Je le dis, je le redis et je le redirais, avoir un artwork que l'on remarque est une plus-value non négligeable. Si j'avais été face à quelque chose de quelconque/bancal, je ne me serais sûrement pas arrêté sur MORDARI. Cet artwork magnifique m'ayant tapé dans l'œil, je me penche un peu plus sur le projet. Il s'agit d'un one-man band avec le Suédois Emil Ljungkrantz à sa tête, le bougre gère absolument tous les instruments et les parties vocales.

D'entrée de jeu, MORDARI nous met une mandale avec "The Descendant", véritable brûlot Melodeath pouvant rappeler aisément ARCH ENEMY. Vocalement, Emil est en effet très proche d'Angela Gossow. La prod est massive, les guitares sont lourdes et sonnent divinement bien sur les leads. La batterie est quant à elle un peu sèche et la basse quasi inexistante mais cela ne m'a pas dérangé.

En terme de styles proposés c'est là que ça se complique. Metal Archives évoque un Death/Black Mélodique mais en toute honnêteté c'est beaucoup plus. Si une bonne partie de l'album se veut résolument Melodeath (le gars est suédois je vous rappelle), on a quand même deux voire trois titres qui tendent vers une toute autre direction. En effet, à partir de la troisième piste, "The Memories I Hide", MORDARI ralentit drastiquement le tempo pour nous claquer un titre aux allures gothiques où le chant clair fait sa première apparition. Emil dispose d'une voix très grave, ce qui renforce le côté envoûtant de la piste. Ce changement de cap si tôt dans l'album m'a perturbé lors de ma première écoute. Mais c'était sans compter sur la piste suivante, "Something In My Eyes", qui en plus de lorgner vers le Gothique a un côté New Wave avec ses accords majeurs saturés très surprenants. J'ai l'impression d'entendre un mash-up entre du MANSON période "Eat Me, Drink Me" et PARADISE LOST avec en prime un solo de gratte totalement barré qui n'aurait pas fait tâche chez les QUEENS OF THE STONE AGE. Vous imaginez le mélange ? Non ? C'est normal.

Comme dit plus haut, l'album quand même majoritairement Melodeath et c'est ce sujet qu'Emil maîtrise le mieux. "Nightmares" et sa rythmique pachydermique fait mouche même si le refrain aurait mérité un meilleur traitement. Idem pour "Lies Echo Loudest" qui est un peu foirée par des soli peu inspirés. Dommage car le titre est franchement bon. "You Better Hide" rappellera "Let It Burn" d'un certain autre groupe suédois (AVATAR) tellement la ressemblance est saisissante. Ce riffing si particulier aurait pu être pondu sans aucun doute par la bande à Johannes Eckerström. MORDARI montre encore une fois avec ce morceau tout son savoir-faire pour signer des titres efficaces et très ambiancés grâce notamment à des leads de gratte délicieuses.

Étonnamment, et ce n'est pas si courant dans le Melodeath, MORDARI s'essaie au titre-tiroir avec "Make Way For Silence", longue pièce de neuf minutes où on peut se délecter de riffs de… Groove Metal (si si !). Malheureusement, rien de spécifique n'en ressort, les riffs donnant l'impression d'avoir été emboîtés à la hâte, ce qui rend la piste peu cohérente. C'est vraiment dommage de terminer sur cette fausse note mais bon.

Vous l'aurez compris, MORDARI signe ici un album hétérogène et très surprenant. Je m'attendais à un album classique de Melodeath, les deux premières pistes donnant le ton mais finalement Emil nous prend à contre-pied en variant les tempi, les ambiances et les styles en se baladant dans les univers du Goth et de la New Wave même si ce sont deux styles que je n'affectionne pas particulièrement. Cela n'empêche pas à "Nightmares" d'être un album fort agréable à l'écoute et je n'y manquerais pas d'y retourner de temps en temps.

Note réelle : 3,5/5 pour la fraîcheur et l'originalité de l'œuvre.