Au moins ATOMA partage autre chose avec SLUMBER. En plus de s’être formé avec la quasi majorité des membres que comptait SLUMBER, ATOMA a aussi le mérite d’avoir envoyé au tapis la concurrence en déclinant qu’un unique album. Nos Suédois auraient pu dupliquer à l’envie d’autres "Fallout", oui mais voilà quelques remous dans le groupe et la funeste impression que les choses vont tourner en rond ont eu raison du sort de SLUMBER. Sachant la qualité des musiciens, découvrir ce projet était fort bienvenu.

Et disons-le tout de go, ATOMA est un ovni du Post Metal. Leur propre maison de disques a souhaité les genrer « Post Rock apocalyptique », d’autres ont parlé de « Shoegaze Post Metal Rock Ambient cinématique »… S’il me fallait à mon tour définir cette insaisissable entité, j’aimerais vous signaler la grande diversité qu'ATOMA nous envoie dans les oreilles. Il y a autant d’éléments Metal que Prog qu’Electro, ne vous en déplaise. "Skylight" ressemble en effet à s’y méprendre à une bande-son qui draine des paysages sonores délicats aux architectures musicales complexes, progressives et éthérées à la fois. À l’image de cette belle pochette, mais aussi du livret et des titres des chansons, l’univers SF obnubile ATOMA. Nos deux astronautes perdus sur cette pochette paraissent prendre la mesure de ce monde nouveau qui s’offre à eux, tout à la fois captivant et effrayant. Le chant clair et la tessiture de la voix de Ehsan Kalantarpour qui officie aussi aux claviers stratosphériques conduisent ce voyage dans les voûtes spatiales. Des titres comme "Highway", "Hole In The Sky" ou bien encore le titre éponyme sont de véritables conducteurs d’ambiances profondes. Les riffs jouent les accélérateurs et leur poussées mélodiques nous transportent dans ces autres mondes rêvés.

"Resonance" est un titre majestueux et vibrant qui nous met en contact avec des illusions pures. Il s’anime en nous berçant de ses soli planants et puissants ouvrant un large spectre émotionnel. Là où "Solaris" nous fait carrément fantasmer des visions enchanteresses et inconnues. La voix de Ida Sundqvist lentement nous caresse et nous fait entrevoir derrière le voile de nos yeux d’autres couleurs, d’autres images. Si la première partie de l’album semble davantage se mouvoir autour d’un Prog Metal atmosphérique et planant, tour à tour subissant les variations enivrantes d’arrangements Electro, la seconde partie de "Skylight" se décline davantage autour d’éléments plus Post et doux. Comme si les guitares et surtout les claviers quittaient leurs apparats terrestres pour composer des notes stellaires que l’apesanteur ne pourrait plus retenir. Ainsi écloront "Rainmen" et le grandiose "Saturn I". ATOMA réussit un monstre d’album et l’on perçoit que le groupe ne retient rien et se laisse aller à ses plus pures inspirations. Les amateurs de voyage et de lévitation en auront pour leur grade. "Skylight" est indéfinissable mais sa beauté ressort à tout bout de champ et le travail des claviers est admirable et hypnotisant.

À l’intérieur de la jaquette, nous pouvons lire ceci : Goodbye Planet Earth. Et cette phrase n’a rien d’alambiqué tant elle concentre tout l’esprit de cet album. Entre horizons lointains, azurs stellaires et découvertes intergalactiques ATOMA signe une épopée magique. Ce concept album est bien loin de SLUMBER mais en concentre bien évidemment l’énergie et l’originalité intrinsèque. Le groupe nous avait promis une suite mais force est de constater qu’une dizaine d’années plus tard, nos astronautes ne sont jamais revenus de leurs explorations. Mais si l’envie d’évasion se fait sentir et que vous conservez l’espoir d’un nouveau voyage, la grandeur et la majestuosité de "Skylight" est pour vous. Ouvrez votre esprit et accueillez-le dignement !