À mon « retour » sur NIME il y a quelques semaines, j'ai demandé aux collègues ce qu'ils aimeraient que je chronique. Jeff m'a lancé qu'il avait adoré INFERI lorsque j'en avais parlé la première fois avec "The Path Of Apotheosis" et que je devrais écrire sur le dernier, "Vile Genesis", cinquième album des Américains de Nashville. Excellente idée de se replonger dans cet univers violent et technique, d'où s'échappent des scénarios angoissants menaçant notre avenir et… notre imagination.

Pour vous la faire courte, et non à l'envers, INFERI confirme la règle non-écrite du cinquième album de la maturité avec "Vile Genesis", passe à la moulinette la plupart des atouts de ses contemporains compatriotes tels que ALLEGAEON, The BLACK DAHLIA MURDER et ARSIS, mixant le tout avec le meilleur du bloc de glace technique scandinave... et canadien avec BEYOND CREATION. Si la surprise a laissé sa place au confort avec les années, le quintette n'a rien perdu de sa maîtrise ; il pond des structures bigarrées qui se tiennent, empreintes de mélodies et d'ambiances fortifiées par une pétarade rythmique dosée comme il faut. Du gros confort, vous dis-je, si vous aimez la science-fiction.

Or, INFERI a changé de bassiste depuis "Revenant", dernière fois que mes oreilles les ont croisés. Et en Tech Death, c'est un poste-clé. Comme le chant, ici assuré par Stevie Boiser, ex-VALE OF PNATH et frontman de ASHEN HORDE. Pour le reste, le noyau guitaristique reste solide et ça s'entend dans les riffs pesants et les envolées nerveuses appuyées parcimonieusement par de légères orchestrations (et rarissime guitare sèche). L'expérience est donc aussi enveloppante qu'énergique, demeure accessible grâce notamment aux soli de Pugh et Low, qui contrebalancent l'agressivité de l'ensemble et les vociférations aguerries de Boiser.

Autre point positif pour les Ricains : même leurs plages un peu moins marquantes se fondent bien dans la masse monstrueuse de "Vile Genesis" et sa pochette magnifique. Je ne suis évidemment pas botté autant que sur "Path...", qui est dans une classe à part, mais la créativité d'INFERI se hisse toujours dans le peloton de tête du genre. L'argument ultime est "Heirs Of The Descent", morceau intemporel d'un éclat et d'une puissance inouïs, d'ailleurs amené par la très réussie "Carving Thine Kingdom". Putain, si vous trouvez un seul trou noir dans cette orgie astrale, vous devez consulter. "Heirs", c'est INFERI dans toute sa splendeur et sa capacité à nous bercer de son talent de raconteur pugnace. Ça donne surtout envie de revenir à "No Gods..." et de se concentrer davantage sur les nuances de cette musique riche dont la durée de vie est un sempiternel élastique.

Pas mon préféré du groupe, mais sûrement le plus agréable à écouter en entier. Si c'est pas du « machiaÉVILisme », je ne me présurnomme pas Mefisto.

Amateurs et drogués de Tech Death auréolé d'éclaircies, foncez (encore une fois) et (re)découvrez ce petit géant insatiable.

Podium : (or) "Heirs Of The Descent", (argent) "Simian Hive ", (bronze) "Vile Genesis".

Indice de violence : 3,5/5.