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2017 Black Somnia
2020 Ligeia
 

- Style : Oathbreaker
 

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EYE OF NIX - Ligeia (2020)
Par WËN le 22 Septembre 2020          Consultée 1146 fois

Tout récemment nous avions pu profiter d'un bénéfique bain de boue via un "Black Somnia", premier album aux accents Post Black un brin sludgeouilles de EYE OF NIX. Bénéfique mais perfectible, car s'il savait plutôt bien faire mariner quelques essences Black Metal forestières et fragrances marécageuses typiquement Sludge à d'autres effluves bien plus légères et atmosphériques, ce disque laissait néanmoins derrière lui un arrière-gout d'inachevé en partie à cause de compositions peinant à se renouveler… et qui renvoyaient malheureusement l'image d'un groupe aux bonnes idées sur le papier mais paraissant ne pas se fouler plus que de raison lorsque le moment venu, il s'agissait de les coucher sur la partition. Pour ce que nous en pensions en tout cas…

S'il n'y a absolument aucune chance que nos conclusions lui soient parvenues, il est en tout cas intéressant de constater - quelques ajustements de personnel plus tard - que le quintet américain a su non pas transcender mais en tout cas corriger sa formule dans le sens où nous l'attendions, afin d'éviter ces mêmes travers qui plombaient le rendu final de son précédent effort. Déjà, et ce n'est pas toujours le cas, la jeune formation a eu l'intelligence de conserver de son LP précédent les éléments qui savaient la démarquer de ses consœurs.
Nous pensons là et en premier lieu à l'artwork aux contours une fois de plus très versatiles, baignant d'une aura de mystère la musique gravée ici (gageons que la déclinaison artbook doit valoir le détour (*)). Second point, la qualité globale de l'environnement sonore développé ici et dont est garante la paire Zech/Plotkin - déjà respectivement responsables du travail sonore chez SECRETS OF THE MOON, TRIPTYKON, The RUINS OF BEVERAST, SCHAMMASCH et ISIS, THOU, PELICAN – qui vous absorbe pour ne plus vous lâcher, pris que vous serez en ses confortables rais. Une prod' fine, ronde et profonde, plaçant le chant en apesanteur à l'abri des assauts d'une basse des plus telluriennes, et d'où émanent des effluves de Gothic Metal typique des 90s (la période "Sin/Pecado"/"The Butterfly Effect" de MOONSPELL, par exemple).

De bons points de la part de EYE OF NIX qui, vous titillant les sens, vous placent le contexte tout en vous imprégnant de son humus crade dès les premières notes du fantasmagorique "Concealing Waters" traduisant de manière remarquable les efforts effectués en un couple d'années. Le groupe n'a rien perdu de son pouvoir percussif lorsque, sur fond de Post Black/Post Metal, il s'agit de se déchaîner, ou au contraire de s'envoler vers d'aériennes et parfois acoustiques contrées histoire de calmer le jeu. Si "Pursued" poursuit sur cette lancée (méga bourrinage d'intro, option gros grunt et basse bulldozer à l'appui… pour ensuite laisser plus de place aux vocalises haut-perchées), "Tempest" va même jusqu'à se fendre d'un petit feeling épique bien sympathique. Les progrès de la miss Spain au chant sont même perceptibles, celle-ci sortant plus d'une fois de sa zone de confort en alternant screams et envolées lyriques ("Pursued", "Tempest", "Adrift"). Bref, un début d'album ambitieux, tout en progression, où les idées se bousculent et les structures s'épaississent et s'épanouissent : voici exactement ce que nous en attendions. Sauf que…

Sauf que, avouons-le, nous espérions que les Seattleites aient les ressources nécessaires à faire perdurer cette inspiration sur la totalité de l'album. Mais à part le couple de compos final qui saura reprendre un peu de poil de la bête, la partie centrale du disque s'avère hélas franchement anecdotique. L'édifice s'effondre en effet "sur" et "de" lui-même passé la première partie acoustique de "Stranded"… enchaînant à nouveau des parties Black téléphonées et sans grande ambition (même si la batterie tente ici et là des petits patterns plus musqués). Nous serions même bien incapables de vous raconter ce qui se passe durant les deux courtes minutes de "Keres", tant elles ne font que s'égrener sans même faire frémir le moindre bosquet. Nous désirions également ajouter cette petite note à propos de Masaaki Masao - artiste es-bruitages - qui, s'il surchargeait par moments l'album précédent par des bidouillages de samples intrusifs voire intempestifs, est ici aux abonnés absents. Clavier plus discret ? Bruitages mieux amenés ? Nous percevons bien quelques grésillements sous-jacents derrière le mur de guitare de "Ligeia", mais après plusieurs écoutes, nous n'arrivons toujours pas à nous décider quant à savoir s'il s'est superbement intégré au tout ou si au contraire, ces collègues l'ont oublié au mixage. Ceci-dit, qu'il s'agisse de l'une ou l'autre option, c'est en soit un progrès par rapport à "Black Somnia".

Restent, comme nous le disions, un final (relativement) plus audacieux, du planant "Adrift" au cossu "Stone & Fury" qui alterne parti-pris acoustique et riffing appuyé et sans équivoque. Deux titres qui font d'autant plus regretter la présence de ce ventre mou qui, invariablement, nous fait lâcher prise et sortir de l'écoute quelques instants plus tôt… Et qui nous amène à conclure bien malgré nous sur une impression des plus mitigées. Certes, le groupe a peaufiné sa formule, et c'est ce que nous attendions. Mais là encore, tout est loin d'être parfait pour prétendre à "[un album] enthousiasmant presque de bout en bout" synonyme des quatre étoiles propres à notre barème. Cela va même plus loin. Ce "Ligeia" se termine sur cette étrange impression non pas d'écouter un nouveau cru de EYE OF NIX estampillé 2020, mais plutôt d'une version revue et corrigée de "Black Somnia". Car au fond, oui, c'est bien de ça dont il s'agit ici ; ce second jet, c'est un peu le même album…

PS pour une simple réflexion : on touche peut-être là aussi à la limite de ces groupe engagés et multi-activistes (revendications sociales, politiques, écologiques, etc.) utilisant plusieurs mediums à leur disposition pour faire passer un message (ici, les textes) qui, au final, paraît leur importer davantage que la musique elle-même.


:::

(*) Prophecy Productions a le chic pour quasi-systématiquement faire bénéficier ses sorties de cette version livre grand-format 'deluxe' et forcément limitée, en général gavée de photos, de pièces d'art supplémentaires, de textes et/ou de quelques laïus des musiciens, et souvent agrémentée d'un CD bonus supplémentaire. L'objet à un coût (environ 30-40€) mais peut parfois s'avérer indispensable pour s'immerger totalement dans l'œuvre. Pour l'exemple, je penserai au "Tău" de feu-NEGURĂ BUNGET garni d'antédiluviens paysages du cru.

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- Joy Von Spain (chant, guitare)
- Nicholas Martinez (guitare)
- Masaaki Masao (claviers, samples)
- Zach Wise (basse)
- Luke Laplante (batterie)


1. Concealing Waters
2. Pursued
3. Tempest
4. Stranded
5. Keres
6. Ligeia
7. Adrift
8. Stone & Fury



             



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