Le Stoner, moi, j’aime bien. Pour avoir passé quelques vertes années étudiantes bien enfumées, à mon époque il m’a fallu aller sur du Reggae ou de l’Électro pour me laisser porter par la musique. En effet, je dois avouer n’avoir jamais été un grand fan de Rock psyché, ni même de PINK FLOYD. Je sais, ça la fout mal pour un chroniqueur NIME. Je me fais suffisamment conspuer par mes collègues sur le sujet, mais les Flamands roses m’ont toujours emmerdé au lieu de m’exalter. Même si ces années sont maintenant bien lointaines, tel un Obélix étant tombé dedans à la naissance, je n’ai plus besoin de psychotropes pour m’évader et kiffer la répétition hypnotisante de ce type de sons. Des pères fondateurs (KYUSS, HERMANO, QOTSA notamment) à la jeune garde (PATRON, LOWRIDER), je continue à apprécier mon moment de kiff Stoner régulièrement.

Alors quand Nick Oliveri et Brant Bjork (KYUSS pour les deux) montent STÖNER en 2020, ce n’est pas pour œuvrer dans le Black, bien entendu. Sans autre ambition que de nous offrir notre dose de Desert Rock, le duo invite Ryan Güt à venir marteler les peaux et nous offre deux premiers LPs de bonne facture. L’enregistrement du dernier ayant été un tel plaisir pour les membres, le groupe décide de laisser tourner les bandes et de finir leur pochon pour nous offrir cet EP en mode jam, "Boogie To Baja".

Quoiqu’on puisse penser du père Oliveri (séparer l’homme -qui a tout de même l’air d’être un gros con- de l’artiste, toussa toussa), force est de constater que le bonhomme en connait un rayon en matière de basse et de riffs aliénants. Pour avoir pu constater en live la prestation du combo, le rendu est assez bluffant, et pour être tout à fait honnête, supérieur à ce qu’il peut nous pondre en studio. Et cette sortie ne fait pas exception à la règle, voire tend même à la confirmer.

Rien n’est ici mauvais, entendons-nous. Chaque titre possède sa petite identité propre, du Mojave Trip sous champi de "Night Tripper vs No Brainer" qui s’étire peut-être un peu excessivement, au Punkisant "It Ain’t Free" qui Stonerise le son des RAMONES ou des STOOGES (on croirait vraiment y entendre Iggy Pop) en passant par un "City Kids" bien rétro en mode STEPPENWOLF, la palette est finalement assez large et réalisée avec suffisamment de métier et de talent pour se laisser écouter avec plaisir. A contrario, ça manque parfois un peu de ligne directrice claire. N’allez pas non plus chercher une quelconque originalité ni des mélodies inoubliables, l’ensemble ayant été réalisé en mode pilote automatique de façon totalement assumée. Autre bémol, les guitares de Brant Bjork, autrefois méandreuses et inspirées, sont ici reléguées au rang d’accessoires, par exemple, l’ami Nick prenant globalement toute la place.

La nouvelle version de "Stöner Theme", présente sur l’opus précédent, est sans grand intérêt par rapport à l’originale. Également instrumental, le conclusif title-track qui s’étend sur plus de dix minutes, relève un peu la sauce sur le final, rappelant que quand STÖNER le veut, il est capable de sortir des morceaux enflammés, les grattes toutes fuzzées étant de retour pour l’occasion, portées par une section rythmique lourde et aérienne (si, si !). Coïncidence, je ne crois pas.

L’abus de marijuana rend parfois fainéant, c’est bien connu. Cela donne faim aussi, mais ce n’est pas ici le débat. Le trio devrait sans doute méditer un peu la leçon avant d’enchaîner sur son prochain LP, histoire de faire autre chose que de nous divertir gentiment. Personnellement, j’attendais autre chose au vu du casting proposé, surtout après avoir assisté à leur concert réussi au Hellfest en 2022. Petite déception, donc.

Note réelle : 2,5/5.