FAIDRA, cette entité mystérieuse nous avait déjà asséné d’un album tout aussi fantastique que l’est "Militant – Penitent – Triumphant" le tout dernier en date. À la différence que la production est légèrement plus approximative et rêche sur ce premier opus qu’un Black Metal Mélodique austère et mystique vampirise allègrement. Car s’il est tout autant atmosphérique dans sa nature, "Six Voices Inside" manipule tellement efficacement le cerveau par ses mélodies qu’il s’en fait le ravisseur irrésistible. Venant de Suède, nous pourrions délirer sur un probable syndrome de Stockholm et du pacte irrésistible à venir. Peu de choses sont connues de cette entité et j’approuve cette attitude qui laisse peu de place à des biais somme toute superficiels qui ne feraient qu’alimenter une quelconque tentative d’analyse.

Les titres suffisamment longs ont cet ADN commun qu’un BURZUM ne renierait pas. Les échos cavernicoles du clavier donnent ce rendu oppressant en emplissant l’espace de bulles démones et insaisissables. Et cette dimension atmosphérique que le synthétiseur apporte meut les titres comme autant de métamorphoses possibles, laissant place ainsi à un imaginaire interne prégnant en piégeant notre propre introspection. Larvée comme jamais celle-ci se zombifie et répond aux ordres d’instances supérieures que FAIDRA prend bien soin d’acclamer. Cet effet très intéressant prend toute sa place dans des titres comme "The Depths", "Obsequies", ou "Six Voices Inside" le titre éponyme. Si l’on s’attarde sur ce dernier, l’introduction donne cette impression incroyable de pousser les portes des enfers et d’y faire ses premiers pas brûlants et rougeoyants. Des murmures crépitants et inconnus annoncent ce cheminement sans retour possible, et le désespoir des cauchemars à venir. Les riffs accompagnent cette balade initiatique où l’on pourrait se repaitre de visions infernales et incongrues. Les riffs saillants comme des braises hirsutes sont autant d’éléments hypnotiques qui majorent les troubles. Des chœurs angéliques ou lucifériens densifient et étirent cette errance qui parcourt le corps et la pensée sans répit et de manière intense.

Les rythmes sont volontiers mid-tempo et laissent donc une place importante à cet effet « zombifiant » et pulsatile. À l’instar de mantra maléfique, une aura ténébreuse et funeste se répand dans chacun des titres. Par certains aspects je retrouve quelques accointances avec les premiers WOLVES IN THE THRONE ROOM, notamment autour des ambiances dégagées qui semblent peindre des paysages désolés et sauvages en se servant d’une basse bourdonnante, de claviers funestes et d’un grésil de guitares remplis de riffs géniaux. FAIDRA a donc vraiment cette originalité de faire vivre, tel un guide malveillant, une randonnée lugubre aux enfers ou nocturne sous une lune de sang. L’album est accompli et reste prodigieux. Captant la lumière tel un mauvais génie ses quarante et quelques minutes paraissent bien trop courtes ; aucun des titres n’est à laisser de côté et leur enchaînement est savoureux. Laissez-vous donc porter par ces ambiances poisseuses et lugubres, FAIDRA occupera tous vos sens, les parasitera jusqu’à les saturer. Ainsi son devoir sera accompli et vous devrez compter que sur sa seule volonté pour qu’il daigne vous ramener à la surface tout près de là où flotte l’existence et la vie.