MEPHORASH est un combo suédois de Black Metal plutôt tourné vers des éléments progressifs et modernes. Un peu orthodoxe me dit-on à ma droite, un peu épico-mélodico-mystico-occulto-ésotérico (malheureusement je n’ai pas entendu la fin !) m’a-t-on dit à ma gauche. Me voilà bien conseillé me dis-je en secret en appuyant sur le bouton lecture de mon DAP (Digital Analog Player). En tout cas les lives du groupe ressemble à des cérémonies de culte, le groupe est entiché d’accoutrements de prêtres, et s’entoure de sigils, en déclinant des invocations rituelles. MEPHORASH conçoit ses albums comme des expériences incantatoires, "Krystl-Ah" est le cinquième d’entre eux, alors laissons aller la musique et signons-nous une dernière fois (dès fois que !).

Être habile de ses instruments, en savoir bien jouer, courir après les mélodies en vain n’est pas gage de réussite pour autant. MEPHORASH en fait ici l’amère expérience, les titres sont disparates et tournent quelque peu en rond bien que techniquement ils soient tous très bien exécutés. Nous n’avons pas affaire à des manchots loin de là mais dans ce style complexe qu’est le Black Metal, il manque en lieu et place du concept, l’essentiel qui fait la plus-value de ce style : l’Ambiance avec un grand A. Et sur cette dimension, le Black Metal plutôt calme, pas foncièrement agressif fait retomber quelque peu à plat l’idée, à mon sens, d’une quelconque ambiance.

"Gnosis" pourrait faire office de mantra tant le quatrain de lyrics tape sur le système à force d’être répété à l’infini. D’autant plus qu’il occupe aussi une partie du début du titre suivant, de quoi s’agacer encore davantage. Le clavier est embarrassant sur nombre de titres, il se contente de suivre la rythmique de la guitare sans apporter l’once atmosphérique qui aurait déverrouillé les titres. Là encore c’est dommage car les titres ont des passages intéressants - je ne parle pas évidement que de celui au milieu de "Soma Yoni", qui semble être une conversation jouissive menée avec doigté. D’ailleurs cette track me fait penser furieusement au final, pour le coup sensationnel, du dernier titre de MARRAS "Chamber Of Penance", sur l’album "Where Light Comes To Die", une sommité en la matière que vous vous devez d’écouter.

Pour revenir à ce "Krystl-Ah", je réhabiliterais le titre "Mephoriam", qui comprend des effets superbes. La voix claire de Mashkelah M'Ralaa notamment puis sa diction infernale que des effets de chœur portent font enfin mouche, et décline ce titre de plus d’un quart d’heure sur un chemin sombre de par ses montées agressives, et lumineux de par ses leads et sa mélodicité. Dans les autres satisfactions de l’album, je pense notamment à "Chrysallís" enivrant au possible, notamment sa seconde partie. Les autres tracks de l’album ne me font malheureusement pas du tout le même effet, et ce malgré plusieurs écoutes attentives.

En attendant un probable futur voyage vers une future illumination, je reste sur ma faim avec ce "Krystl-Ah" que je n’arrive pas à catégoriser dans la tête, mitigé à l’idée qu’il constitue un authentique album de Black Metal. Son univers visuel, son imagerie, son concept volontiers occulte et ritualiste, animent notre combo suédois à garder la ligne cependant. Le chant déchiré ne peut prêter à confusion, mais c’est peut-être plus généralement l’aspect feutré de l’album qui me désarçonne, ou plus encore son accessibilité musicale qui m’irrite quelque peu.