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2021 Entropy
 

- Style : The Butterfly Effect, Hemina, Karnivool
 

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ACOLYTE - Entropy (2021)
Par HAPLO le 26 Septembre 2022          Consultée 904 fois

Alors, oui, j’avoue qu’effectivement, les cinq membres du combo australien d’ACOLYTE sont assez éloignés du look transpiro-clouté propre aux hordes Mad-Maxiennes qui peuplent de leur fureur et cupidité crasse les déserts oniriques d’un George Miller, metteur en scène barré s'il en est, qui va même jusqu’à enchaîner un guitariste balançant des riffs ad libitum sur la voiture amirale des dingo-méchants qui puent le gazole (Mad Max "Fury Road" 2015).

Non, avec ACOLYTE, on est loin de la fureur tant motorisée qu’auditive pour se situer plutôt chez la gentille jeunesse noctambule et cosmopolite de Melbourne ; des musiciens étant revenus des lanières de cuir trop serrées qui laissent des traces rouges sur la peau, du headbanging arrosé à la bière ou des hurlements scandés au rythme d’un bon air-guitar autour d’un feu dans le désert… mais sans pour autant avoir définitivement soufflé sur cette petite flamme interne qui peut parfois faire apparaitre le frisson de la folie dans le regard !
Car cette jeune formation menée par la voix puissante et sachant être mélodieuse de Miss Morgan-Leigh Brown, si elle ne passe pas le plus clair de son temps sur des motos bricolées à balancer des trucs explosifs sur des camions citernes qui roulent à tombeau ouvert dans le Bush en écoutant du Thrash hurlant, n’en affectionne pas moins les riffs musclés et percutants, portant un Rock vénéneux aux mélodies sciemment entêtantes, elles-mêmes parsemées de plages atmosphériques adroitement calibrées. Comme tu l’auras compris, Ô lecteur exigeant, nous sommes ici sur le fil du rasoir entre la chaleur rythmée de lignes saturées résolument agressives et la fragilité troublante d’ambiances atmosphériques aux échos de grands espaces… Et tous ne sont pas capables, à l’image d’un légendaire The GATHERING et de son égérie à la voix d’outre-espace, de tenir cet équilibre par définition si casse-gueule.

C’est pourtant le cap qu’a choisi ce sympathique combo du bout du monde avec la sortie d’un premier EP "Shades Of Black" paraissant en 2015 et débordant d’une musique globalement jugée comme plutôt tumultueuse ou les plateaux de la balance semblent plus pencher du côté riffs que de celui des ambiances cotonneuses. ACOLYTE s’y taille néanmoins une jolie réputation de groupe "qui-n’en-veut" et se retrouve à sillonner le continent des kangourou avec les poids lourds du Metal Prog’ ou alternatif local au contact desquels nos cinq zicos de Melbourne vont se forger une belle expérience (TWELVE FOOT NINJA, VOYAGER ou encore JERICCO). Pas pour autant speedés pour retourner enregistrer en studio, ils attendront ainsi six longues années pour sortir en mai 2021 un "Entropy" à la pochette tant gracieuse que troublante avec cette femme aux couleurs rouges-bleutées mais sur lequel les musiciens peuvent nous montrer le chenin parcouru.

Car la qualité première de "Entropy" est d’abord de s’avérer être un album méchamment soigné : pochette féminino-artistique comme indiqué à l’instant, mix et production très convenables, un son soigné et dépouillé qui pourrait presque faire croire à une musique rectiligne voire simplette dans ses ambitions… Les Australiens ont construit un bel opus en trompe l’œil qui peut laisser croire à un énième combo de Rock'N'Prog mélodique mais qui révèle en vérité des arrangements aux petits oignons, des jeux instrumentaux ciselés par lesquels ACOLYTE développe un sens avéré des nuances ou encore des ambiances aux progressions et amplitudes dosées au millimètre qui permettent à l’auditeur béat une immersion auditive totale. Ce piège est d’autant plus efficace qu’on ne s’y attend pas !
Guitare ponctuellement tapageuse mais également capable d’arpèges réverbérés à l’infini, claviers présents sans pour autant s’avérer noyants, orchestrations ou piano délicatement opportuns, basse ronde et efficace, batterie discrète mais très colorée et fichtrement percutante, l’emblématique chanteuse Morgan-Leigh Brown vient poser sa voix basse et puissante sur une musique qui pourrait se suffire à elle même, et qu’elle contribue à sublimer…

