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1996 1 Welcome My Last Chapter (Wi...
 

- Membre : Alfahanne

VINTERLAND - Welcome My Last Chapter (wings Of Sorrow) (1996)
Par PERE FRANSOUA le 26 Novembre 2020          Consultée 1803 fois

Grâce à la vigilance d’un de nos lecteurs nous allons pouvoir réparer un gros manque, un étonnant oubli qui a même échappé à notre mythique Julien, lui qui a pourtant su extraire toutes les pépites de cette belle période des 90s.

Ce disque oublié de notre base de données n’était pas tombé dans l’oubli ailleurs. Bien au contraire il semble jouir d’une adoration particulière exprimée sur Internet, renforcé par le statut culte d’une œuvre qui n’eut ni antécédent ni succession, particulièrement difficile à acquérir physiquement (en dehors des rééditions limitées en vinyle, le CD est introuvable et les tarifs de l’occasion sont prohibitifs) ou numériquement (si ce n’est de manière illégale, bouh !).
La grosse cote, quoi.

Moi qui ne suis plus tout à fait jeune j’ai découvert VINTERLAND à l’époque de sa sortie, via la compil (CD sampler comme on dit) "Metal Explosion volume 2" offert avec le Metallian n°5, sorti à l’automne 1996. Une compil en étroite collaboration avec Adipocere qui se payait une bonne pub au passage mais qui permettait au novice de faire de belles découvertes (à une époque où le Black était encore peu diffusé). Ainsi je découvris VINTERLAND par sa chanson "I Am Another In The Dark" gravée aux côtés de "Hymne" de KAMPFAR ou "Of Darkness And Light" de THY SERPENT, des morceaux irrésistibles qui poussaient à l’achat de l’album entier.
Toute une époque.

Le seul et unique album de VINTERLAND est donc vénéré, adulé, considéré comme un chef d’œuvre, mais en parler aujourd’hui oblige à replacer cette œuvre dans son contexte.
Et le contexte c’est celui de la tripotée des albums de Black/Death mélodiques Suédois sortis du studio Unisound de Dan Swanö, dans le sillage de DISSECTION.
Rappelons-nous qu’entre 1994 et 1997, en Suède, Dan Swanö est le nouveau faiseur de miracles.
On peut affirmer que le leader de EDGE OF SANITY et NIGHTINGALE est la pierre angulaire de ce deuxième âge d’or en Suède, où après la déferlante Death Metal dans le sillage de NIHILIST/ENTOMBED produits au Sunlight studio, et jusqu’à l’avènement de Peter Tägtgren et son Abyss Studio qui le ringardisera à son tour (avant d’être lui aussi ringardisé...).
C’est Dan Swanö qui va produire les premiers MARDUK, OPETH, DISSECTION, DIABOLICAL MASQUERADE et KATATONIA, faisant opérer à la scène un passage du groove gras à une mélodique noirceur avec un son plus froid, un glissement de terrain d’un Death Mélodique influencé par le Black à un Black Mélodique.
En tant que multi-instrumentiste et touche-à-tout de génie, il arrivait aussi à Dan Swanö de jouer sur les albums qu’il produisait, en particulier des claviers.
Eh bien voilà mes chers amis, le seul et unique album de VINTERLAND est un pur produit de cette époque et de Mister Swanö, qui en est l’ingénieur du son, le producteur et qui en plus y joue une partie des claviers.

Lorsqu’on on réécoute en parallèle "The Somberlain" de DISSECTION (le maître étalon de la période), "Those Of The Unlight" de MARDUK, "Far Away From The Sun" de SACRAMENTUM (l’autre pépite devenue culte), "Tusen År Har Gått" de MORK GRYNING (pas un one-shot mais presque puisque le groupe va nettement changer de style... et de studio), pour ne citer que les plus évidents, nous apparaît comme une impression d’homogénéité, voire d’endogamie et d’uniformité, même son, même style, une production claire et audible, des guitares râpeuses conduites par des leads mélodiques très très en avant dans le mix, une ambiance froide, une batterie clinquante et véloce mais qui ne tombe pas encore dans la dévastation du blast beat, des vocaux vociférés pleins de rage et de désespoir souvent très réverbérés, des passages acoustiques et des chansons variées pleines de riffs accrocheurs et de trémolos prenants.

C’est vraiment étonnant qu’autant de jeunes musiciens aient œuvré dans le même style sur une période pas si longue, tous avec un niveau technique plutôt bon, sans qu’il n’y ait eu à priori de fraternité normative ou d’échange de musiciens comme pour les débuts du Death Suédois, ou du Black de Norvège, enfin on n’en sait pas beaucoup plus.
Le seul dénominateur commun c’est la production par Dan Swanö.

Alors avec VINTERLAND, qui passe en dernier et ferme un peu la période, au premier abord on aurait envie de crier à la redite plutôt qu’au génie tant l’œuvre semble sortie de ce moule chaud. Néanmoins si la proximité est grande dans la musique et le son de ces groupes, tous portant la patte de Dan, ils sont tous beaux, c’est vrai, et ont tous leur petite spécificité bien à eux (ce qui ne vient pas totalement contredire ce que je déroule depuis plusieurs paragraphes à propos de l’homogénéité de ces albums, non, il s’agit d’amener de la subtilité, d’aborder la complexité, hein, n’est-ce pas ?)

