Selon moi, trois disques de Heavy Metal méritaient sans conteste, en 2023, d’être catapultés sans aucun doute en Sélection de votre site de chroniques favori. Le premier, “Voyage” de TANITH, y a échappé de peu bien qu’il ait été brillamment traité par ce cher Dark Beagle. Le second, "Riders Of The Ancient Storm", album du retour de HEAVY LOAD, n’y a pas été propulsé par Dark Schneider non plus. Tout cela est bien dommage car dans une année pourtant riche en très bons disques dans le genre, UN SEUL album de pur Heavy Metal aura fini en Sélection sur Nightfall In Metal Earth !(*). Le troisième disque qui méritait l’honneur de la rubrique n’est autre que le deuxième longue-durée de BLAZON RITE que je vous présente céans. Car derrière sa splendide pochette au paysage enneigé de Fantasy se cache un brûlot de Heavy Metal guerrier qui, s’il ne peut être pleinement qualifié d’épique, donne sincèrement envie de brandir l’épée et de reprendre en chœur les hymnes qu’il recèle.

Remarqué suite à son beau premier L.P. en 2021, "Endless Halls Of Golden Totem", le quintette américain a eu le bon goût de battre le fer tant qu’il était chaud afin de revenir encore plus tranchant. Car, diable, ce qu’il découpe ce deuxième opus studio ! Pour les amateurs de guitare bien Heavy et de hooks bien sentis, cette galette, c’est un cadeau de Noël à chaque morceau. Ce disque était fait pour finir sous le sapin et non pour se faire une place au cœur d’une chasse aux œufs de Pâques mais bref, j’estime que cet hiver 2024 est plus propice pour lui déclarer ma flamme plutôt qu’au cœur d’un printemps 2023 trop chaud. Écoutez donc l’irrésistible riff de l’opener "Autumn Fear Brings Winter Doom" et dites-moi si les grattes de Pierson Roe et James Kirn ne vous accrochent pas au mur direct ?

Souvent harmonisées, à la mode New Wave Of British Heavy Metal, les deux six-cordes au son délicieusement râpeux attaquent l’auditeur sans relâche, accélérant dès qu’elles le peuvent. Et, soutenues par la basse très présente de Devin Graham, elles offrent une assise de choix au chant très mâle de Johnny Halladay. Sans aucun rapport avec le regretté Jean-Philippe Smet, le vocaliste partage avec notre ex-Johnny national un organe capable d’une profonde gravité. Mais la comparaison s'arrêtera là car Halladay est ce genre de vocaliste qu’on ne voudrait entendre nulle part ailleurs que sur du Heavy Metal guerrier comme celui de BLAZON RITE, tant son timbre et sa façon de poser sa voix sont parfaits pour le genre.

On écoute le bonhomme chanter ses paroles comme on écouterait un troubadour conter les exploits de je ne sais quel seigneur féodal. Et plutôt deux fois qu’une car les tubes s’enchaînent sans coup férir sur "Wild Rites And Ancient Songs". Entre l'épique "Salvage What You Can Of The Night" et "Troubadours Of The Final Quarrel", extrêmement accrocheur avec son refrain immédiatement fédérateur, BLAZON RITE joue aux ménestrels sur "The Fall Of A Once Great House", digne d’une chanson de geste avec ses arpèges de guitare clean et ses passages à peine murmurés, qui font ensuite place à un assaut de notes saturées bienvenues. Un témoignage illustre des progrès réalisés par la formation américaine depuis deux ans et la sortie de son premier effort studio.

La progression du groupe n’est pas uniquement sensible dans la composition des morceaux ou dans l'interprétation des riffs ou des lignes vocales. La qualité des soli de guitare est, elle aussi, supérieure à ce que BLAZON RITE nous offrait sur "Endless Halls Of Golden Totem". Si bien que lorsque le quintette fait preuve d’un petit peu moins d’inspiration, il y a toujours un solo de guitare pour nous rappeler que l’on est ici en présence d’excellents musiciens de Heavy Metal. C'est notamment le cas sur le morceau-titre qui, malgré son côté Speed Metal des premières heures, manque d’accroche. Il peut donc remercier la patte de soliste de Pierson Roe, qui sait nous embarquer à sa façon.

Heureusement, les baisses de régime du combo sont rares sur ce deuxième longue-durée. En même temps, avec 36 minutes au compteur, il ne manquait plus que BLAZON RITE lambine en route… Au contraire, même s’il sait varier les tempi sans problème – ce que démontre sans sourciller le morceau final "The Coming Tide Of Yule" – c'est globalement sur un rythme enlevé que le groupe nous convie à partager ces "rites sauvages et anciens chants" qui, espérons-le, en appellent beaucoup d’autres. Cela tombe bien car c’est comme ça que je l’aime, mon Heavy Trad. Et je suis à peu près certain que vous l’aimez ainsi aussi. J’ai beau avoir mis trop de temps à écrire cette chronique pour la faire paraître en Sélection du Site, croyez-moi : six mois plus tôt, vous y auriez eu droit !

(*)Il s’agit de "Fatal Encounter" d’AIR RAID chroniqué par Gegers.