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1982 Pictures At Eleven
2010 Band Of Joy
2014 Lullaby And The Cease...
2017 Carry Fire
 

- Membre : Led Zeppelin, Page - Plant

Robert PLANT - Pictures At Eleven (1982)
Par DARK BEAGLE le 14 Avril 2019          Consultée 2550 fois

La mort de John Bonham, le 25 septembre 1980, signera également l’acte de décès d’un groupe de Rock devenu légendaire, LED ZEPPELIN. La perspective de poursuivre sans leur batteur emblématique n’aura pas fait long feu. C’était la fin et quelque part, cela aurait-il pu finir autrement ? L’autodestruction de certains des musiciens avait atteint son paroxysme et il était déjà miraculeux qu’il n’y ait pas eu d’accidents avant cela. Jimmy Page était au fond du trou, John Paul Jones s’est fait plus discret et Robert Plant, lui, a décidé de rebondir rapidement, dans un groupe dont il serait le leader, forcément.

Il va approcher un ami, Robbie Blunt, pour le seconder à la guitare. