J’aurais voulu éviter d’entrer dans des clichés vus et revus, et pas forcément avérés sur tel trait prétendument amélioratif ou dépréciatif que se traînent des nations au regard de leur passif historique ou industriel. Toutefois, force est de constater que je vais me complaire aisément dans une certaine facilité en affirmant que les Allemands d’ORPHALIS ne dérogent pas à l’image carrée, consciencieuse, voire austère dans le travail qu’ils renvoient, une nouvelle fois, sur leur dernier opus.

En effet, du haut de son quatrième album studio, le quintet Dortmundois fait preuve d’une maîtrise manifeste de son art, dans l’exécution d’un Death Technique aux caractéristiques régaliennes qui offrent ce que l’on en attend d’elles, ni plus, ni moins. Parcourons ensemble le cahier des charges : un skeud pile entre quarante et quarante-cinq minutes, une grosse dizaine de morceaux oscillant entre trois et quatre tours de cadrans chacun*, du gros riffing majoritairement en tremolo, une alternance de chant entre le growl principal de Thomas Szczecina et le high scream en backing vocals assuré par le guitariste Jens Dürholt, des solis sweepés aux deux-tiers des titres, des breaks réduits à peau de chagrin pour la forme, une batterie couvrante mais ne damant pas le pion, et une production huilée mais pas artificielle. La définition du classique dans la musique extrême (même si cela sonne antonymique).
Si, je sais, ça aurait pu être encore plus stéréotypé si c’était le bassiste qui avait assuré les backings. En parlant de basse, ledit Thomas Köhler n’est pas en reste avec quelques lignes chiadées et dispensées habilement tout du long de l’album comme ponts, ne laissant que peu (voire pas) de répit entre les éléments structurants les titres. "As The Ashes Settle" est pour ainsi dire monolithique et intraitable.

*La seule exception à la règle étant "Moon Supremacy", un interlude de moins d’une minute pour le moins cocasse -si l’on en juge la rigidité de l’ensemble- qui semble tout droit tiré d’une partie de Starcraft en Terran avec son air de clavier caractéristique, et qui introduit en toute beauté "From Shadow Arisen", où la brutalité reprend de plus belle avec un souffle nouveau.

En termes d’influences, nous pouvons identifier sans prendre de risque GOROD, indéfectible référence de beaucoup d’artistes du genre, avec cependant une approche plus traditionaliste et par voie de conséquence, moins sophistiquée. Dès que les Allemands semblent dériver vers des passages plus dansants ou excentriques à l’instar de "Watch Them Descend" -toutes proportions gardées-, le naturel revient au galop et les structures reprennent le droit chemin d’un Death routinier mais toujours bien senti.

La régularité et l’homogénéité de l’album en font ainsi à la fois sa force et son tendon d'Achille. Il manque un hymne s’élevant nettement au-dessus du reste pour propulser ORPHALIS vers la reconnaissance et la renommée qu’ils méritent par leur travail et le sérieux investis depuis leur grosse dizaine d’années d’existence. Il serait tout de même frustrant que l'engagement sans faille du groupe aboutisse fatalement à un train-train d’écoute d’un auditoire s’accoutumant à des sonorités familières au gré des pistes se succédant…!

Note réelle : Un solide 4 sans virgule ni rien, une note entière, pour un album entier et intègre. PUNKT !

Morceaux préférés : "Ritual of Conflagration", "An Effigy to Humanity", et le combo "Moon Supremacy"+"From Shadow Arisen".

Point pochette : La pluie de cendres, c’est un peu les pluies acides de 2050, non ?