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METAL ATMOSPHÉRIQUE  |  SINGLE

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DISILLUSION - Between (2020)
Par FREDIAN le 13 Octobre 2023          Consultée 1063 fois

Between

"The Liberation" consacrait le retour aux affaires de DISILLUSION. Le succès critique de l'album et la série de concerts, tout aussi réussis, qu'il engendra à travers l'Europe a renvoyé Andy Schmidt et sa bande à sa conception. Soit le concours financier de fans via une campagne Patreon. Pour les remercier, le groupe offre à ses patrons le titre bonus "Between" (au format numérique) qu'Andy avait décrit ainsi : "un hymne à l'honnêteté et à l'espoir face à l'incertitude, à un monde d'anxiété, de changements et de nouveaux départs". "Nous voulons partager un sentiment de confiance, la notion d'une lueur d'espoir dans les nuages sombres que nous voyons". Une allégorie de l'engagement (voire du dévouement) réciproque vis-à-vis de leurs fans.

Finalement, les bons retours ont convaincu le groupe de rendre "Between" accessible à un plus grand nombre. Le voici donc au format single 7" classique (limité tout de même à cinq cent exemplaires). Une manière de raccourcir l'attente du quatrième album du groupe, déjà en cours de préparation. La face B contient la version video edit de "Time To Let Go" (issu de "The Liberation").

"Between" est un morceau atmosphérique avec des lignes de chant originales qui évoque de suite ANATHEMA mais comme toujours les Allemands savent y apposer leur patte. Un joli titre qui joue à nouveau sur le clair-obscur, la langueur et l'énergie, le calme et la tempête (relative, plus thématique que musicale). Quant à la version edit de "Time To Let Go", la réduction de la partie growlée et la suppression de l'accalmie qui s'ensuit rend le titre encore plus répétitif.

Ce 45 Tours est un bel objet (la pochette est une jolie déclinaison de celle de "The Liberation") exclusif (pas de version CD) que je réserve néanmoins aux "complétionnistes" au vu de son prix élevé (10€ chez Prophecy leur label, 12€ sur le webstore du groupe, auxquels il vous faudra rajouter environ 10€ de frais de port, n'espérez pas le trouver ailleurs qu'en ligne au vu de sa série limitée).

Du coup, je suis embarrassé pour noter. L'idée de base est noble. Mais le ratio contenu/qualité/prix pâtit de ce dernier critère. On bascule de l'intéressant à l'anecdotique. 2 étoiles (1 seule sans le contexte).


Beyond

Cela m'amène à une réflexion plus globale sur ce que devient notre "industrie" du Metal (extrapolable aux autres genres) en cette troisième décennie du XXIème siècle. Le numérique a gagné. L'écoute via streaming en ligne domine. Et comme prévu par les spécialistes, HADOPI a perdu puisque si le téléchargement illégal a reculé, (presque) tout est écoutable (et téléchargeable) "gratuitement" sur e.g. YouTube désormais. La première conséquence c'est le démantèlement physique et métaphysique du concept d'album. Vous pouvez acheter au format numérique les chansons que vous souhaitez de n'importe quel album. Et les écoutes en mode shuffle croissent. Je ne vais pas lancer ici ce débat mais je constate. Je constate également que la réponse des groupes, de plus en plus, c'est le financement participatif. Puisque les rentrées d'argent liées à la vente de l'objet physique (voire même numérique) ne sont plus assurées, aidez-nous à en payer ses frais de conception. En récompense, nous vous offrirons du matériel inédit, proposerons des promos sur les différents supports et donnerons accès à du contenu "limité". Autrement dit: "communautaire". Et d'ailleurs, la tendance n'est plus au crowdfunding pour constituer une cagnotte mais à l'engagement forfaitaire (mensuel par exemple).

À l'origine, l'idée est plus que défendable, voire inattaquable dans le contexte actuel. Mais à long terme, j'y vois deux biais majeurs. Le premier, c'est donc la communautarisation de chaque groupe et de sa fanbase. Repli "sectaire" ? Entre-soi ? Je noircis le tableau mais on entre dans une ère du partage contractuel. Et ça, ça me crispe un peu (*). Alors, on peut encore suivre les major news sans être un patron et acheter le contenu en différé au format souhaité. Pour l'instant...

Le second, quid de l'indépendance des musiciens qui deviennent in fine les "employés" de leurs patrons en quelque sorte. Le mot anglais (nous devrions dire "mécènes") sonne ici de manière dramatique. On n'en est pas du tout là, certes. Mais si le modèle se généralise, je ne serais pas surpris que des fans finissent par "commander" leur album souhaité comme ils feraient leurs courses... Encore une fois, j'extrapole, je "dystopise" mais voilà une projection qui ne me paraît pas insensée et qui pourtant le serait.

Alors oui, cela offre aussi une proximité inédite avec les artistes, permet des discussions en prise directe, et dans un monde où les fake news et complotismes divers sont légion cela fournit des infos sourcées à leurs racines, donc fiables. Pour les artistes, cela garantit une relation sans intermédiaires et accorde un retour direct d'expérience. Sur le papier, c'est la relation gagnant-gagnant quasi idéale. Mais au-delà de mes deux biais sur la temporalité de l'entreprise, cela devient un véritable casse-tête pour les mélomanes. Combien de groupes pourriez-vous (seriez-vous prêts à) "patronner"?


Behave

Je tiens à préciser en conclusion que dans le cas de DISILLUSION, qui nous concerne ici, la relation est saine et offre aux musiciens le luxe de pouvoir se consacrer pleinement à leur art. Ce single est un tirage limité destiné à un public averti. Il est disponible officiellement au format numérique pour 2$ et gratuitement sur la chaîne YouTube du groupe. Je ne voudrais pas que ma petite parabole soit mal interprétée.

-

(*) J'y vois un parallèle avec le modèle Netflix qui, aujourd'hui, propose ses propres séries, films, etc. Or, on a bien vu par exemple les guerres de distributeurs qui ont conduit à la sortie limitée en salle de "The Irishman", l'avant-dernier Scorsese. En France il n'est même pas sorti. Il y a un modèle global qui est en train de changer. Forcément ça bouscule les habitudes, les acquis. Mais la mondialisation "GAFA-iste" (e.g. le dernier Scorsese est une coproduction Paramount - Apple TV) qui s'opère dans le cinéma ne m'enchante guère. Je suis peut être has been mais j'y vois en arrière-plan le développement de monopoles qui ont rarement (jamais ?) débouché sur des situations globales saines et positives.

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   FREDIAN

 
  N/A



- Andy Schmidt (chant, guitare, claviers)
- Sebastian Hupfer (guitare)
- Ben Haugg (guitare)
- Martin Schulz (batterie sur 1)
- Robby Kranz (basse et choeurs sur 1)
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- Josh Saldanha (batterie et percussions sur 2)
- Felix Tilemann (basse sur 2)
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- Christoph Schenker (violoncelle sur 2)


1. Between
2. Time To Let Go (video Edit)



             



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