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2023 Inter

FAGUS - Inter (2023)
Par STORM le 30 Mai 2023          Consultée 1502 fois

"Moi, FAGUS, si j’étais élu pour les cieux, je ferais un album marquant avec une cover bien grisâtre me permettant de les approcher.
Moi, FAGUS, si j’étais élu pour les enfers, je déboulonnerais en règle le Black Atmosphérique pour l’année 2023.
Moi, FAGUS, si j’étais chroniqué ici-bas dans ce monde, j’illuminerais les chroniqueurs et les auditeurs jusqu’à l’aveuglement.
Moi, FAGUS, si… "

Mouais mes genoux en fait, c’est quoi ce délire onirique ! Peut-être ma fameuse phase d’hypnagogie qui me sert d’exutoire chaque soir. Seulement, le principe de réalité revient vite au galop, je vous rassure ! Enfin chacun le sait, pas besoin de se pincer ! Gaussons-nous ! Alors ! J’arrête là le quiproquo pour souhaiter une bienvenue fort méritée à FAGUS, avec sa production géniale qu’est "Inter".

Le groupe bavarois avait sorti un EP en 2013, "Urgewalt", passé un peu inaperçu sur les ondes. Personne n’aurait parié un Deutsche Mark sur une fulgurance. Ça tombe bien, nous sommes au temps de la monnaie unique. Et voilà que la terre a craquelé. La tectonique des plaques a renversé la voilure, faisant émerger cet objet du manteau terrestre. Tout a changé ! FAGUS s’empresse d’encercler l’auditeur de ses affres mélodieux en 2023. Et quelles affres ! Si puissantes, si originales ! Autant dire tout de suite que l’épreuve est réussie, elle est dorénavant tournée aux bons soins des auditeurs.

Un pressentiment me fait penser que FAGUS a des ambitions, et le groupe semble être en mesure de relever cet appétit. L’album n’est jamais linéaire, le groupe ne s’amuse pas à faire tourner les riffs, à s’en accommoder. Ces derniers produisent, dans la conscience, des ensorcellements. Très bon point, car mes marathons quotidiens d’écoute des nouveautés sont impitoyables. Beaucoup d’opus ne passent pas l’épreuve de la dissection et de la coupe à la serpe. Les sorties sont multiples, c’est un raz de marée permanent, alors j’attends l’heure où la vague scélérate emportera mon âme, et cela se passera bien sûr au large, loin du monde des hommes. Ces albums sont peu nombreux au final. Et FAGUS a déboulé très en forme avec cet opus.

Je mets au défi les maugréants que nous sommes, de trouver une quelconque médiocrité dans les compositions. FAGUS (= le hêtre) a planté ses racines sur la scène et j’espère qu’elles aspireront tous le suc disponible. Le hêtre est d’ailleurs cet arbre colossal vivant en futaie, avec son cousin le chêne, pas non plus du menu fretin. Le titre introducteur "Aurora" en est le parfait exemple. Les ambiances sont marquées dès les premières notes et elles ne lâcheront plus l’auditeur sur les cinq autres titres.

Vo1D, le chanteur, possède une voix qui accroche bien le palais. Le furieux n’y va pas par quatre chemins et son raclement de gorge, quoiqu’un peu "canardeux", produit son bel effet : un rendu équilibré entre haine et désespoir, frontal et vaporeux à la fois. Les paroles d’ailleurs rendent honneur à son auteur. Elles sont empreintes d’une belle noirceur poétique, d’un romantisme prononcé. Elles établissent des ponts, entre la réalité du microcosme naturel et humain. Elles appellent à apercevoir l’infini cosmos et épèlent les distances insondables, le grand incroyable de la vie terrestre dans cet uni(multi)vers.

L’artwork est réussi, car il convoque tout à fait cette dichotomie possible, entre l’imaginaire et son absolu. La dynamique est excellente sur cet album, dont le mastering est juste et adapté. Il ne montre pas les muscles, mais rend honneur aux compositions géniales du groupe. Le son des guitares est fluide, suffisamment à distance, pour laisser tous les autres instruments combler la scène sonore. Et quel son trouvé ! La rythmique se dresse comme un mur sonore, laissant le soin aux leads d’être projetés vers l’avant, pour souffler sur l’auditeur leur fragile mais profonde mélancolie.

La rêverie est omniprésente, elle sied à merveille au groupe et fait ressentir puissamment l’envers du décor humain. Je dresse une belle palme à cet album et je terminerai mon propos en citant le dernier vers de mon morceau fétiche "Neptun I" : "Eins zu sein, nichts zu sein" (= être un, ne rien être). Tout est dit de FAGUS en ces quelques mots ! Respirez, prenez conscience de cet air ! Vous êtes en vie, là, quelque part, suspendu au vide de la matière.

Note réelle : 4,5/5.

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- Vo1d (guitare, chant)
- Si !ht (guitare)
- Morguz (basse)
- Triton (batterie)


1. Aurora
2. Neptun I
3. Tyche
4. Jenseits Des Höhenzugs
5. Zerfall Des Lichts
6. Et In Arcadia Ego



             



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