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POST-ROCK/ELECTRO  |  STUDIO

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2022 Fog Infinite

JEAN JEAN - Fog Infinite (2022)
Par ISAACRUDER le 9 Février 2023          Consultée 1099 fois

La grande époque du Post Rock semble bel et bien passée. La masse de groupes née de l'explosion du genre après les années 90 n'a pas lancé de nouveaux rejetons, et les grands noms dy style ont même tendance à balayer d'un revers de la main le qualificatif, préférant rester dans la catégorie Rock pur jus. Entre Chicago et Montréal, la bataille se jouait surtout en Amérique du Nord. De TORTOISE à GODSPEED YOU BLACK EMPEROR! en passant par SILVER MT. ZION, c'est là-bas que "ça se passait", mais l'Europe ne fut pas en reste avec MOGWAI ou SIGUR RÓS. Et que dire de MONO au Japon. Le genre attirait des orfèvres singuliers, qui ne se cantonnaient pas de caler des tremolos larmoyants avec moult effets de guitares comme on a souvent pu le lire, mais cherchait à repousser les limites du Rock, fricotant sans mal avec tout ce qui pouvait construire une ambiance unique. En France, JEAN JEAN fait bien partie de cette catégorie, évoluant depuis ses débuts sans se soucier des étiquettes, ziplinant entre Math Rock, Electro Rock et Synthwave.

JEAN JEAN suit son chemin, la moustache de hipster au vent, et réussit à extirper du beau à partir du Paris d'Hidalgo. Pour cela, on peut lui rendre grâce. "Fog Infinite" est avant tout un bel album, de ceux qui, extrêmement bien produits, sont un régal par la seule qualité du son (la clarté de "Concord Lights" sublime un morceau déjà fantastique). Il faut dire que c'est Franck Hueso aux manettes, le sieur derrière CARPENTER BRUT. Le choix n'est pas anodin, tant "Fog Infinite" enfonce le clou côté claviers, ambiances rétro-futuristes et clins d'oeil à toutes les formes audacieuses de Wave. On cherche souvent le Rock, la guitare abrasive, comme dans "iTen", mais ce serait peine perdue. JEAN JEAN est passé de l'autre côté du mur, et il y a vu une lumière dont le culte nécessitait davantage d'électronique.

Pourtant cela ne veut pas dire que JEAN JEAN a abandonné son héritage. On retrouvera du Krautrock dans l'excellent "Prey/Trigger" ou du Post Rock explosif dans l'incroyable "Vertical Light", mais l'ensemble est digéré, maturé. Voilà un groupe qui a définitivement assimilé la gloire de ses pères sans autant les rejeter comme un misérable révolutionnaire. Il y a de la confiance, de la tranquilité et de la maîtrise dans ce "Fog Infinite", tant et si bien que le voyage est merveilleux, délicat et sans encombres. Même lors de titres plus dramatiques, pleins de péripéties et d'aventures en territoire extra-Système solaire, comme "Dernier Sunset", tout transpire luxe, calme et volupté. "Fog Infinite" parvient en effet à jouer un équilibre subtil entre ses accès Dance et des tendances plus Dreamwave ("Sept Sorts") qui ajoutent à l'atmosphère lunaire d'un album tourné vers le ciel.

Quelques baisses de rythme comme "House On Lies", trop répétitive ou "Point De Fold", piste Ambient sans génie, feront de "Fog Infinite" un très bon album, mais en deçà du frappé "Symmetry". Pour autant, les Parisiens nous embarquent sur leur vaisseau spatial, en route pour la station satellite de feu DAFT PUNK, là où le meilleur de la musique interplanétaire se produit. Le long de la traversée, on observe au loin notre belle planète. On se fout de la gueule de Carpenter et tous les autres bouffons platistes venus tout droit du meilleur des États-Unis. On sirote une bière alien franchement pas mal en regardant JEAN JEAN. Hé oui, leur musique intergalactique produit le carburant du vaisseau, dans un délire futuriste semi-stakhanoviste ! Les claviers exhubérants font ronronner les moteurs, la batterie millimétrée fait vibrer la carcasse du zinc, et les crescendos de "Hyperlapse" font enfin entrer la bête en vitesse lumière, adieu la Terre, adieu Louis Boyard !

Si "Fog Infinite" est un des albums à retenir de 2022 c'est bien parce que dans le climat maussade des événements incessamment délivrés par le trop plein informationnel du monde moderne, il fonctionne comme un astre superbe et rayonne dans les froides nuits d'abattement. JEAN JEAN invoque feu VANGELIS, s'inscrit dans la tradition Math Rock et sublime le tout grâce à la production signée Franck Hueso (CARPENTER BRUT). En résulte un album résolument solaire, beau, spatial, hors du temps et très cinématographique. Un album de fuite peut-être, mais non romantique, puisqu'il tourne son regard vers l'immensité de l'espace, le vaisseau traversant des brumes stellaires et des nuages de particules électriques, nous laissant rêveurs et conquérants d'un potentiel infini.

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- Sebastien Torregrossa (guitare)
- Edouard Lebrun (batterie)
- Jérémy Savry (claviers , samples)


1. Vertical Grey
2. Concord Lights
3. House On Lies
4. Sept Sorts
5. Point De Fold
6. Iten
7. Prey/trigger
8. Dernier Sunset
9. Hyperlapse



             



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