Obscur combo espagnol TODOMAL nous livre un champ de ruines mélodiques d’une intensité prégnante. Lent, vacillant ténébreusement mais jamais sirupeux nos Espagnols cultivent sur des terres désolées l’art de la noirceur qu’aucune pluie ni larme ne peut effacer. Captivant et ensorcelant seraient les maîtres-mots du Doom Atmosphérique de "A Greater Good". Captivant car les compositions ne peuvent laisser insensibles tant elles semblent s’être imprégnées d’un jus lascif et corrompu qui les vicie de sombres tourments. Ensorcelant car les tourments semblent s’être bien emparés de l’album pour le décliner sous des aspects mélancoliques et réflexifs.

Deuxième album et deuxième cicatrice ouverte, TODOMAL ne respire pas la joie ni la tristesse non plus, l’ambiance désœuvrée occupe l’espace comme autant d’espoirs affectés ayant pris l’eau et en grande lutte pour se maintenir à la surface. Le chant de Christopher Wildman y fait pour beaucoup, son jeu tourmenté dégage une habilité à faire varier les émotions. La tessiture de sa voix paraît tout à la fois sombre et lumineuse, fragile et affirmée. À l’instar de cette pochette équivoque, TODOMAL est empreint de ce combat instinctuel que jouent les pulsions de vie à toujours affronter l’aura de la Mort. Il y a du MY DYING BRIDE, du KATATONIA dans TODOMAL. Les affluents musicaux de ces groupes suscités convergent vers une même destinée : une eau saumâtre, remplie d’alluvions et de limons qui sont entraînés à la force d’un courant immuable vers un océan tout puissant. Infangibles les cristaux mélodiques de "A Greater Good" constellent l’album et le conduisent vers des pentes vertueuses.

Écoutez la beauté sépulcrale de "Dust And Nothingness", ou de "Infero Tristi" délicates dans leurs éclats musicaux et dans leur rythme quasi sensuel, ou la pièce maîtresse de l’album "Antichrist Of Love" au refrain superbe et dont l’écho perturbe les sens. Vous serez saisis à n’en pas douter par le dernier titre éponyme qui démarre comme une prière aux cieux, aux anges et à leurs ensorcellements. Ce titre montre l’étendue du talent de TODOMAL et sa capacité à s’extirper aussi du Metal pour lorgner vers des éléments du Rock Progressif. La deuxième moitié du titre montre cette ouverture et capitalise l’ambiance à s’ouvrir à davantage de lumières encore. Le rendu est vraiment majestueux, et ce sentiment de majestuosité traverse largement l’album de bout en bout. La variété du chant, les chœurs, l’apport de claviers atmosphériques spatialisent les émotions et les accompagnent à quitter la pesanteur terrestre.

"High Time" est aussi un titre admirable dont l’ouverture me fait penser aux plus belles heures d’un TRISTITIA. Remarquable car il semble conter une histoire morose et épique à la fois, les soli appuyant ce caractère duel et pas si antinomique que cela. Et "High Time" déroule tranquillement, à l’instar de "Silent Mass", des couplets charnels, des émotions en sustentation et des mélodies gracieuses. Et c’est peut-être cela que réussit TODOMAL dans cet album, de collisionner le Doom Atmosphérique avec des fragrances Rock et Gothique dans maints élans de toute beauté. Et les compositions marquent rapidement l’esprit tant elles captivent quasi instantanément. Produit par Greg Chandler de ESOTERIC, "A Greater Good" manifeste autant de puissance que de clarté. Un album dense, palpitant et substantiellement passionnel qui démontre que TODOMAL est un groupe à suivre.