Et voici le cas The FERRYMEN, Dream-Team par excellence. En effet, le guitariste virtuose suédois, accessoirement multi instrumentiste et compositeur, Magnus Karlsson (PRIMAL FEAR, ALLEN/LANDE, FREE FALL) a recruté en 2016 le vocaliste chilien et actuel chanteur de l'emblématique RAINBOW, l’excellent Ronnie Romero (aussi dans LORDS OF BLACK) ainsi que le batteur Mike Terrana (Ex-AXEL RUDI PELL, Ex-RAGE) pour un projet nommé The FERRYMEN. Résultat : un premier opus de bonne facture sorti en 2017 et un peu passé inaperçu je dois dire, et déjà un nouveau disque intitulé "A New Evil" sorti fin d’année 2019 (toujours chez Frontiers Records) et un artwork de toute beauté signé Stan-W. Decker (encore lui !).

Et on ne va pas se le cacher plus longtemps, ce second opus enterre de la tête et des épaules son prédécesseur. En effet, et contrairement au premier album, la galette est du début à la fin absolument fantastique (entendez par là qu’il n’y a pas grand-chose à jeter sur ce disque) pour qui aime ce genre de Heavy/Power Metal mélodique racé et classieux. La plupart des compositions ici délivrées, plutôt mid-up tempo dans l'ensemble, sont véritablement très chouettes pour ne pas dire superbes avec un pouvoir d’accroche tout simplement monstrueux. Les guitares y sont absolument fantastiques ("Bring Me Home", "Our Own Heroes"), les refrains y sont particulièrement soignés et s’ancrent rapidement dans vos têtes pour finalement ne plus vous lâcher ("Bring Me Home", "Save Your Prayers", "Heartbeat"), les mélodies y sont particulièrement léchées ("The Night People Rise", "Save Your Prayers") et absolument divines pour certaines, "Bring Me Home" qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler "Holy Diver" de DIO possède par exemple un pouvoir de séduction inéluctable avec ses subtiles notes de piano, sa ligne mélodique presque envoûtante et ses soli mélodiques de toute beauté… Vous rajoutez à cela une production très actuelle, puissante et particulièrement soignée elle aussi, quelques arrangements finement joués et quelques touches symphoniques disséminées ici et là ("Heartbeat", "A New Evil") et vous obtenez là et sans conteste l’un des meilleurs opus de Power Metal mélodique de l’année 2019.

On sent que le gratteux de PRIMAL FEAR Magnus Karlsson a magnifiquement peaufiné son affaire, les morceaux sont particulièrement travaillés donc, avec parfois ce côté un brin théâtral et dotés de subtils éléments permettant de déployer quelques belles atmosphères. Et bien évidemment, ces compositions vont comme un gant à Ronnie Romero qui, de sa voix un tantinet rugueuse mais toujours assez chaude, transcende véritablement l’ensemble. Le bonhomme est aussi bien à l’aise sur des morceaux un peu plus punchy à l’image de la pièce lourde et accrocheuse qu'est "Don’t Stand In My Way" laquelle plante d’emblée le décor à coup de riffs percutants et de soli absolument flamboyants (le break est pas mal non plus avec ses grosses guitares un brin rugueuses) que sur des compositions plus douces telles "Heartbeat" laquelle n’hésite pas à emprunter quelques contours symphoniques avec justement de subtiles orchestrations. On savait le vocaliste chilien talentueux, il le démontre amplement et encore une fois sur ce disque de haute tenue.

Parmi les compositions les plus marquantes de l’album et hormis "Don’t Stand In My Way" et "Bring Me Home" que j’ai déjà détaillées un peu plus haut, on retiendra aussi et tout particulièrement le splendide et puissant "Save Your Prayers" sa mélodie qui est à tomber et ses passages complètement punchy de toute beauté ainsi que l'excellent "No Matter How Hard We Fall" d'une puissance de feu, l’un des morceaux-phares de l’album avec une introduction mélodique un peu en trompe-l’œil qui précède une fulgurance de premier choix à savoir une accélération rythmique un peu soudaine mais qui fait son petit effet. Enfin, "You Against The World" tire également son épingle du jeu avec une rythmique un peu plus rapide là aussi, une batterie pour le coup très énergique et quelques soli un peu plus aérés qu'à l'accoutumée.

Si The FERRYMEN s'appuie musicalement il est vrai sur les pierres angulaires posées par les groupes du passé (DIO en tête), les compositions pourront effectivement paraître un tantinet trop classiques voire par trop prévisibles aussi (personnellement je ne trouve pas), force est de reconnaître que son savoir-faire reste relativement impressionnant. Car vous l’aurez compris, "A New Evil" qui affiche un pouvoir de séduction imparable est un effort studio très classieux et de haute qualité. Il est presque un quasi sans-faute, c'est à souligner, doté qui plus est d'un travail d’écriture particulièrement soigné et fait montre d’une démonstration de puissance mélodique hors norme. De mon point de vue et dans le registre, "A New Evil" est certainement à classer parmi les plus beaux disques de l’année 2019. Compte tenu du talent des trois musiciens officiant dans The FERRYMEN, le contraire aurait été presque décevant. L'œuvre valait bien une petite sélection sur NIME non ?!!!

Morceaux préférés : "Don't Stand In My Way", "Bring Me Home", "Save Your Prayers", "No Matter How Hard We Fall".