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2017 Black Somnia
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- Style : Oathbreaker
 

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EYE OF NIX - Black Somnia (2017)
Par WËN le 9 Septembre 2020          Consultée 898 fois

Au rang des labels dont le catalogue m'interpelle, si je n'ai dernièrement pas manqué de vous citer Ván Records pour l'ensemble de son œuvre, je ne peux vous cacher plus longtemps qu'avec - en moyenne - une grosse commande par an, leurs compatriotes de chez Prophecy Productions, comptent eux aussi parmi les écuries qui en ont à raconter. Si SECRETS OF THE MOON, NEGURA BUNGET/DORDEDUH/SUNSET IN THE 12TH HOUSE, The VISION BLEAK, ALCEST, FEN, ces paysagistes de VÖLUR, ou encore EMPYRIUM, DORNENREICH et compagnie, savent vous happer par leurs forts et boisés univers Black, barbotant à l'occasion - et suivant les cas – dans des lagunes Post Rock, Neo Folk, ou pourquoi pas gothiques ou progressives, nul doute alors que ce roster d'outre-Rhin mérite toute votre attention pour les infinies autres fragrances d'automne qu'il renferme.

C'est ainsi, et presque sans surprise, que EYE OF NIX – déjà fort d'un EP, "Moros", 2015 - vient alors y déposer ses sacoches. En effet, en droite provenance de Seattle, le club des cinq, emmené par la vocaliste Joy Von Spain (cf. TRANNYSAURUS ROX… Wait, what!?) à tout pour y être à l'aise tant son neo-sludgy-post-machin (ne partez-pas !) sait lui aussi arborer des senteurs boisées bien spécifiques, notamment via ces grosses louches de bourbe saumâtre qu'il traîne en sa couche et qu'il ne manque de nous imposer sur cette galette pour le moins marécageuse. En soi, rien de révolutionnaire, EYE OF NIX se rapprochant de toute cette scène moderne Post Black/Post Metal alternative, arty et souvent prout-prout aux encolures-du-petit-veston (bah si, ne nous mentons pas) emmenée par OATHBREAKER et toute sa clique hipstouille. Mais là, avec cette sacro-sainte boueuseté Sludge qu'ils n'hésitent jamais bien longtemps à mettre en exergue et quelques dissonances sur fond de Post Rock/Metal aux accents ritualistes (qui ne manquent de m'évoquer quelques travaux d'OBSCURE SPHINX ("A Curse", "Lull")), les Américains ont au moins la prétention de vouloir présenter une formule plus personnelle… Et croyez-moi que ce "Black Somnia" suinte comme il faut le fond de tourbière et l'humus frais.

Evanescent, sachant jongler entre les frontières ténues des styles, alternant le chant féminin extrême aux voix claires aériennes, fragiles et/ou torturées, EYE OF NIX tour à tour murmure ou se déchaîne, de prime abord insaisissable, tel ces photos qui lui tapissent l'artwork et le livret (chouettement insaisissable). On y clapote entre deux eaux, en un patchwork vaguement brumeux et fantomatique. "Wound And Scar", "A Curse", par exemple, sombres et étouffantes, hantées de relents Post Black et tourmentées d'un scream habité et de vocalises éthérées (pour le second), au gré d'une batterie toute tribale mais hypnotique et doublée d'un riff asséné encore et encore, vous plongent dans les plus anxiogènes marais d'Horicon où, on la palpe sans peine, une magie inconnue est à l'œuvre (si le chant incantatoire vous évoque JEX TOTH ou JARBOE sur son putride "Mahakali" (2008), c'est normal). À l'inverse, les sommets enneigés dévoilés sur un "Fear's Ascent" ou les cimes d'un "Lull" ou d'un "Toll On", régulièrement ébranlées de bourrasques de batterie tendent, avec les guitares claires et un chant plus aérien, vers un certain Doom de facture gothique, hypnagogique même, pour peu qu'on ferme les yeux.

Si des progrès évidents sont à constater depuis leurs débuts un peu cradingues (il n'y a pas photo entre la version 'démo' de "A Curse" et celle présentée ici), et malgré la bonne surprise que fut ce premier jet à sa sortie, il demeure néanmoins un certain manque de maturité, la faute à quelques lacunes encore trop persistantes pour prétendre au sans-faute. Déjà, ce charme certain qui m'a happé aux premières écoutes tend à s'éclipser pour peu qu'on se prenne à lancer trop de fois la galette consécutivement. La faute à des compositions aux durées conséquentes (cinq-sept minutes en moyenne) mais articulées sur une trame prévisible trop souvent tissée à partir d'une ou deux idées de base seulement pour la plupart, sans réel rebondissement, rupture, etc. Ce "Wound And Scar" d'ouverture, notamment, en devient rapidement indigeste. Mais pour peu que EYE OF NIX pousse un peu plus son écriture et qu'il se montre moins paresseux avec ses structures ("Fear's Ascent", quelques climax ci et là, "A Hideous Visage" qui affiche déjà une belle conviction dans sa progression), ses efforts s'avèrent alors payants. À cela s'ajoute des patterns de batterie relativement identiques dès que celle-ci s'enflamme, n'aidant pas toujours à s'y repérer. Enfin, un certain Masaaki Masao se tripote parfois les samples avec un peu trop de conviction… et là où ses déhanchements bruitistes et autres bidouillages devraient renforcer les atmosphères mystiques de ce "Black Somnia", il les noie bien au contraire sous d'inutiles couches sonores. Je pense nommément ici aux "kriiiiiiinsssssss" de "A Hideous Visage" en son milieu ou ce "Wound And Scar" garni d'infrabasses vite épuisantes. Si ces expérimentations nous font instantanément sortir des sous-bois dans lesquels EYE OF NIX se plaît à nous balader, c'est qu'elles manquent alors leur objectif initial, et pas qu'un peu.

C'est regrettable, car la bonne impression de départ s'efface ainsi au gré d'écoutes trop rapprochées qui mettent en exergue ces imperfections énoncées plus haut. Rien de rédhibitoire, tant que les Seattleites parviennent à améliorer leurs travaux sur un prochain album. Vous me voyez d'ailleurs bien parler ici d' 'amélioration' et non de 'correction' car la mixture de EYE OF NIX est là, palpable bouillon de Post Black, de Post Metal, de Sludge et d'atmosphères éthérées… Ne reste qu'à en transcender la formule pour convaincre.

Note réelle : 3,5/5, mais accordez-lui quand même une oreille.

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- Joy Von Spain (chant, textes)
- Nicholas Martinez (guitare)
- Masaaki Masao (samples, guitare)
- Gerald Hansen (basse)
- Justin Straw (batterie)


1. Wound And Scar
2. Fear's Ascent
3. A Curse
4. Lull
5. Toll On
6. A Hideous Visage



             



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