Grâce à NIME, j’ai appris à adorer mes heures au volant !
Notamment dans le cadre professionnel car quand votre supérieure hiérarchique vous convoque pour un entretien à 1h45 de route de votre établissement d’exercice, certains – et ils auraient bien raison – poussent des cris et se plaignent. Mes collaborateurs s’étonnaient au départ de me voir prendre la route avec un large sourire… plus maintenant ! En effet, un petit calcul rapide me permet de me dire que je vais pouvoir m’envoyer deux fois 1h45 minimum de Metal plein les oreilles et parfaire mes modestes idées de contenus de kronique.

Donc lors de mon dernier trajet, quand, histoire de me changer les idées, j’ai suivi les recommandations de l’un de mes dealers de drogue en ligne, je me suis lancé sur ce "Savages" de The DALI THUNDERING CONCEPT !
Sur le papier, un drôle de programme que ce nom. Quelques informations rapidement collectées en ligne et me voilà au volant avec un groupe français (cocorico !) formé en 2010 et il s’agit ici de leur second opus après celui de 2014. TDTC (pour les amateurs) a donc pris son temps pour revenir après une signature chez Apathia Records.

Gros travail pour ce morceau divisé en trois actes, clairement séparé par deux interludes quasi lunaires sur lesquels je reviendrai un peu plus loin. Mais, mais… je me rends compte que j’en ai presque oublié de vous indiquer que TDTC est un groupe de Djent ! (à mon niveau c’est une grande première, first kronique dans ce secteur depuis mon arrivée ici). Oui, je sais Randy Blythe explique que le Djent n’existe pas, ce n’est pas un genre. Il n’a pas vraiment tort dans le sens où ce courant représente davantage un son particulier et une manière de pratiquer son instrument.
Alors, accordons nos guitares bien "basses" et lançons nous dans ce flot de décibels et d’Extrême.
Car l’histoire se corse un peu tout de même : The DALI THUNDERING CONCEPT ne se limite pas au Djent et "Savages" est une œuvre complexe, dense et profonde : vous y croiserez ainsi une forte base de Mathcore, du Djent donc (!), du Metalcore/Deathcore (ce dernier domine à mon sens avec la partie phénoménale de Sylvain au chant guttural aussi bien qu’au chant éructé plus "classique"). Tout cela est globalement bien groovy avec une basse qui claque à merveille ("Utopia") sans pour autant faire l’économie d’un son ultra massif. Les breaks et autres ruptures de riffs sont légion, tantôt Prog à s’en damner ("Ostrich Dynasty"), épileptique comme le veut le cahier des charges ("Ink" au hasard).

S’engage alors un voyage entre "Abundance", "Collapse" et "Anomy", un peu sur le modèle des ères géologiques que nous a proposé le collectif allemand The OCEAN (dont vous savez que je raffole). Il est ici question d’une vision sombre de notre avenir si nous ne prenons pas conscience

C’est donc avec "Ostrich Dynasty" que j’ai littéralement plongé dans l’univers de The DALI THUNDERING CONCEPT : les mordus de Deathcore vont être gâtés (FIT FOR AN AUTOPSY et consorts, suivez mon regard) mais préparez-vous à un break dantesque Prog comme je vous le disais plus tôt. Avec les Parisiens, il ne faut absolument pas penser que vous avez cerné le titre avant sa dernière note ! D’ailleurs, le très bien nommé "There Is No Calm Before The Storm" résume parfaitement ce concept. Tout est dans le titre comme dirait l’autre certes, mais sur le terrain, cela se confirme à chaque morceau.
"The Myth Of Happiness", sombre et puissant, est un hymne, né pour le live ! Sylvain déclame le refrain avec une telle énergie quand le reste du groupe nous balance des couplets à se péter la nuque (headbanging o-bli-ga-toire !) que l’enchainement avec "Blessed With The Boredom", plus calme et posé, est une franche réussite. C’est ici un poil aérien, très technique (on fleurte avec un Death Technique coré).

L’ensemble se révèle malgré ses trois parties plutôt homogènes dans la proposition de ses morceaux. Comprenez ainsi que si je vous ai mis en avance la grande mixité d’influences et de genres musicaux utilisés ici, The DALI THUNDERING CONCEPT sait définir son identité. Et ce n’est pas le final épique "We Build The Past" qui ajoute des chœurs qui viendra contredire bien au contraire cet état de fait : le groupe y place un solo de guitare tellement bienvenu qu’on en redemande au final davantage ailleurs.

Le groupe en profite pour nous proposer des guests : "Utopia" qui accueille au chant le chanteur de KADINJA (Philippe Charny Dewandre) et "Ink" avec Adam Warren de OCEANO (Deathcore américain). Si le premier offre un titre plutôt "aérien", le second vient proposer une participation bien plus sombre et Death avec des growls porcins, ultra graves et abrasifs.

Et comme la routine semble constituer la hantise du groupe, TDTC nous accorde deux interludes absolument lunaires : "Cassandra", titre électro synthwave inattendu diront certains voire incongru quand je vous écrirais hors sujet et raté pour moi malgré un côté moderne et plutôt futuriste. Rien à voir un peu plus loin avec "Demeter" ! Un peu échaudé et sur la défensive, j’ai courbé l’échine et là encore, une gifle surprenante avec ce titre aérien, jazzy, entre FISHBONE et bœuf de zicos ultra techniques avec en guest… une voix féminine douce et suave comme on ne pensait jamais en trouver sur ce bien nommé "Savages". Êtes vous prêts pour cette trompette, jazzman ? Moi j’adore !

Mis en musique par des musiciens hautement talentueux, "Savages" est un L.P dantesque. Techniquement féroce et d’une précision chirurgicale à chaque poste (côté gratteux, c’est vraiment bon), il délivre une palette musicale d’une diversité incroyable tout au long des onze morceaux qui le composent. Vous l’aurez compris, si les genres annoncés sont votre came, cet opus est fait pour vous, vous les mordus de MESHUGGAH, BORN OF OSIRIS, BETRAYING THE MARTYRS et ANIMALS AS LEADERS mais aussi IHSAHN ou Devin TOWNSEND. Si vous êtes ouverts d’esprit, amateurs de gros son et de techniques instrumentales, même chanson.

Impressionnant.

Top : "Ostrich Dynasty", "Blessed With Boredom", "We Build The Past", The Myth Of Happiness".