J'aimerais en guise d'introduction commencer par faire de la pub à un poto qui vient de sortir un EP de Black Punk sous le nom de LICHMAGICK, que je chroniquerai peut-être si je n'ai pas la flemme. Ça parle de liches et de magie, ça fait ARGH, ça fait OUGH, c'est influencé par un très bon groupe finlandais dont je donne le nom à la fin du paragraphe, bref c'est super cool et j'aurais bien voulu pouvoir l'appeler la meilleure release de Black Punk de l'année. Sauf que pas de pot cette andouille fait son truc en 2019 et que c'est l'année du retour d'une de ses influences majeures qui sort comme vous l'aurez compris le meilleur album de Black Punk de l'année avec son premier album éponyme, qui fait suite à sa première démo éponyme, un projet qui répond au nom intrigant d'ARNAUT PAVLE.

Si je ne vais pas vous lire la page wikipédia d'Arnaut Pavle, la personne, je vais essayer de vous refaire l'histoire d'ARNAUT PAVLE, le groupe (*). En 2013 sort de nulle part sur un micro label de Punk une démo cassette avec une étrange pochette dessinée comme il en sort trois mille par an et en cinquante-trois exemplaires. Aucun extrait de paroles, aucune interview ni même aucun vrai communiqué puis silence muet et aucune sortie pendant des années. Jusqu'ici rien que de très ordinaire, je vous vois déjà vous en battre les couilles. Vous ne serez pas plus intéressés en apprenant que c'est une courte (dix-huit minutes) démo de Black Metal, primitive, uni-dimensionnelle, avec un son lo-fi de caveau.

Le truc, c'est évidemment que la démo tue, casse des bouches, démonte des gueules, et toutes les périphrases basées sur la violence que vous connaissez. Le principe est élémentaire : prendre "Under A Funeral Moon", forcer un peu l'origine first wave, rajouter du D-Beat et du Crust, fin. On peut trouver un peu de CRAFT – qui est de toute façon très influencé par DARKTHRONE – ou un peu de CELTIC FROST – qui de toute façon a beaucoup influencé DARKTHRONE – ça fait genre que j'ai une culture mais ça n'est pas fondamental pour comprendre l'intention. L'important c'est : 1/ ARGH 2/ C'est la meilleure sortie de DARKTHRONE depuis 94 (**).

Et donc, silence de six ans, la rumeur grandit dans l’underground crasseux, à travers les internets louches quand quasiment à l'improviste, ARNAUT PAVLE sort un album. Coup de théâtre. Grondements dans l'assistance. Remue-ménage dans la fosse. Les poseurs et les mauviettes sont escortés hors de la salle. Une fois entre vrais les questions naturelles qui se posent sont alors : qu'est-ce qui a changé en six ans et est-ce que c'est toujours aussi bien ?

C'est une question plus délicate qu'il pourrait n'y paraître à l'écoute hâtive. En apparence, c'est toujours du Black Punk qui fait ARGH et OUGH, ça tue, 4/5 sur Nightfall, fin de la chronique, allez cassez-vous maintenant. Si l'on rentre dans les détails on peut noter plusieurs détails qui vont nous permettre d'arriver à cette conclusion dont j'essaye de vous faire croire qu'elle est dramatique alors que non :

Cet album ne pouvait pas être aussi bien que la démo.
Mais c'est pas très grave parce que c'est presque aussi bien.

Faisons les choses dans l'ordre. La production, tout d'abord, est grandement améliorée. Toujours brute bien sûr mais beaucoup moins grésillante, plus puissante et "pleine", avec un mastering par le gars de MARE COGNITUM qui doit sûrement jouer. Le cœur de la composition, ensuite ne diverge pas fondamentalement de ce qui était sur la démo. Black Punk, D-Beats, DARKTHRONE, etc. Mais probablement par conscience de la nécessité d'intéresser l'auditeur pendant dix minutes de plus, le groupe ouvre un peu plus le champ de ses compétences, se permet un peu plus de diversité ("Poison Grail" en particulier), se laisse ralentir et respirer un petit peu, cherchant ainsi à limiter le côté uni-dimensionnel extinction du cerveau de la démo, qui fonctionne certes très bien mais risquerait de lasser, de s’essouffler sur la longueur d'un album.

Alors tout cela a l'air très bien pensé, on applaudit monsieur Pavle pour ses réflexions pertinentes mais on se demande d'où je tire alors ma conclusion. C'est très simple : une force principale de la démo était justement ce côté presque stupide, cette charge inarrêtable et de même cette production crasseuse, ce "True Power From Below" si vous voulez. Et c'est pour cela que l'album ne pouvait pas être aussi bien que la démo : il était nécessaire pour réussir, qu'ARNAUT PAVLE s'éloigne de la force principale de sa musique pour tenir pendant toute la durée d'un album (même s'il ne dure que 28 minutes).

Piégé ainsi entre le marteau et l'enclume, il était donc impossible d'égaler cette démo (ce qui est une explication possible pour le délai de six ans). CQFD, mon analyse est implacable. Mais entre nous cette analyse c'était surtout pour meubler, pour pisser de la page parce que d'une part l'album est quand même très bon, et que d'autre part la vraie chronique on la trouve dans une interview d'Euronymous que je cite :

"Their music is so Dark, so BRUTAL!! ARGH!"

Que dire de plus ?

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(*) Il semble être généralement admis qu'ARNAUT PAVLE est un projet solo même si je n'ai absolument aucune information à ce sujet, donc... Euh... Voilà....
(**) Les fans de "Panzerfaust" en sueur