Histoire de prolonger l’expérience du premier album ou de faire patienter jusqu’à un nouveau LP, ENVY OF NONE revient avec un court EP, "That Was Then", qui reprend la charte graphique qu’on avait pu voir pour "Envy Of None" (et pour différencier l'album de la formation, nous allons abréger cette dernière par EON). Le groupe, mené par Alex Lifeson (ex RUSH), nous propose ici trois nouveaux morceaux ainsi que deux remixes. Ce n’est pas grand-chose, mais il faut savoir se contenter de peu parfois.

Ceux qui ont apprécié le premier opus et son côté GARBAGE assumé ne seront donc pas dépaysés. Nous retrouvons les mêmes ambiances éthérées, où la guitare de Lifeson est bien présente, mais souvent lointaine ou amenée à petite dose, un soupçon d’agressivité dans un univers de douceur grise. Les orphelins de RUSH ne retrouveront donc pas de riffs qui leur rappelleront les grandes années du combo Canadien, mais Lifeson brouille suffisamment les pistes pour que nous soyons intrigués devant EON.

Les trois morceaux inédits ressemblent clairement à des chutes de studio de l’album tant ils possèdent les mêmes marqueurs. Un Electro Rock qui joue sur un climax émotionnel et évaporé pour faire gentiment planer l’auditeur. Et d’ailleurs, tous ne sont pas si inédits que cela puisque "You’ll Be Sorry" figurait déjà en face B du single "Enemy". Bref, ça sent malgré tout un peu les fonds de tiroirs et on ne sait au final pas trop sur quel pied danser tant cela donne l'impression que l'on bat le fer tant que celui-ci est chaud.

Bien entendu, on aime ou l’on n’aime pas la voix de la délicieuse Maiah Wynne, légère mais qui évoque un vent froid d’indifférence comme si elle lisait une notice de médicament (en même temps, vu le nom du groupe, c’est un peu le concept), ce n’est pas là que vient se faire la différence. Elle nait de la variété que peu proposer le groupe, mais là sous sommes dans des sonorités un peu trop proches des unes des autres, il n’y a rien qui vient vraiment s’illustrer, si ce n’est "Lethe River", qui a l’énorme chance d’ouvrir les hostilités.

Les remixes… n’apportent pas grand-chose de plus. Celui de "Dog’s Life", l’un des meilleurs morceaux de "Envy Of None", est même plutôt calamiteux dans son genre, en perdant ce feeling qui lui était propre. On appréciera au moins l’humour dont le groupe fait preuve concernant "Dumb (Der Dummkopf Remix)", même si là encore il n’y a rien de vraiment palpitant à en tirer. Là encore, il y aurait certainement eu de meilleures options, peut-être plus évidentes (genre, avec un mur de gratte de Lifeson ?), ou moins (a capella, mais dans le genre, ce serait compliqué de le rendre passionnant).

Et au final, nous restons sur notre faim. L’EP ne joue que sur les individualités des titres, ensemble ils fonctionnent un peu moins bien. Cinq morceaux, une vingtaine de minutes et l’impression malgré tout d’avoir un peu perdu son temps à leur écoute. Et c’est bien dommage parce que le potentiel de la formation est énorme, mais que ce format ne semble pas franchement leur convenir, qu’il leur faut le temps d’un LP pour pouvoir tisser une mosaïque plus harmonieuse et surtout, plus variée. Une petite déception donc…

Note réelle : 1,5/5.