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DOOM METAL  |  STUDIO

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2021 Looking For Transcendence
 

- Style : Ava Inferi, Jex Thoth, Sinistro
- Membre : Mourir
 

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INDIGO RAVEN - Looking For Transcendence (2021)
Par WËN le 21 Juin 2022          Consultée 1393 fois

INDIGO RAVEN est ma foi un fort joli patronyme. Couleur ésotérique par excellence, la quiétude du bleu alliée à la profondeur toute Doom qui caractérise ses violacées nuances, brossée ainsi à même le plumage du présent volatile a d'emblée de quoi séduire et ce, jusque dans ses consonances mystiques. Nul réel besoin de s'étendre davantage que déjà pointent les promesses d'une spiritualité à fleur de peau et de déhanchements musicaux passionnés.

D'abord duo, emmené par le ramage d'une Julie Docteur (chant, textes) et la musique d'un Benoît Sangoï (instruments, composition) le temps d'un éponyme EP, notre corneille à la sombre robe subtilement ourlée de pourpre ne tarde à hanter sa troisième orbite laissée vacante, par les visions fusionnelles de la basse d'un Jean Green, pour rapidement rempiler sur l'enregistrement de ce premier full-length, tout en se faisant remarquer au passage par Argonauta Records (CONVICTION, DEMANDE À LA POUSSIÈRE, GOATFATHER, MITOCHONDRIAL SUN (le projet solo de Niklas Sundin de DARK TRANQUILLITY), FIMIR dont nous avons parlé tout récemment, et cætera, et cætera…)

Si l'irruption du trio occitan (Toulouse) n'a rien d'étonnante, puisque s'encrant dans une tendance récente par chez nous où chaque année se fait le théâtre de la percée d'une nouvelle formation dans ce genre en vogue qu'est le Doom-à-chanteuse (citons DEATHBELL en 2018, MOONSKIN en 2019, BLOÐ en 2020/2021 et là, en cette année de mauvaise augure, notre oiseau de mauve et d'azur) ; elle l'est d'autant moins que le Sud-Ouest de la France, sachant faire la part des choses, est depuis longtemps un terreau fertile pour les formations alternatives menées par de charismatiques frontwomen (complètement au hasard : MONARCH, VOLKER, mais DEATHBELL aussi, puisqu'on en parlait plus haut).

En tout cas - et comme pour nombre de ses consœurs - si le DoomcMetal chamanique d'INDIGO RAVEN sait si facilement nous happer, les vocalises hypnotiques de sa grande prêtresse de Julie n'y sont absolument pas pour rien. Il n'y a pas de secret. Ensorceleuse de ces bois, suave et sévère à la fois, la dame se livre à son auditoire au cours d'une prestation habitée, ne lésinant pas sur l'emphase qu'elle sait y insuffler via ses lignes tout à la fois déterminées et spectrales ("The White Knight Syndrome", "Our Sacred Soil") qu'elle sait rehausser ci et là de chœurs envoûtants (cet aparté final et tout en apesanteur qu'est "Where Lies Our Hearts", la voix s'occupant absolument de tout) et bardés de ce qu'il faut de reverb' pour habilement nous y semer.

Dans la continuité de son EP précédent (mais en plus poussé), la lancinante et rituelle trame Doom, déroulée en arrière-plan en deviendrait presque accessoire. Pourtant assénée avec conviction ("Palin Genesis", "Small-Hearted & Blind"), sa débauche de riffs puissants et boueux ne manquera jamais (ou presque) de labourer en profondeur la moindre parcelle sonore demeurée vierge trop longtemps (la caution sludgeouille). Il n'empêche, une fois passée cette étourdissante enceinte de guitares de prime abord impénétrable, cette homogénéité (trop) absconde affichée et désirée pour ces compos avoisinant les six minutes en moyenne, peine parfois à renouveler le propos de notre (af)freux compère. Quelques accélérations pachydermiques ("Small-Hearted & Blind") et ambiances plus aérées ("Palin Genesis"), n'y changeront pas grand-chose. Permettons-nous néanmoins cette précision afin d'être bien compris : nulle intention ici de dévaluer ce parti-pris, bien au contraire. Pour que sa mixture fonctionne INDIGO RAVEN a bien saisi l'importance du rôle d'accompagnatrice qui devait être dévolu à sa partie rythmique pour que – grâce à un juste équilibre - la magie puisse opérer, et que seule la tourbe et la bourbe devaient ainsi ressortir de son riffing au moment d'en maculer sa partition. Car bien malignes sont ces murailles de guitares qui unes à unes s'érigent, avec abnégation, et qui nous obligent alors à nous confier au seul point de repère qui émerge de cette cathartique cérémonie : le chant.

Musicalement et sans vouloir tomber dans le name-dropping trop facile, il sera tout de même peu aisé d'occulter quelques emprunts à JEX THOTH, notamment ses oripeaux tribaux, au moment d'ensemencer d'essences forestières et de spiritisme, sa lourde trame déjà souillée d'humus et de tourbe. Dès l'entame du disque via "Our Sacred Soil", ne sommes-nous pas accueillis par la faune locale tapie à l'orée de la pâle lueur d'un feu crépitant ? Mais il y a bien plus ici, où au détour de riffs ou de dictions plus solennelles ("Palin Genesis", "The White Knight Syndrome"), un amour très palpable pour les vieilles pierres mûries au soleil méridional ne manque jamais de se faire sentir. En cela, sans forcément s'y attendre ni savoir si le rapprochement est conscient ou non, ce sont les ombres de ses ensorcelantes consœurs du Sud-Est du Vieux Continent officiant au sein de ces impavides volatiles d'onyx que sont AVA INFERI et, dans une moindre mesure SINISTRO, qui viennent y déployer leurs ailes… Tout en empruntant une certaine noirceur ambiante propre aux univers d'une Chelsea WOLFE, voire des ébats d'une Julie CRISTMAS, au sein de leurs efforts respectifs.

Nous nous arrêterons là sur ce premier jet de jais qu'est ce "Looking For Transcendence" qui, s'il ne dynamitera jamais les standards du genre, s'avère tout de même être une suffisamment bonne découverte pour qu'il soit dommageable de ne pas lui laisser sa chance… et de laisser le temps nécessaire à ces riffs pour maturer et faire leur œuvre.

Note réelle : 3,5/5 arrondi à 4, en attendant un second LP, qui se devra de marquer le coup !

P.S : outre une surprenante relecture (forcément, c'est Doom) du hit de MAZZY STAR ("Into Dust") en bonus track de la version CD, le groupe vient tout-tout récemment de faire sa fête au "Push The Sky Away" de NICK CAVE & THE BAD SEEDS. Là où il y a de la gêne…

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- Julie Docteur (chant)
- Benoît Sangoï (guitare, programmation. batterie)
- Jean Green (basse)


1. Our Sacred Soil
2. Palin Genesis
3. Small-hearted & Blind
4. The White Knight Syndrome
5. Nightshade Winds
6. Where Lies Our Hearts
7. Into Dust (reprise De Mazzy Star) (bonustrack)



             



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