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BRUTAL TECH  |  STUDIO

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- Style : Defeated Sanity

ANAL STABWOUND - Reality Drips Into The Mouth Of Indifference (2022)
Par POSITRON le 13 Mars 2023          Consultée 1877 fois

À la base je voulais faire une chronique méchante, comme au bon vieux temps. Dire du mal d'un album méprisable, m'énerver tout seul, m'engueuler avec des gens, enfin voilà, rien que de très habituel. Mais voyez-vous je vieillis. Et avec l'âge je perds deux choses : la fougue de la jeunesse et mes neurones.

Alors voilà. ANAL STABWOUND, on en est là. C'est tout à fait lucide sur l'état de mon cerveau que je commence cette chronique. La déclin de mes capacités cognitives a commencé lorsque j'ai écouté "None So Vile" il y a des années : je n'en ai manifestement plus pour très longtemps. Permettez-moi dans mon dernier souffle de me justifier de vous expliquer dans mon objectivité transcendante et habituelle pourquoi cet album est non seulement chroniquable, non seulement respectable mais également excellent.

Il était déjà possible de pressentir à l'écoute de l'EP "Abstraction Bathes In Sunlight" que nous avions en la personne de monsieur Talwalkar un futur grand nom de la destruction mentale post-SUFFOCATION dans la matière que l'on appelle parfois le Brutal Tech – un nom de genre tellement long et fatigant que je refuse de l'écrire en entier. C'est toutefois avec cet album que ENFIN MERDE PUTAIN QUOI LE GOSSE EST MÊME PAS MAJEUR C'EST PAS JUSTE !

Le jeune prodige est révoltant : il a manifestement beaucoup écouté DEFEATED SANITY – le nom n'était qu'une faute de goût passagère – et s'est motivé pour former son petit one-man-band de Brutal Tech en plus de ses cinq autres groupes (je le hais) et ainsi déverser ses cascades de slams et ses tourbillons de snare sur le monde à un âge ou je découvrais à peine le Metal Extrême sans même envisager d'en jouer. Si j'avais pu écouter "A Twitching In The Clouds" à dix-sept ans je crois que j'aurais simplement implosé. Vous n'auriez donc jamais pu me lire (ça serait dommage quand même).

Mais monsieur Talwalkar est loin de se contenter de copier le grand maître Gruber. S'il témoigne sur "Reality..." d'une maîtrise certaine du vocabulaire de ses contemporains (mentionnons au hasard DISENTOMB et 7H TARGET) il démontre surtout une originalité personnelle dans l'arrangement et la composition. À vrai dire, si l'influence DEFEATED SANITY est immanquable c'est autant par une filiation réelle que par manque d'autres repères ayant à ce point tordu et retordu le Brutal Tech sur lui-même.

Je sais bien que tous nos lecteurs ne sont pas réceptifs à cette musique, ça n'est pas grave je vous pardonne, mais puisque je n'ai pas grand chose à rajouter je voudrais simplement conclure en tentant d'expliquer à ceux-ci l'intérêt de cette musique en général, et ce disque en particulier.

Car je vois bien certains grimacer à l'écoute de cette musique chromatique et rythmique, sans refrain, sans hook, sans grandes mélodies ou crescendos épiques. Où est mon bon vieux Heavy Metal ? Peut-être cette musique vous apparaît-elle tout simplement aléatoire, sans aucune logique identifiable dans ce chaos de notes - ce magma de sons. Restez poli et ne parlez pas de bruit (vous seriez gênants).

Voilà ce que je peux en bredouiller : cette musique est une communion de l'esprit et du corps, un corps secoué par cette tempête rythmique, un esprit qui tente de toujours percevoir l'ordre parmi le chaos.

J'échoue à complètement maîtriser ce déluge constant d'information - sa logique me parle mais je ne peux l'abstraire. Emporté par un torrent d'idées, écrasé par son poids, vaincu par sa force, je suis à sa merci. Constamment je lutte pour me raccrocher à un élément identifiable : tu as déjà joué ce riff, je le reconnais, voilà que je reprends le contrôle de l'écoute.

Bien évidemment, il est au-delà de mes forces d'être une oreille tendue à chaque seconde, un analyste minutieux pendant tout un album. Le disque est le fruit de centaines d'heures d'efforts alors que je n'ai que quarante minutes pour l'affronter : il est plus fort que moi, il me vainc.

Bien sûr le disque n'est pas idiot : il a lui-même placé ce Slam régressif ici ou ce tremolo malveillant par là pour me tromper, m'encourager à persévérer, me pousser à ma perte. Il est aux commandes en permanence. Je ne l'écoute pas, il me fait auditeur. Il est l'acteur, le sujet, je ne suis qu'objet, écran sur lequel il se projette, matière sur laquelle il s’étend.

Et alors que mon esprit se désagrège au-delà de la pensée rationnelle et consciente, je reste hébété et soumis à son langage, à jouir de sa parole. Il s'agit d'une expérience esthétique que peu de disques peuvent me procurer. Et si vous avez survécu à la puante prétention de ces paragraphes que j'espère sinon instructifs au moins divertissants, il ne me sera pas utile de justifier plus longtemps mon utilisation dans l'introduction du terme excellent. C'est quand même trop bien la musique, en fait, non ?!

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- Nikhil Talwalkar (tout)


1. Coarctate
2. Fracture Into Infinite Geneses
3. Imprisoned In The Multiwomb
4. Premonition I
5. A Twitching In The Clouds
6. Leaf Upon The Iron Tongue
7. Prismatic Weavings Of Flesh And Bone
8. Reality Drips Into The Mouth Of Indifference
9. Premonition Ii
10. The Violent Gust Of Generation



             



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