crippled Black Phoenix, Wijlen Wij, Sidious, Unfathomable Ruination, Wolvennest
- Style + Membre : Saturnus, Pantheist, Shape Of Despair, Eye Of Solitude
 

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CLOUDS - Doliu (2014)
Par WËN le 18 Avril 2024          Consultée 336 fois

La musique de CLOUDS, à propos de laquelle nous avons malheureusement laissé se faner bien trop d'étés avant d'en aborder dignement la teneur ici, ne tient pas à proprement parler de l'heureuse surprise, malgré la note accolée à cette chronique. Nous tenons là un disque d'une indéniable qualité, certes, mais alors joyeuse, ça, jamais. Et pour cause : officiant dans ce créneau si désespérément misérable du Doom-Metal - apathique qui plus est puisque présentement atmosphérique - et l'embrassant ici dans toute sa froide majesté, cet all-star band qu'est CLOUDS, par ses ambiances bruineuses à souhait, ne se prêtera guère à exercer nos zygomatiques, puisque dans ce contexte si particulier, toute surprise, aussi agréable soit-elle, ne sera fatalement jamais heureuse.

Qui dit all-star band, dit également fastidieuse présentation de rigueur qui, aussi inévitablement que pesamment, va tangiblement venir prendre corps sous la forme de cet interminable présent paragraphe. Un mal nécessaire tant la teneur en faible bpm du projet prend effectivement sens à la découverte du quatuor ici à l'œuvre. C'est tout d'abord au prolifique Daniel Neagoe (EYE OF SOLITUDE, COLOSSUS, entre autres) que nous devons d'avoir su insuffler ce délétère souffle de vie à CLOUDS. Le roumain ne chôme décidément guère à l'entâmes des années 2010 (au bas mot 7 albums et 2 EPs pour ses différents projets en deux années, excusez du peu) et en ‘rom-à-tout-faire’, il occupe ici les postes de batteur et de chanteur, et se charge de l'écriture des morceaux ainsi que d'une large partie des textes. Il s'acoquine pour l'occasion avec cet autre stakhanoviste de Déhà (guitare, basse, mixe et mastering), à l'époque déjà à l'œuvre chez SLOW, MALADIE, IMBER LUMINIS, etc... Et tout frais co-géniteur de WE ALL DIE (LAUGHING). Pour ceux qui se demanderaient, oui, les deux gonzes ont déjà eu l'occasion de se côtoyer puisque collaborant déjà au sein de VAER (depressive Black-Metal) et, surtout, de DEOS (funeral Doom-Metal). Jarno Salomaa (guitariste de SHAPE OF DESPAIR) et Kostas Panagiotou (tête pensante de PANTHEÏST, aux claviers chez WIJLEN WIJ et APHONIC THRENODY, et dans diverses collaborations) viendront enfin compléter cette drame-team et déjà, vous devez doucement commencer à vous douter que l'œuvre qui se dessine derrière ces lourds nuages promet d'être d'une très céleste tristesse. La lecture de la tracklist n'est-elle déjà pas un condensé de morosité ?

Car c'est un fait, de leurs formations respectives, chacun saura évoquer en ce "Doliu" ("deuil", en roumain) une partie de leur propos, une pensée chérie et choyée, pour doucement le conduire, musicalement s'entend, vers une formule certes prestement cernée mais néanmoins non dénuée d'une prodigieuse sensibilité. CLOUDS, c'est cette froide et tant redoutée averse, ô combien réconfortante, qui crèverait d'un noir amas nuageux au moment d'une inéluctable mise en terre. CLOUDS, c'est aussi l'ultime pelletée qui vient inévitablement et abruptement clore tout récit, sans autre issue qu’un accablé recueillement. C'est en tout cas ce que le groupe nous propose en variant ses approches, de ses plus sourds et acharnés moments de labeur Doom/Death-Metal, à ses émois les plus atmosphériques.