Cette sublimation prend d’ailleurs tout son sens sur les titres de "Entropy" dont les durées permettent aux Australiens de déployer tranquillement et confortablement leur propos et leur art de la progression : qu’il s’agisse du puissant titre éponyme d’ouverture (9’40) aux riffs massifs et à la mélodie entêtante, du long et velouté "Clarity" (10’43) et sa ligne de basse à la lenteur hypnotisante, du dépaysant "Idiosyncrasy" (11’14) dont la rythmique saccadée s’égare dans de belles harmoniques arabisantes ou encore du clôturant "Acceptance" (9’31) dont le crescendo planant cède la place à un bridge sévèrement burné où les puristes apprécieront particulièrement les breaks torsadés d’un batteur en pleine inspiration…
Ces formats longs offrent ainsi un cadre idéal aux progressions nuancées, mais sachant devenir percutantes, des Australiens qui y trouvent un terrain de jeu idéal pour déployer de belles ambiances dont ils ont le secret. Peut-être une mention spéciale en ce qui me concerne pour le très réussi "Entropy" et sa ligne rythmique joyeusement déménageante ou encore le bridge multibreak de l’intrigant "Idiosyncrasy" : Nos zozos métalleux-atmo y versent tout leur talent et ça fait du bien aux oreilles !

À l’inverse de ces éloges amplement mérités, on sent les musiciens d’ACOLYTE un peu moins en verve sur des formats plus courts, voir fleurter avec l’inutile sur de mini instrumentaux censés (en tous cas je l’imagine comme tel !) donner du liant entre deux titres plus conséquents… à l’image de ce surprenant "Solitude" dont les deux minutes de bruitages électroniques confirment à elles seules qu’il ne doit pas tous les jours être facile de bosser sur un aéroport à proximité des avions ! Plus structurés mais pas beaucoup plus long, l’apaisant "Resilience" et ses relents Folk laisse également l’auditeur, même bienveillant, un peu sur sa faim. Enfin, même empreints de bonne volonté, le rafraîchissant et dynamique "Resentment", comme le très honorable instrumental et pianotesque "Recovery" paraissent quand même un chouïa maigrichons à proximité immédiate des (longues) pièces citées plus haut. L’album, sans pour autant en devenir complètement bancal, s’en retrouve légèrement déséquilibré entre de longs titres attractifs à la musique ambitieuse et des titres plus courts quelque peu passe-partout quand ils ne posent pas question quant à leur présence même sur un opus de cet acabit. Les voies de l’expression artistique ont beau être impénétrables, il n’empêche que "Entropy" s’en retrouve desservi. Dommage.

Le dernier cru d’ACOLYTE n’en demeure pas moins un bon album, aux méandres musicaux très fréquentables, que je recommanderai tout spécialement aux amateur de Prog Atmo léché imprégné de saveurs exotiques. Les Australiens y parviennent en outre à marier assez intelligemment l’énergie urticante de lignes rythmiques survitaminées à l’évasion éthérée de synthés planants ou d’arrangements délicatement mélodieux… En cela, ils démontrent la réalité de leur identité artistique ainsi que leur talent : groupe à suivre donc.

Assis en plein soleil sur ce qui reste de mon casque, à proximité de cette fichue moto calcinée, je contemple le sang qui sort par petites saccades rythmées de mes multiples plaies se mélanger à mon abondante transpiration. Les oreilles encore bourdonnantes des riffs ininterrompus provenant de notre voiture Maître-de-Guerre, j’aperçois pour quelques secondes encore les traces de fumée laissées par la fuite de notre gibier… l’est adroit cet étranger !
Je sors de mes vêtements déchirés mon dernier caramel d’Isigny (que je gardais pour une grande occasion !) et j’en déguste la douceur sucrée et la chaude volupté tout en traçant dans le sable brûlant un beau 3/5 dédié à cet "Entropy" aux vapeurs sulfuro-atmosphériques. Parfois, la douceur a du bon.


- pour le punch et la mélodie entêtante : "Entropy",
- pour les belles ambiances : "Idiosyncrasy",
- pour les variations à la batterie : "Acceptance".

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- Morgan-leigh Brown (voix)
- Brandon Valentine (guitare)
- David Van Pelt (claviers, synthés)
- Jason Grondman (basse)
- Chris Cameron (batterie)
- -
- Ben Cameron (guitare)
- Ben Rechter (voix additionnelle sur 4)
- Oscar Neyland (contrebasse sur 4,6)
- Edward Wang (hautbois sur 5)
- Greg Sher (clarinette sur 5,6)
- Erica Tucceri (flûte sur 5,6,8)
- Jonty Cameron (percussions additionnelles sur 6)
- Max Cameron (percussions additionnelles sur 6)


1. Prelude
2. Entropy
3. Resentment
4. Clarity
5. Resilience
6. Idiosyncrasy
7. Solitude
8. Recovery
9. Acceptance



             



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