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CARNOSUS - Visions Of Infinihility (2023)
Par REMISSA le 13 Juillet 2023          Consultée 1379 fois

Je suis plutôt contrarié.

Après un premier essai plutôt convaincant en l'entité de "Dogma Of The Deceased" de trois ans son cadet, CARNOSUS, le groupe de Death le moins suédois de Suède remet le couvert avec ce "Visions Of Infinihility" (VOI), encore plus mature, encore plus travaillé, mais pour quel résultat au final ?

Et bien, tout le problème réside là.

Comme pour son prédécesseur, l'agressivité et la hargne sont de mise dès la première seconde. Cet "Ossein Larcenist" est un banger, et incarne tout ce que l'on attend de la maturation de CARNOSUS : un rythme plus que soutenu à grands coups de double pédale, un chant et une diction irréprochables cadencés habilement, et des licks incisifs. Si tous les titres étaient de cet acabit, on tenait une pépite absolue.

Sauf que.

Alors certes, "Calamity Crawl" en seconde position lui tient la dragée haute, mais la suite commence à s'effriter, puis à s'effondrer à mesure que les pistes avancent.

Et c'est là que ma frustration arrive à son apogée, ou plutôt un sentiment de profonde injustice. Aux premières écoutes, j'ai voulu me faire l'avocat du groupe, car le nombre pléthorique d'idées pour habiller ce "VOI" est remarquable et noble dans l'attention. Le chant de Jonatan Karasiak a bondi en gamme : fini la voix caverneuse et parfois en demi-teinte : du false chord, du snarling, du pig squeal en veux-tu en voilà, des variations ultra agiles dans chaque titre ; de l'intensité dans la batterie de Jacob Hedner à l'instar du précédent opus ; des soli moins monotones et convenus... CARNOSUS avait tout pour faire encore plus, encore plus violent, encore plus surprenant... Et au final, l'agrégat d'idées accouche de morceaux trop complexes pour ce qu'ils proposent vraiment, donnant rapidement l'impression d'un gloubi-boulga, ni mauvais, ni bon non plus...

L'influence Thrash a assez nettement été remplacée par des velléités de Tech Death : le chant tend vers de l'ARCHSPIRE, les polyrythmes chiadés et la gratte omniprésente (recouvrant quasi systématiquement le chant de façon assez incompréhensible d'ailleurs) rappellent du ATHEIST, mais on a l'impression d'écouter un tribute band plus qu'autre chose, ce qui dessert le résultat final.

Surtout que, bon, entre nous, ARCHSPIRE c'est stylé car Oli Peters déblatère son texte à trois cent à l'heure, et il en ressort un aspect comique (sachant qu'au final les Canadiens sont une sacrée bande de rigolards). Ici, le penchant rigolo est palpable, donc l'exercice est réussi en soi, mais il transige indubitablement avec les textes que JK vocifère, se complaisant dans un champ lexical sombre et nihilisto-dépressif... Mention cependant spéciale pour le travail sur les textes, le dico des synonymes a dû pas mal chauffer.

Hormis le souci de vouloir trop bien faire dans un espace-temps contraint (à savoir moins de quarante minutes), l'individualité de chacun des membres, aussi experte soit-elle, veut s'exprimer, s'accumule, se superpose sur chacun des morceaux, et nous incombe un surplus de tout, où il est dur de décerner l'effort individuel de chacun. Pour rappel, la machine est lancée depuis la première seconde, ça blaste un max, et nous avons peu de sursis pour donner du crédit au travail de chacun. Je plains le gusse qui a dû ajuster le mix final, car cela a dû être le treizième travail d'Héraclès... La basse passant, as usual, au second plan.

À ce stade, je pense que l'on a clairement compris que je suis passé du banc des accusés aux plaignants, et cela n'est vraiment pas mon intention primaire, car je veux donner le crédit à CARNOSUS de vouloir affirmer son identité, en essayant de placer des éléments exotiques, notamment sur "Fermenting Blastospheres Of Future Putridity" (dont l'inventivité du titre des aussi incroyable que ridicule au passage), véritable OVNI, où ça ose de l'incongru... Mais ça n'est jamais assez, ou au contraire le surplus l'emporte dans une action incontrôlée, et trop vive pour apprécier les subtilités, peut-être ?

Pour résumer, au final, les trois quarts de l'album sont bonnet blanc et blanc bonnet, l'album se retrouve rétrogradé en easy listening (où le temps se passe, et où la tension monte ponctuellement sans climax car nous ne l'attendons plus), sauf que l'intention première était vraisemblablement l'exact inverse... Je l'ai bouffé, de nombreuses fois, et plus je l'écoute, moins je suis clément avec, donc je vais m'arrêter là car il serait, pour le coup, totalement injuste de s'acharner à outrance sur des artistes qui se donnent les moyens à tous les niveaux de faire mieux.

L'essai n'est donc pas transformé, mais ce n'est que partie remise. À vouloir trop en faire, le mieux est l'ennemi du bien.

Edit : pour relativiser, je me suis effectivement passé un petit "Unquestionable Presence" juste après... Et il n'y a pas comparaison. Ouais, j'ai mes côtés vieux con, mais je ne suis pas obtus, j'attends juste d'être mieux convaincu que cela.

Note réelle : 2,5/5.

Morceaux préférés : "Ossein Larcenist", "Calality Crawl", les dents, un pipi, et au dodo !

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   REMISSA

 
  N/A



- Marcus Strindlund (basse)
- Jacob Hedner (batterie)
- Rickard Persson (guitare)
- Marcus Jokela Nyström (guitare)
- Jonatan Karasiak (chant)


1. Ossein Larcenist
2. Calamity Crawl
3. Castle Of Grief
4. Fermenting Blastospheres Of Future Putridity
5. In Debt To Oblivion
6. Devourer Of Light
7. Procession Of Depression
8. Towards Infinihilistic Purity
9. Among Worms It Was Whispered



             



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