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EPIC FUNERAL-DOOM/DEATH  |  STUDIO

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2020 Hymns From The Deep
 

- Style : Evoken, Esoteric

KHAZAD-DÛM - Hymns From The Deep (2020)
Par WËN le 8 Décembre 2020          Consultée 1677 fois

Dans les plus profondes grottes de la séculaire Albion il n'est pas rare que traînent, recluses, quelques insoupçonnées entités n'attendant que le coup de pelle d'un infortuné fouineur creusant peut-être avec trop d'avidité dans sa niche de prédilection, pour être exhumées et ramenées, cahotantes mais en vie, à la surface… et que leur savoir-faire, ainsi affiné puisqu'enterré durant de sombres éternités, n'en vienne à corrompe le vieux monde sous d'indescriptibles et suffocantes volutes de désespoir. Ce duo du Berkshire qu’est KHAZAD-DÛM est typiquement de celles-ci. Suite à son éveil et après avoir erré cinq longues années dans les terribles hauteurs des Monts Brumeux, la communauté-de-fort-petite-taille nous ouvre enfin les portes de sa mine ("Une mine ?! Il appelle ça une mine ?!"), pour une virée dans les entrailles de sa demeure qui, croyez-nous, n'aura rien de réjouissante.

En effet, les feux de joie pourvoyeurs d'abondantes pièces de viande se sont éteints. Les moindres chants guerriers se sont tus. Vous qui pénétrez plus avant dans les profondeurs de la Moria, sachez que KHAZAD-DÛM, pour tracer son itinéraire, s'en est tenu aux plus tortueuses galeries et aux boyaux les plus dégoulinants d'une nauséabonde crasse toute gobeline. À peine la première volée de marches dévalée que les viciés relents de ces chemins trop longtemps négligés vous attrapent directement à la gorge, âpres à vous faire vaciller sous les assauts sans équivoque d'une claustrophobique terreur. Pas de quoi faire le Balin !

Rien d'usurpé en tout cas à ce patronyme, tant ces gars-là sont 'Dûm' jusqu'au bout de leur pioche. Extrêmement Doom même, puisque la partition déroulée ici, forgée à même L'Ombre d'un Funeral Doom de caveau Et tout juste ravivée sur La Flamme vacillante de quelques sournoises et poisseuses atmosphères, tend à dépeindre dans toute son opiniâtreté cette abnégation jusqu'au-boutiste qui caractérise le peuple de Durin. Oui, car à ce point vous l'aurez déjà compris - nous en abusons en tout cas depuis le début de ce papier… mais le patronyme du combo a déjà dû vous alerter sur son compte - mais la principale spécificité de KHAZAD-DÛM est de puiser directement dans l'œuvre de J.R.R. Tolkien pour servir de trame à son méphitique méfait. Un folklore pour le moins inédit eu égard au style pratiqué, mais après avoir exporté le Funeral Doom dans l'espace ou de s'être abreuvé des plus scandinaves sagas (HEIMSKRINGLA), sans doute était-il grand temps qu'une troupe se penche sur les tribulations d'un hobbit en Terre Du Milieu. En l'occurrence, la cinquantaine de minutes allouée à ces "Hymnes Des Profondeurs", n'est qu'une longue fuite en avant relatant l'éprouvante traversée de la Moria (*) par les neuf compagnons de l'Anneau (de la découverte du tombeau de Balin, jusqu'au titanesque climax final à base de Balrog, de magicien gris, de Flamme d'Udûn et de Feu Secret d'Anor). Ce qui nous amène à la seconde spécificité de ce récit, puisque c'est bien de cela dont il s'agit. Ainsi adapté en un long poème (tout en décasyllabe, svp), les lyrics ont la particularité de s'enchaîner en un texte unique décliné tout du long des cinq morceaux composant l'ensemble. Et autant dire que rampant et agressif comme il est, parfois même épique dans toute sa tragique démesure sous-terraine, ces caverneux déboires lui siéent parfaitement.

