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POST ROCK  |  STUDIO

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2018 Qujaku

QUJAKU - Qujaku (2018)
Par NEURO6 le 28 Janvier 2021          Consultée 1181 fois

Ah 2020… Quelle année paradoxale en matière de musique. Je me souviens avoir participé à trois concerts en tout et pour tout, dont deux avant le premier confinement. Pourtant, cette année fut l’occasion de découvrir de nouvelles créations, bien aidé par les efforts redoublés des groupes pour faire connaître leur musique, eux aussi claquemurés et rivés devant leurs écrans. Mes pérégrinations musicales ont été bien aidées par les algorithmes de Bandcamp, plateforme de musique en ligne permettant d’acheter des albums, physiques mais surtout numériques. C’est dans cet espace virtuel que j’ai découvert le groupe nippon QUJAKU, le « paon » en japonais. Et ce fut une excellente surprise.

Les quatre membres sont regroupés depuis 2013 autour du fondateur, Shuya Onuki. Influencés par la diversité de la musique qu’ils écoutent (Rock, Classique, Jazz, Contemporain, Électronique), essentiellement européenne et plus largement occidentale, le groupe suit sa propre voie en insufflant un esprit japonais dans ses créations, en particulier en s’inspirant de l’environnement préservé de leur région d’origine, la préfecture de Shizuoka, dominée par le mont Fuji. Deux membres du groupe ont également des projets solo : le guitariste Soushi Mizno dans un registre acoustique et la bassiste Hiromi Oishi qui est quant à elle pianiste. Le groupe a également fait paraître plusieurs EP, le dernier étant "In Neutral" (juillet 2019). Ils ont également à leur actif la réalisation d’un morceau pour le jeu vidéo gore "Let It Die".

À l’écoute de leur album éponyme – le premier sorti sous ce nom, car le groupe était auparavant nommé The PIQNIC, nom sous lequel ils ont publié, avec la même formation, l’album "Zyouk" en 2015 (que l’on trouve depuis peu sur les sites de streaming musical) – j’ai immédiatement été emballé. Je ne pouvais laisser les lecteurs de NIME passer à côté ! Car en effet, le groupe semble être passé sous les radars lors de sa sortie en 2018 (on en trouve très peu de mentions sur la toile francophone en particulier). La faute à quoi ? Difficile de le dire, mais le groupe ne semble pas s’inscrire dans une stratégie commerciale, en encore moins au-delà des rivages japonais. Les mecs jouent leur musique et réalisent des tournées, en Europe notamment, point barre. Ainsi, depuis l’Europe, il est très difficile d’obtenir leur musique : cet album est sorti, pour la partie physique, exclusivement en vinyle et limité à cinq cent exemplaires, tous épuisés. Si le choix du groupe de rester à l’écart de la marchandisation de sa musique est louable, il faut avouer que cela nous laisse un peu sur notre faim, surtout lorsque, comme moi, vous débarquez après la bataille.
Pas grave, j’en resterai à une écoute numérique. Justement, que cache ce mystérieux album ? Sorti chez le label japonais So I Buried Records, "Qujaku" est une claque du début à la fin. Parfois minimaliste, rappelant GODSPEED YOU BLACK EMPEROR, leur musique est contrastée, proposant des phases décapantes, comme sur "Hadaka No Inochi". Le chanteur et leader du groupe fait varier les registres, sensible ou plus ténébreux, tandis que le couple basse-batterie affiche tout du long une très grande qualité, martelant des rythmes très entraînants, comme sur "Kagamie".

Le groupe fait l’étalage de toute sa qualité et de ses sources d’inspiration, de KING CRIMSON à Lou REED en passant par The VELVET UNDERGROUND. D’obédience Rock, les Japonais n’en explorent pas moins les rivages sombres du Metal, en particulier le Doom. Le premier morceau "Shoku No Hakumei" s’ouvre notamment avec un drone psychédélique : jouée avec un archet, le violon électrique émet un son merveilleux, semblable au chant des baleines, ici magnifié par le tapotement de la cymbale et les coups de basse. Une entrée en matière mélancolique de quatre minutes avant que le tintinnabulement de cloches ne vienne lancer leur Post Rock. Quand Shuya Onuki fait entendre sa voix, lointaine et plaintive, la magie opère. Avec des paroles exclusivement en japonais, le mystère enveloppe d’autant plus leur musique. Après neuf minutes de démarrage, le morceau prend plus de consistance, portée par un riff lourd et lent que ne renierait pas Mike Scheidt de YOB. Le registre demeure toutefois plus Rock, tandis que le chanteur martèle cette fois-ci ses textes de manière plus vindicative. Et quand le morceau semble se terminer, la bassiste nous rattrape et nous sort de notre torpeur : il est temps de finir le boulot. Succède alors un shoegaze psychédélique bien porté par le duo basse-batterie et par le violon électrique de Soushi Mizno, rappelant les performances de SIGUR RÓS. Le titre de vingt minutes oscille entre murs de guitares et phases minimalistes ; il se construit et se reconstruit continuellement, la tension ne retombant jamais. Envoûtant, énigmatique et puissant, ce morceau admirable vous hantera pour quelque temps. La performance live de ce titre est à découvrir, ici lors d’un Concert à Nagoya.

Les quatre Nippons s’aventurent aussi dans la déflagration Post Rock, comme sur "Kami Ga Korosu", court interlude (deux minutes) portée par les percussions tribales de Ryo Habuto et qui fait le lien avec "Zyouk", morceau tiré de l’album éponyme sorti en 2015. Démarrant dans un tempo plus lent, le troisième titre paraît plus hypnotique, sorte de Krautrock avant-gardiste chargé au nihonshu. Le titre suivant est plus PosT Rock, avec son rythme frénétique, s’imposant comme un excellent morceau. Encore une fois, la batterie porte la musique de manière remarquable, associée à un riff dissonant et particulièrement entraînant. Au cœur de l’album, "Ave" détonne en proposant un récital émouvant. Le rythme martial du couple basse-batterie offre un paysage sonore idéal pour les invocations sensibles du frontman. L’album se referme avec "Yui, Hate No Romance" et "Sweet Love Of Mine", le premier bien dans la veine Post Rock, le second étant plus sensible, sorte de ballade d’adieu.

QUJAKU fait indéniablement partie de mes plus belles découvertes de 2020 : sa musique sonne incroyablement bien, portée par une très grande sensibilité, souvent martiale, parfois émotionnelle. Lourd et trippant, le groupe déploie une musique primitive, bien aidée par ce chant lointain, presque ésotérique, et le rythme puissant des percussions. Les parties les plus lourdes évoquent leurs compatriotes BORIS, tandis que certains rythmes sont à rapprocher des créations récentes des Américains de SWANS. En bref, que du bon ! Bonne écoute.

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- Shuya Onuki (chant, guitare)
- Soushi Mizno (guitare)
- Hiromi Oishi (basse)
- Ryo Habuto (batterie)


1. Shoku No Hakumei
2. Kami Ga Korosu
3. Zyouk
4. Keiren
5. Ave
6. Hadaka No Inochi
7. Kagamie
8. Yui, Hate No Romance
9. Sweet Love Of Mine



             



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