Et voici donc HARLOTT qui débarque ce jour sur Nightfall In Metal Earth. Enfin ! Depuis des années que je souhaitais vous en parler. HARLOTT est un groupe de Thrash australien formé en 2006 et originaire de Melbourne (la capitale du Thrash ! Ça vous parle DESECRATOR ?), encore assez méconnu je pense, mais qui à l’heure où j’écris ces lignes a quand même déjà sorti quatre disques de Thrash pur jus dont le petit dernier en 2020 avec "Detritus Of A Final Age". Mais revenons en à "Proliferation" second opus des Australiens et sorti en 2015 à la veille d’une tournée européenne où HARLOTT s’est vu quand même partager l’affiche avec la vieille connaissance canadienne qu’est ANNIHILATOR. Et puisque nous en sommes à l’entrée de cette chronique, tuons le suspense de suite : "Proliferation" est une véritable déflagration métallique en plus d’un album qui respire de toute évidence et par tous les pores la colère et l’agressivité, un peu plus que sur son prédécesseur c’est un fait.

La musique de HARLOTT possède en tous les cas l’ensemble des ingrédients pour réellement me séduire. Un Thrash Metal puissant et direct comme je l’aime, bien rentre-dedans et sans concession mais paradoxalement très accessible. Ce Thrash Metal est donc mené tambour battant, transcendé non seulement par le chant rageur parfois hurleur d’Andrew Hudson (cf. "Legion"), parfois écorché ("Legion" encore) qui sans en faire des caisses impressionne d’emblée par les phrasés qu’il emploie et les paroles débitées à grande vitesse (un peu à la Tom Araya si vous voyez ce que je veux dire, cf. "Bloodlust").

Mais aussi par des compositions des plus solides (et bien ficelées qui plus est cf. "Means To An End") étant donc et en grande majorité très rapides, agrémentées de rythmiques lourdes et implacables ("Systematic Reduction" dont l’ingénieuse intro tire un poil vers une rythmique de Death Metal, ou bien encore ce furieux "Hellbent" qui marque aussi les esprits par son intro un tantinet SLAYER-ienne), mettant en évidence un batteur, Tim Joyce, pour le moins furieux, efficace et adepte de la double pédale ("Denature", "Lord Of War" un poil convenu cela dit, ou encore ce "Cross Contamination" qui passe pour le coup la surmultipliée) ne laissant au final que très peu de répit à nos chastes oreilles (hormis sur l’introduction de "Proliferation" qui ouvre les hostilités, ou cette introduction du type 'le calme avant la tempête' et ce passage plus sombre et bien amené sur le monstrueux "The Fading Light" morceau sur lequel Andrew Hudson adopte même sur un bref passage un chant plus orienté Black Metal).

Bien évidemment, les titres possèdent en grande majorité pas mal de variations / de breaks ("Legion", "Means To An End") ce qui n’est pas pour me déplaire bien au contraire. Cela ajoute un tant soit peu de variété et les compositions peuvent un peu respirer et ce n’est vraiment pas un mal. Pour exemple le break de "Civil Unrest" est pour le moins redoutable et laisse place aussi à un déluge de notes avec un solo guitare pas piqué des hannetons, pour le moins frénétique mais doté de cette pointe mélodieuse indispensable dans ce genre de registre Metal. D’ailleurs, sur le disque, la paire de guitaristes s’en sort globalement avec les honneurs niveau soli et elle ajoute toujours à bon escient et quand il le faut cette légère touche mélodique salvatrice.

Les compositions en béton armé mettent aussi en avant une pléiade de riffs relativement abrasifs et brise-nuque à l’image de ce décapant "Hellbent" ou bien de ce "Denature" où le groupe semble constamment à la relance. La vitesse d’exécution y est assez impressionnante il faut le souligner. Personnellement j’aime beaucoup. Le son est rond, cossu et puissant, avec de l’épaisseur, un peu à l’instar du groupe, australien lui aussi, 4ARM (sur "Submission For Liberty" - 2012 - pétard allez écouter cet album !) - formation dont HARLOTT se rapproche parfois sensiblement, spécifiquement sur des morceaux tel que "Restless" (quel son de basse mis en avant ici !) ou bien encore tel que "Systematic Reduction" et ce au niveau du son des grattes notamment. Un son brut et rugueux, un peu sale mais pas trop, juste ce qu’il faut !

Bref, "Proliferation" vous l’aurez compris réunit ici un ensemble d’ingrédients, redoutables et indispensables au Thrash Metal en général, qui renforcent indubitablement la force de frappe du groupe qui n’est de toute évidence pas là pour rigoler. Ça joue réellement vite et bien. À titre de comparaison, HARLOTT me fait penser à EXODUS pour la fougue et l’énergie qu’il dégage, et à un mix de SLAYER et de KREATOR pour le style et la vitesse d’exécution ("Civil Unrest" très KREATOR-ien dans l'âme pour le coup avec ce refrain repris à tue-tête est d’ailleurs un des points culminants du disque), aidé il faut bien le dire par un frontman Andrew Hudson des plus actifs et efficaces se situant donc vocalement entre un Mille Petrozza et un Tom Araya (déjà vu plus haut, mais écoutez-le sur "Legion" lorsqu’il lâche ce cri presque SLAYER-ien).

"Proliferation" est de mon point de vue un très bon petit album de Thrash Metal, certes ça ne réinvente pas la roue, mais pour celles et ceux qui vibrent à l’écoute de groupes tels SLAYER, KREATOR, voire 4ARM et TESTAMENT, et bien je ne saurais trop vous conseiller d’écouter ce disque d’à peine 45 minutes qui lâche véritablement de belles et puissantes banderilles, lesquelles ont de quoi vous faire sérieusement headbanguer.

Mesdames, Messieurs, laissez-vous tenter !

3,5/5 arrondi à un encourageant 4/5 pour l'énergie dégagée, la puissance et vitesse d'exécution déployées.

Morceaux préférés : "Proliferation", "Denature", "Civil Unrest", "Legion".