SVALBARD est le nom de cet archipel norvégien à l’extrême Nord du pays, ultime étape septentrionale vers le cercle polaire. Balayé par les tempêtes glaciales, l’île principale de Spitzberg ne compte qu’un peu plus de 2000 âmes qui composent avec un climat arctique rude, le soleil de minuit et la nuit polaire. Néanmoins notre chronique musicale ne sera pas un reportage géographique mais bel et bien l’expression de ce groupe qui nous vient de… Bristol en Angleterre et qui nous délivre après plus de dix ans d’existence son quatrième album teinté d’un Post-Hardcore Mélodique proéminent très souvent du plus bel effet.

Continuant sa progression mélodique, le groupe emmené par la suprême Serena Cherry qui officie à la guitare rythmique et au chant hurlé, partage ses talents avec Liam Phelan qui occupe peu ou prou les mêmes postes, doublant les lignes vocales d’hurlements plus criards encore. Après un dernier album, qui a propulsé le groupe sur les plus grands festivals de la scène Metal, SVALBARD augurent des lignes musicales plus adoucies sur ce "The Weight Of The Mask". Le groupe en devient plus accessible, il pourrait courir et faire les yeux doux, à l’avenir, à des velléités d’ambiance plus mainstream (ce que je n’espère pas !).

Serena Cherry respire une certaine forme de fragilité derrière son air mutin et débonnaire. D’ailleurs, le titre pourrait nous aiguiller vers cette piste, mais balivernes, ne faisons pas de la psychanalyse de comptoir. Car justement sur le comptoir on pourrait s’abreuver massivement tout en se délectant de ce dernier opus. Foncièrement accrocheur et parfaitement dosé entre brutalité et douceur, SVALBARD sait cajoler son auditeur d’une certaine forme de sensiblerie et de mélancolie. La track "Lights Out" pourrait être le parfait exemple de ce que je projette dans le groupe : des ambiances hétérogènes aux accents mineurs et majeurs, avec l’arrivée propulsée d’un chant clair, de plus en plus présent, que Serena nous dévoile avec délicatesse dans ses multiples fragrances.

L’album transcende la violence des derniers albums et rend lumineux leurs précédents messages, SVALBARD est engagé avec les réflexions contemporaines du contexte sociétal de nos sociétés occidentales : la souffrance, l’indifférence de la différence, la discrimination, la folie, la dépression, le rejet… Connecté aux erreurs du monde et aux conséquences SVALBARD conte dans ces neuf titres, et avec la puissance d’un Hardcore Mélodique et Atmosphérique bien racé, joueur et surtout entraînant, toutes les graines de son génie. Car oui, SVALBARD envoie bien la sauce et est novateur, n’en déplaise aux critiques acerbes. Serena a toujours été amatrice de Black Metal et de Death Mélodique mais aussi de Post-Rock Shoegazé (elle cite les illustres japonais MONO dans une récente interview), ses influences sont donc totalement transcendées et sublimées dans son groupe.

Signé chez Nuclear Blast, le groupe nous sort un album richement enregistré et à la production impeccable, l’arrivée du bassiste en 2021, densifie la ligne rythmique. Le trio originel reste impérial au niveau de leurs instruments respectifs. Même si l’album semble quelque peu linéaire, les titres sont tous identifiables et différents. Complexe et technique, l’entité SVALBARD nous prouve avec ce "The Weight Of The Mask", qu’elle constitue non pas une curiosité mais bien un fer de la lance d’une nouvelle scène Post-Black-Hardcore Mélodique et Atmosphérique (rien que cela !). Un travail bien fourni qui mérite une écoute attentive, et une superbe cover une nouvelle fois !

Note réelle : 3,5/5.