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MAYAN BLACK METAL  |  STUDIO

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2023 Xibalba
 

- Membre : Blut Aus Nord, Children Of MÄani, The Eye, Eitrin

ERSHETU - Xibalba (2023)
Par STORM le 23 Février 2024          Consultée 1731 fois

C’est vrai que le Black Metal s’épanche aisément bien plus volontiers par l’intermédiaire des épopées nordiques et de l’histoire des cultures du Grand Nord où scintillent les forêts blafardes de neige, bien plus en tout cas concédons-le qu’avec l’exotisme tropical et équatorial. Ce sont aussi quelque part des représentations bien trop ancrées sans doute. Néanmoins lorsqu’il s’agit de s’émanciper, de faire un pas de côté, voilà que ce genre s’accommode tout aussi facilement d’autres cultures antiques ou mystérieuses provenant de n’importe quel méridien pourvu qu’elles soient teintées de mysticisme et de légendes tenaces. Formé en 2019, ERSHETU se monte sous l’impulsion d’un duo français : Sacr et Void. Quand le premier s’occupe de l’intégralité des compositions, le second émancipe le projet en créant le concept et en en écrivant les paroles. Jouant certainement de son aura (il est le boss de Debemur Morti Productions), notre duo originel est rejoint rapidement par l’inarrêtable et vorace Vindsval (BLUT AUS NORD), mais aussi par le prodigieux vocaliste Lars Nedland (BORKNAGAR, SOLEFALD), ainsi que d’un autre Français, Intza Roca à la batterie. L’équipée au complet allait réussir à s’agréger de la plus belle des façons pour former ERSHETU et nous distiller cet album original et mystérieux : "Xibalba".

"Xibalba" nous harangue de six titres très singuliers dont la thématique principale porte sur la civilisation perdue des Mayas. À la manière d’une bande-son, l’album se meut comme autant de chapitres d’un documentaire sonore. De l’aveu mêmes des auteurs Sacr et Void, férus de musiques de film, l’objectif du disque est d'inviter l’auditeur à prendre part à un voyage sonore dans le temps et l’imaginaire, et d’en explorer les fantasmes mais aussi les recoins d’une jungle où de sombres cultes et d’évidents sacrifices ainsi que des rituels traditionnels se produisent. Les Mayas ont encore à l’heure actuelle cette part d’ombre, de mystère et d’énigme qui influe sur les sentiments féroces que l’on se fait sur cette civilisation antique. Inspiré par le Popol Vuh (à ne pas confondre avec l’éminent groupe de Krautrock des 70s), texte sacré des Mayas qui à l’instar de l’Iliade et l’Odyssée grecque ou du Itihāsa indien, conte l’histoire de dieux et de personnages légendaires mais aussi de leur intrication dans la nature du monde et de la Nature elle-même. Le Popol Vuh contient bien des choses fascinantes notamment le partage d’idées avec d’autres cultures éloignées géographiquement et temporellement : les Celtes, les Égyptiens, les Sumériens.

Pour en revenir au Black Metal, annonçons tout de suite que ERSHETU, de par son originalité, construit une nouvelle brèche. L’aspect épique et folklorique transpire à grosses gouttes dans les ambiances qu’un clavier et surtout une flûte apportent et concentrent. Le chant clair, parfois tribal, parfois screamé de Lars Nedland est saisissant et magnifie les métaphores que l’écoute de titres tels que "The Place Of Fright" ou bien encore "From Corn To Dust" produisent. Notons aussi que pour ce dernier titre, un clip signé Dehn Sora existe. Très soigné, à l’image des œuvres artistiques de son géniteur, il rend bien compte de cette aura mystérieuse qui entoure non pas que ce titre mais l’entité ERSHETU en elle-même. Chaque titre établit un contact avec des forces obscures. Les chœurs tribaux, la scansion de Lars noue les deux mondes invisible et visible comme sur les titres "Hollow Earth" et "Tunkuluchu", ingénieux à plus d’un tour et qui force le respect tant il s’embarque à ébruiter des rituels énigmatiques et oppressants.

Il s’agit donc Mesdames Messieurs d’un Black Metal Atmosphérique invariablement original et passionnant. Les guitares restent en arrière-plan et laissent ainsi toutes les autres composantes sonores diffuser leurs brumes. Des brumes épaisses et opaques vont s’emparer de vous, vous enserrer, vous pénétrer pour diffuser dans votre corps des molécules inconnues que des breuvages anciens ont depuis longtemps contaminé. "Xibalba" est une franche réussite, et j’attends avec impatience la suite qui est déjà d’ores et déjà annoncée.

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- Lars Nedland (chant)
- Sacr (guitare, arrangements)
- Void (concept, paroles)
- Vinsval (basse, guitare)
- Intza Roca (batterie, percussion, xylophone)


1. Enter The Palace Of Masks
2. From Corn To Dust
3. The Place Of Fright
4. Cult Of The Snake God
5. Hollow Earth
6. Tunkuluchu



             



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