Ainsi VINTERLAND, portant bien son nom, se distinguera en étant encore beaucoup plus froid et mélancolique que ses concurrents. C’est comme si le Black norvégien s’était invité ici encore un peu plus. Les guitares sont plus râpeuses et fuzzy, et les nappes de claviers froids et hivernaux et autres pistes au piano renforcent l‘impression d’isolement ("So Far Beyond...")
Néanmoins on est en Suède et en Suède on aime le gros son. Ainsi le rendu sonore n’a rien du Necro minimaliste, au contraire ça envoie, ça balance, tout est audible, se distingue.

VINTERLAND, en bonne pépite des années 90, saura éblouir les auditeurs d’aujourd’hui grâce à deux qualités qui jadis semblaient aller de soi : riffs mémorables et construction solide.
L’album regorge d’airs entêtants, qu’il s'agisse de riffs en trémolo qui nous embarquent ou d’arpèges mélancoliques, servis par les deux guitares qui se répartissent bien les tâches (les accords pour l'un, les phrasés mélodiques pour l’autre). Leurs exécutions sont d'ailleurs tout à fait bonnes même si l’on décèle quelques approximations et même si l'on reste en-deçà de la virtuosité de DISSECTION.
Les titres sont bien construits avec beaucoup de rebondissements, de variations de tempi, tout en gardant une assez bonne cohérence, sachant jouer de thèmes forts qui reviennent au bon moment, le tout dans un enchaînement fluide. C’est plus ou moins vrai selon les titres mais cette écriture cohérente et variée nous impressionnera particulièrement sur "I’m Another In The Night". De son intro en montée à ses multiples rebondissements qui s’imposent avec naturel, c’est un peu le meilleur morceau du disque, donc de leur discographie (ben, oui, forcément).

VINTERLAND sait être vindicatif et véloce, bien entendu ("Still The Night Is Awake", A Winter Breeze") mais il sait tout autant s’abandonner à une pesante mélancolie ("Vinterskogen"), un désespoir profond, traduits par des tempi moyens voire lents, des beaux airs emplis de tristesse, dont l’impression est renforcée par quelques notes froides de claviers et des vocaux écorchés vifs pleins de reverb'.
Un cocktail qui, lorsqu’il n’accélère point, me fait penser au Finlandais LEGENDA, encore plus que les copains du coin (je citerais en exemple le début de "Castle So Crystal Clear" ou le beau "Wings Of Sorrow" qui ferme le disque.)
Même l’artwork participe de cette ambiance froide, nocturne, hivernale et isolée, avec cette pochette brumeuse sertie d’argent qui m’a toujours charmée.

"Welcome My Last Chapter (Wings Of Sorrow)" est effectivement une précieuse pépite, plus ou moins la dernière d’un court âge d’or, dont on continuera de se délecter encore longtemps, à la fois pour ses qualités propres et son ambiance mélancolique et rageuse, et à la fois comme une des gemmes d’un chapelet d’œuvres dont la fabrication s’est perdue mais dont l’éclat ne s’est pas terni.
Ce premier album coup de poing, voire coup de génie pour certains, constitue un début qui promettait beaucoup mais qui frustrera à jamais les auditeurs car de suite jamais il n’y eut. VINTERLAND se saborde. Ainsi "Welcome My Last Chapter" porte bien son nom (même si ce n’est pas son vrai nom [*]), ce premier chapitre étant aussi le dernier.
On ne saura jamais s’ils auraient pu faire mieux, ou dans quelle direction ils auraient pu aller, en tout cas sous cette entité puisqu’on retrouvera l’intégralité des membres du groupe dix ans plus tard en train de faire du Black Thrash sous le nom de TYRANT (un seul album en 2007).

C’est d’ailleurs le cas de toute cette mini-scène qui n’a jamais vraiment dit son nom. Comme je le disais plus haut, le vent changea vite de direction. Si MARDUK qui se cherchait beaucoup a su se trouver ensuite, façonné par la patte Peter Tägtgren dans le style dévastateur de DARK FUNERAL, MÖRK GRYNING et SACRAMENTUM tomberont vite dans l’oubli en s’abandonnant à la brutalité et s’en allant se faire produire ailleurs.
Le style Black/Death Mélodique suédois (qui fut à un moment improprement appelé Dark Metal), à peine esquissé, bientôt disparaîtra. Quant à Jon Nödtveidt, après avoir offert au monde au second chef d’œuvre, ira passer de longues années en prison qui auront raison de sa raison comme de son génie musical.
Le style Dan Swanö sera déserté au profit de Peter Tägtgren qui façonnera des bulldozers en son studio Abyss (Dan continuera de bosser mais reviendra à ses fondamentaux du Death).
Ce changement de mode a eu lieu exactement avec un certain "Secret Of The Black Arts" de DARK FUNERAL, mais je vous conterai cette histoire une prochaine fois.

[*] Le titre original est bel et bien "Wings Of Sorrow" mais comme il était écrit "Welcome My Last Chapter" sur la pochette, c’est devenu rapidement son nom d’usage avant de s’imposer officiellement au fil des rééditions.

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   PERE FRANSOUA

 
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   (2 chroniques)



- D.f. Bragman (vocaux, guitare, basse)
- Pehr Larsson (guitare, vocaux)
- Andreas Jonsson (batterie)
- [sessions]
- Jonas Hermansson (claviers, sur 3, 9)
- Dan Swanö (claviers)


1. Our Dawn Of Glory
2. I'm An Other In The Night
3. So Far Beyond... (the Great Vastforest)
4. A Castle So Crystal Clear
5. As I Behold The Dying Sun
6. Vinterskogen
7. Still The Night Is Awake
8. A Vinter Breeze
9. Wings Of Sorrow



             



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