Cette chronique n'aurait jamais vu le jour sans la parution du groupe KVAEN sur NIME. En effet, l'ami T-Ray m'avait bien hypé avec l'album "Revenge By Fire" et après une seule écoute, j'étais déjà sous le charme. Je ne suis pas le plus grand amateur de Black Metal mais ce que propose KVAEN (pour rappel c'est le projet d'un seul homme) me plaît particulièrement, par sa rage, ses mélodies et son accessibilité. Mon parallèle avec KVAEN n'est pas anodin car en terme de micro line-up, INEXORUM est le projet de deux hommes seulement, à savoir Matthew Kirkwold et Carl Skildum. Le premier s'occupe de la basse, du synthé et des chœurs tandis que le second gère la programmation de la batterie, la guitare et le chant principal.

L'album "Equinox Vigil" est le troisième effort du groupe. INEXORUM est réglé comme une horloge et seulement deux ans séparent chaque sortie. Cette cuvée 2022 rassemble tout ce qui me plaît dans le Heavy Black. Une musique aux premiers abords extrême qui vous met à genoux et qui, par la suite, se révèle au fil des écoutes. Cet opus nous transporte et nous fait passer d'un état à un autre avec une facilité déconcertante. On oscille entre la hargne, l'agressivité, l'envie d'en découdre et parfois on se fait surprendre par des moments plus aériens où le temps semble s'arrêter.

Comment démarrer un album de Heavy Black de la meilleure des manières ? Une intro sombre avec des orchestrations ? Perdu. "Creation Myth" démarre sur les chapeaux de roue et j'ai rarement pris une mandale aussi rapidement en matière de qualité et d'efficacité des riffs. Ils sont variés, incisifs, il y a des cassures de rythme, bref, tout est maîtrisé et l'entame promet vraiment de passer un bon moment avec INEXORUM.
On a franchement des bons moments épiques à se mettre sous la dent. Je pense d'abord au titre éponyme ultra-mélodique. Ce morceau est une tuerie absolue tant il est riche. On navigue entre mélodies Viking, blast-beat et chant clair. Ça va parfois à cent à l'heure avec "Dark Sky Sanctuary" qui, durant quatre minutes, nous piétine complètement. La batterie est monstrueuse et ne ralentit jamais, les soli ultra mélodiques font mouche et n'auraient pas fait tâche dans un combo de Power Metal. Ce brûlot nous surprendra par ses quarante dernières secondes en chant clair qui fermeront ce morceau d'une jolie manière. Les titres brutaux sont de véritables couperets à l'image d'un "Memoriae Sacrum", qui nous assaille d'un Black épique et vindicatif durant ses trois petites minutes.

Même si l'ensemble est brutal, rapide et mélodique, nous avons aussi des moments plus posés. Ainsi, "Secret Language" et sa mélodie presque entraînante nous procure un sentiment de liberté et de légèreté. Tout ce qui nous pèse s'envole d'un coup. "On The Last Day" également, a des allures Prog qui pourront rappeler ENSLAVED avec quelques notes de synthé bien efficaces.

De manière générale, concernant le chant, il est plutôt classique mais d'une efficacité redoutable. INEXORUM a la bonne idée de glisser quelques lignes de chant clair par-ci par-là afin d'aérer cette violence et le résultat est saisissant (terriblement prenant sur "Equinox Vigil" et sur le final de "Dark Sky Sanctuary").

INEXORUM a eu l'intelligence de ne pas gaver l'album. Ici nous sommes face à quarante minutes mais quarante minutes utilisées à bon escient. Aucun temps mort, aucun moment inutile, tout est millimétré pour ne pas ennuyer l'auditeur. Les quarante minutes passent à une vitesse folle et dès la fin de ma première écoute, je n'ai eu qu'une envie : y retourner.

Épique est le premier mot qui me vient si je devais définir cet album. Je ne pensais pas qu'un album de Heavy Black pouvait me procurer autant de plaisir mais j'ai finalement eu tort, deux fois, grâce à KVAEN et maintenant INEXORUM qui n'a pas volé sa place en Sélection sur NIME.

Tuerie absolue : "Equinox Vigil".