Musicalement, cette exploration en territoire ennemi s'avère tout à fait profitable. Inattendue, même, diront certains. Car si KHAZAD-DÛM sait s'en tenir aux poncifs du genre (rythmiques processionnaires, riffing à la réverb' d'outre-tombe, pièces aux durées équivoques), son Funeral Doom, en appliquant une formule déjà éprouvée par son EVOKEN d'aîné (ces échos de guitares forgés en de sombres néants), son compatriote d'ESOTERIC (pour les digressions les plus atmosphériques de son art), voire même en extrapolant un peu d'un TYRANNY pour ses visions d'apocalypses antédiluviennes, parvient néanmoins à séduire. Sa stratégie ? Savoir plus d'une fois y insuffler ses propres artifices pour dépeindre sa vision personnelle des mythes de la Terre Du Milieu. Sa musique ainsi conduite avec intelligence, se pare plus d'une fois d'atmosphères à couper à la hache, qu'elles soient dignes d'une charge de troll menée par un Death Metal atmosphérique sourd et puissant (les caverneuses dissonances de "Monstrous Flesh" ou du riff d'assaut de "The Forsaken Palace")… ou au contraire basées sur des amoncellements de claviers/orgues contemplatifs propres à un Dark Ambiant tissé à même les plus épaisses ténèbres ("Mountainous Structures"), parvenant ainsi à encore épaissir cette chape de désespoir 'sui generis', coulée à même la fatalité granitique de tout un peuple.

Et cela de se traduire par une approche relativement épique au final, tant la musique de KHAZAD-DÛM se vit, tandis que l'on en parcourt les tortueux boyaux. Les us et coutumes nains sont d'ailleurs mis à forte contribution ici. Leurs indiscutables talents miniers, d'abord, lorsqu'il s'agit de trouver d'évanescents filons de guitares affleurant à peine la surface nervurée de la roche, tandis que le riffing malsain broie inlassablement de la grosse caillasse dans quelque puit éloigné. Simple talent qui se meut en véritable maîtrise lorsqu'ainsi taillées par ces orfèvres légendaires, ces guitares en deviennent obsessionnelles (la progression à 10' sur "Stones Of Sorrow", la fin de "The Forsaken Palace"). Idem lorsqu'il s'agit d'encore exhausser les ambiances de cette saga en cinq actes, par le biais de chœurs fantomatiques ("Mountainous Structures") surgissant d'on ne sait quels putréfiés tréfonds pour résonner en d'éternelles et dyphoniques litanies ("Stones Of Sorrow", l'intro de "Transmuted") bravant fièrement une implacable diction Doom/Death plus classique, aux rythmes d'appliqués coups de pioches et de quelques tambours tribaux ("Mountainous Structures"). D'antiques échos parant les galeries d'une Moria au fait de sa gloire, dorénavant et à jamais ruinée…

Un disque, donc, qui pue la pierre morte et les cendres humides. Véritablement étouffante et soutenue par une insoupçonnée clé de voute crasseusement épique, cette éprouvante pierre de taille devrait enjoliver de la plus terne des façons possibles votre périple en (sous-) terres naines. Même s'il devrait vous tenir en alerte afin d'éviter de quelconques gouffres sépulcraux, dites-vous aussi que les brises viciées qui ne manqueront de s'en échapper atténueront à chaque fois davantage le faible espoir d'en entrevoir la sortie. C'est d'ailleurs à ce sujet que nous émettrons une légère réserve tout en nous permettant de justifier cet arrondi aux trois étoiles inférieures. Malgré la belle qualité évidente de l'ensemble, force est de constater que passé ce "Mountainous Structures" d'interlude, une différence palpable de qualité se fait sentir entre les deux excellents pavés d'ouverture et les deux dernières pièces, glauques à point - comme il se doit - mais qui nous laisseront moins ébahis devant la splendeurs des grands halls oubliés (dardés d'empennages orques, peut-être qu'à ce stade la trame ne nous le permet plus non plus). Fuyez, pauvres fous !

Note réelle : 3,5/5.

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(*) Plus particulièrement, "Le Pont De Khazad-Dûm" (Tome I - Livre II - Chapitre V)
Proposition : Relisez-le donc pour voir, maintenant qu'on vous en propose une bande-son alternative ! Expérience saisissante, si si !

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- Daniel Scrivener (instruments, chant clair)
- Matthew Surry (chant)
- Chris Kendell (basse sur 1)
- Myrddin Evans (texte)


1. Stones Of Sorrow
2. The Forsaken Palace
3. Mountainous Structures
4. Monstrous Flesh
5. Transmuted



             



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