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2023 A Feast On Sorrow
 

- Style : Gojira, Mastodon, Opeth

URNE - A Feast On Sorrow (2023)
Par KOL le 9 Septembre 2023          Consultée 1568 fois

Chroniquer sur NIME revient un peu à se constituer une vie cachée de chasseur de primes. La première étape consiste à dénicher les bons chevaux, ceux sur lesquels ne sont pas encore précipités mes estimés collègues. Au vu du nombre de sorties (de prison) chaque semaine, l’affaire s’avère plus que gérable. Il convient alors de choisir la plus juteuse possible, celle qui fera parler ou rire, celle à laquelle on souhaite s’attacher, se liant ainsi avec le reste de la discographie pour l’éternité, ainsi est notre engagement quasi-monacal. Tel Colt Seavers, me voici donc avec le second méfait d’URNE sur les bras, "A Feast On Sorrow", qu’il me sera bien difficile de qualifier proprement, tant le disque semble ne rentrer dans aucune case précise.

Imaginez un supergroupe – c’est la mode – réunissant des membres de GOJIRA, MASTODON, CULT OF LUNA et OPETH, et vous aurez une petite idée de la mixture délivrée par les jeunes Britanniques, qui reviennent seulement deux ans après leur premier LP, "Serpent & Spirit", passé sous les radars pourtant boostés par ChatGPT (ou autres félidés) de la rédaction. Si la dimension progressive de l’opus est incontestable, il serait fort dommage de le réduire à son plus simple dénominateur, tant la musique proposée par le combo possède d’aspérités, ici Death, là Stoner, parfois Sludge. Cette richesse en matière d’influences ne dérange jamais, les différentes facettes se complémentant élégamment pour créer une identité bien sincère.

D’ailleurs, Joe Duplantier (GOJIRA) ne s’y est pas trompé, tant il a fait des pieds et des mains pour produire cet album, URNE l’ayant enregistré aux studios Silver Cord de l’aîné de la fratrie, à Brooklyn. Après KLONE, c’est un nouveau poulain ajouté à l’escarcelle des Landais, et il est de taille. Le son est franchement bon, à la fois massif et précis, validant par la même le travail de Joe derrière la console, dans la lignée des deux derniers GOJIRA, également home-made. Et comme les Anglais savent prendre leur temps sur les chansons (huit pistes pour cinquante minutes au compteur), cela permet également de poser ses ambiances, à la fois pesantes et chargées en émotions, à l’instar du travail effectué sur "Magma".

Car "A Feast On Sorrow" a été écrit par Joe Nally, bassiste et frontman de la formation, dans un contexte personnel pesant, deux de ses proches étant atteint de maladie dégénérescente. La tristesse et la colère se partagent donc le gros du gâteau, et, ma foi, le mélange fonctionne d’ordinaire très bien, comme peuvent en témoigner PARKWAY DRIVE ("Reverence") ou ARCHITECTS ("Holy Hell") dans un style évidemment bien différent. Ce qui marque également, c’est la versatilité de cette voix, s’aventurant aussi bien en clair qu’en growl, usant parfois même de teinte Hardcore. Là aussi, cela besogne du feu de dieu, même si j’émettrais un léger bémol quant au manque de profondeur, de "caisse", du chant de Nally.

Les amateurs de musique sophistiquée, technique et recherchée devraient se régaler, d’autant que la galette gagne en épaisseur et consistance écoute après écoute, lui procurant une belle durée de vie à qui voudra bien s’en donner la peine. Le trio constituant URNE écrit des titres complexes, mais paradoxalement accessibles au commun des mortels. En effet, pas besoin d’être un "die-hard" fan du genre pour prendre un certain pied à se laisser porter au gré des assauts des hautes vagues figurant sur l’artwork classieux, partie émergée d'un indéniable talent enfoui sous les eaux.

Si le jeu de guitare d’Angus Neyra est assez simple, il n’en reste pas moins inattaquable de pesanteur, complémentant des riffs que Papa Het’ (METALLICA) n’aurait pas renié ("To Die Twice", "The Long Goodbye/Where Do The Memories Go") avec des parties leads plus aériennes (petit hommage au regretté Gary Moore sur "The Long Goodbye…" au passage). Pour sa part, influence Duplantier ou pas, je suis assez bluffé par le travail de James Cook derrière les fûts. Tentaculaire tel Mario ou Brann Dailor (MASTODON), le batteur rythme les ébats à sa main, sans jamais chercher l’exercice de démonstration futile, privilégiant la variété et l’efficacité de ses frappes. Chapeau, l’artiste !

"A Feast On Sorrow" est une belle découverte et sortie de l’été 2023. Il ne lui manque qu’une petite touche de magie, d’âme supplémentaire, ce qui peut paraître étonnant quand on connaît les conditions dans lequel le disque a été écrit. Cette réserve provient à mon sens du chant de Nally, qui peine quelque peu à se mettre au diapason des émotions transmises par les instruments et la construction des chansons. Dans quelle mesure parviendra-t-il à progresser sur cet aspect à l’avenir, c’est une véritable question. Ce qui ne constitue aucunement une raison de bouder "A Feast On Sorrow" sera en revanche probablement le prix à payer pour partir à la conquête des étoiles.

Note réelle : un vrai 3,5/5.

C’est ainsi avec le sentiment du devoir accompli que je pars retrouver Jody et Howie au Cook County Jail, pour de nouvelles aventures. En avant, vers l’infini et au-delà !

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   KOL

 
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- Angus Neyra (guitare)
- Joe Nally (chant, basse)
- James Cook (batterie)


1. The Flood Came Rushing In
2. To Die Twice
3. A Stumble Of Words
4. The Burden
5. Becoming The Ocean
6. A Feast On Sorrow
7. Peace
8. The Long Goodbye / Where Do We Go When We Die?



             



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