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2021 Zeitlang
 

- Membre : Dark Fortress

GRÀB - Zeitlang (2021)
Par DARK BEAGLE le 14 Novembre 2021          Consultée 1516 fois

Un groupe formé par un ancien DARK FORTRESS ? Cela peut être intéressant, sauf s’il tente de coller encore et toujours au wagon DIMMU BORGIR, ce qui était un peu la ligne directrice de cette formation allemande de Black Metal qui avait su s’exporter hors de ses frontières. Heureusement pour nous, GRÀB voit plus loin que le bout de son nez et délivre un premier album d’une longueur un brin indécente, mais qui dégage une noirceur qui s’inscrit dans une mélancolie qui nous happe littéralement pour nous plonger dans cet univers de ténèbres qui se veulent insondables. Mais ne brûlons pas les étapes et revenons à la base, à ce qu’est GRÀB.

Le groupe s’est formé autour de Gråin (SCHRAT) et Grànt (anciennement connu sous le nom d’Azathoth au sein de DRAK FORTRESS donc) en Bavière et aura pour particularité d’utiliser le dialecte local dans ses compositions. De fait, nous pouvons faire certaines similitudes avec de l’allemand classique, mais les faux-amis sont nombreux, à commencer par le nom du groupe, qui ne signifie pas « Tombe » comme le voudrait la langue maniée par Goethe, mais « vieux » ou « gris » dans ce patois qui ressemble pourtant à s’y méprendre à l’oreille. Après avoir commencé à faire parler de lui dans certains milieux avec une cassette promo parue en début d’année (50 copies) dont la jaquette semblait reprendre le vieux de "Led Zeppelin IV", le premier effort longue durée a débarqué au mois d’octobre.

Et effectivement, le disque est assez long. Une heure au compteur. Mais nous y reviendrons. Il y a déjà cet artwork sombre et presque narquois, avec une personnification de la Mort qui tient une lanterne au-dessus de la tête d’un vieillard. Les lecteurs bretons pourraient presque murmurer un « Ankou » avant de regarder autour d’eux si jamais il ne s’était pas invité dans la pièce. Mais la jaquette attire l’œil. Elle dégage quelque chose de presque effrayant et nous rappelle que la roue du temps ne s’arrête pour personne, que l’inéluctable sera la fin du chemin pour tous. Et si vous vous attendez à une musique joyeuse après cela, c’est que vous êtes franchement bien naïfs.

L’introduction nous met déjà mal à l’aise. La musique est certes relativement planante, mais elle dégage quelque chose de lugubre, qui s’insinue dans les os. Un chant s’élève, entre le cri et la déclamation, ce qui intensifie l’aspect effrayant que peut prendre la musique. Puis on enchaîne avec "Nachtkrapp" et… Et nous ne rentrons pas en contact avec la violence attendue. GRÀB joue plus sur les ambiances et la décharge émotionnelle que sur l’exécution instrumentale ; et par exécution, je parle surtout de brutalité, pas de technique, elle reste bien présente tout du long. Mais les amateurs de blast beats effrénés en seront pour leurs frais, ces derniers n’étant pas très présents dans l’architecture sonore.

Non, GRÀB préfère axer son discours sur des mélodies plus tenaces, du genre à être en constante évolution et à chercher à remuer des choses au plus profond de l’être. Le tremolo picking est bien présent, mais il n’a pas gain de cause tout le temps, GRÀB préférant proposer des riffs plus construits sans pour autant puiser dans le vivier du Heavy Traditionnel comme c’est souvent le cas. Les plages se veulent plus atmosphériques, plus nuancées et deux morceaux résument parfaitement ce qu’est GRÀB : "Zeitlang", pièce de bravoure de onze minutes durant laquelle le groupe passe par de nombreux chemins de traverses, alternant chant black et chant clair déchirant avec habileté ainsi que "Nordwand" qui reprend ces préceptes de bien belle façon. Là, nous touchons l’essence du groupe et ce qui se dégage est noir, désespéré et, à sa manière, beau.

Bien sûr, il faut savoir faire le break, casser la tonalité de l’album pour provoquer des remous dans la construction, s’échapper de la profondeur affichée pour revenir à des choses plus terre à terre, pour finalement mieux nous enfoncer la tête dans la boue. À ce titre, "Weizvåda" remplit parfaitement son office, en proposant un déluge de blast beats finement amenés tandis que les guitares se font plus acerbes, plus tranchantes. Il s’agit là du morceau le plus court de l’album, celui qui apporte la décharge d’énergie nécessaire pour la suite de ce voyage dans cet univers où la mort et la solitude sont les seuls compagnons de route. Après, cela se veut plus fragmentaire, jamais vraiment absent, mais ne brillant pas par sa présence non plus. Ce sont plus des adjuvants aux compositions, très construites, pour donner corps, relief et caractère.

"Zeitlang" voit également de nombreux invités venir épauler Grànt et Gråin le long de leur démarche artistique. Tous les citer serait assez rébarbatif, mais la qualité est au rendez-vous puisque nous retrouvons l’excellent Schwadorf du non moins excellent EMPYRIUM, Morean (qui pour ceux qui ont raté un épisode, a remplacé Grànt quand celui-ci a quitté DARK FORTRESS) alors que P.K. (ABIGOR) est venu donner de sa personne à la guitare lead. Un sacré casting donc pour un disque qui semble venir de nulle part et qui se veut ambitieux. Une heure, c’est relativement long, mais l’ensemble se tient bien, le groupe arrive à relancer la machine en plaçant un court instrumental cristallin pour que les deux derniers morceaux présents puissent vivre également et terminer l’album sur une note bien sombre.

Et au final, nous nous retrouvons face à un disque pas forcément si facile d’accès que cela, mais qui a été très bien pensé et qui représente une des meilleures sorties en Black Metal de cette année 2021 avec "La Morsure Du Christ" de SETH, dans un style toutefois différent. Bien que Grànt soit toujours resté actif après son départ de DARK FORTRESS, il n’a jamais vraiment su trouver un terrain qui lui convienne parfaitement, mais gageons qu’avec GRÀB il a réussi à ouvrir une porte qui donne sur un Enfer tout en subtilité, où la solitude se fait au travers une musique sombre et languissante. Un excellent premier album, intelligent et raffiné.

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- Grànt (chant)
- Gråin (guitare, basse, claviers)
- Hoaza (batterie)


1. Sched Oreidig
2. Nachtkrapp
3. Zeitlang
4. Weizvåda
5. Nordwand
6. A Dåg Im Herbst
7. Auf Da Roas
8. S'letzte G'leit
9. A Gråbliacht



             



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