Suintants par tous ses pores - même s’ils ne sauraient en aucun cas sonner de la même manière - , les restes décharnées de DEOS et de SLOW (qui à cette époque n’attendait qu’un prétexte pour déployer ses ailes), pour leur propension à labourer leur partition avec abnégation en creusant toujours plus profond au cœur même de leurs riffs (cf. "You Went So Silent", "Heaven Was Blind To My Grief"), se joignent à l’expertise reconnue d’un SHAPE OF DESPAIR au moment de mettre en musique une certaine fatalité face à l’inéluctable. De ce dernier, CLOUDS hérite aussi de cette faculté à recouvrir ses guitares les plus lourdes d’un pudique voile tissé de claviers oppressants et omniprésents qui, en distillant ainsi leurs subtiles complaintes, rehaussent dramatiquement le tout mais sans jamais s'affirmer trop prétentieusement. En cela, le mix abyssal de Déhà leur rend particulièrement grâce, à ces guitares, ajoutant encore un peu de plomb dans l'aile de cette ro(u)mance mortuaire déjà bien amère et peu amène, plaçant CLOUDS parmi ces formations qui savent donner un côté presque 'cosy' aux épreuves qui l'accablent et chez lesquelles on aime à se perdre en leur tortueux méandres. J’ajouterai encore, qu'en tendant davantage votre sensibilité que votre ouïe, vous pourriez également y déceler du DOOM:VS pour cette désespérance engloutie sous ces guitares insondables où ne parviendront à percer que les plus téméraires éclaircies (l'étonnant solo qui vient agrémenter "If These Walls Could Speak", les mélodies vigoureusement lancinantes de "The Deep Vast Emptiness" et de "Heaven Was Blind To My Grief"), voire une pointe d'ANATHEMA (qui aurait su pousser le bouchon un peu plus loin et appréhender plus finement son évolution). En aparté à ces cataclysmiques états d'âmes … le piano, en solo, saura se montrer incroyablement délicat, l’introduction de "A Glimpse Of Sorrow" (par la réelle bouffée d'émotion qu’elle ne manquera de provoquer du haut de ses cinq longues minutes dénuées de chant) se révélant un extraordinaire moment de mélancolie. C’est qu’il sait tirer les larmes, ainsi laissé à lui-même … Et en ce sens, de ses funèbres touches pavées d'un marbre inaltérable, il saura d’entrée marquer les esprits et son territoire (le cimetière de nos émotions) dès ce "You Went So Silent" présenté en introduction du disque, avant de logiquement laisser place à des leads de guitares trainantes.

Enfin, car c’est aussi le propre de cette formule, les différentes approches vocales sont évidemment misent à l'honneur ici, partagées entre joyeuseries gutturales de rigueur - et Neagoe saura vous enterrer de l'intensité de son organe -, et quelques apparitions chantées plus intimes - où le Roumain sait tout autant se montrer à son avantage -, en témoignent les premières minutes de "You Went So Silent", et les dernières de "If These Walls Could Speak" où rarement de simples mots ne surent goutter avec tant de force. A partir de ces constats, le moment me semble opportun pour introduire les guests de cet album, et pas des moindres, puisque Jón Aldará (HAMFERÐ) et Pim Blankenstein (OFFICIUM TRISTE, THE 11TH HOUR) vont savoir accomplir des prodiges sur leur composition attitrée en venant respectivement pousser la chansonnette sur "If These Walls Could Speak" et "A Glimpse Of Sorrow" (pour lesquelles ils signent aussi les paroles). Le résultat de haute volée, caractéristique du talent de chacun (sa théâtralité pour le Féroïen et son grunt d'outre-tombe pour son alter-égo néerlandais), est à écouter prestement tant il n'est pas improbable que ce duo de titres soit à compter parmi les temps forts de l’album. Et croyez-nous qu'il n'en manque pourtant pas !

"Doliu" - et c'est ainsi qu'il conviendra de se souvenir de lui, sitôt son heure écoulée - malgré sa doomitude assurée, à cela de magique qu'il n'a rien d'irrévocable dans ce désespoir qu'il nous inflige, bien au contraire : il s'agirait plutôt d'y discerner une ode pleine d'espérance. Une ode profondément triste et touchante, c'est indéniable, marquante et sans doute éprouvante, mais qui de la dépression - leitmotiv premier de son étymologie - permet de passer étape par étape à une certaine forme d'acceptation face à l'inévitable. CLOUDS n'est en effet pas seulement cette fascinante immensité terne et nuageuses toute nuancée de gris plus profonds les uns que les autres que laisserait présager son patronyme ; CLOUDS c'est aussi une certaine idée du Sublime : ce rai blafard et éblouissant à la fois, qui saura percer la fatalité ambiante pour, le souffle ample, affronter courageusement un horizon de promesses, encore invisible, mais qui ne manquera de se découvrir.

Note réelle : 4,5/5.

::::

Hommage : Lourd sentiment que de boucler une chronique (de Doom) en apprenant quelques jours plus tôt l'AVC dont Daniel Neagoe a été victime, le laissant pour le moment partiellement paralysé du côté gauche (bras et jambe). Nous lui souhaitons le plus prompt et le meilleur rétablissement possible.

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   (2 chroniques)



- Daniel Neagoe (chant, batterie, textes)
- Déhà (guitare, basse)
- Jarno Salomaa (guitare)
- Kostas Panagiotou (claviers)
- Ben Ellis (invité, solo guitare #2)
- Jón Aldará (invité, chant #2)
- Pim Blankenstein (invité, chant #4)


1. You Went So Silent
2. If These Walls Could Speak
3. Heaven Was Blind To My Grief
4. A Glimpse Of Sorrow
5. The Deep Vast Emptiness
6. Even If I Fall



             



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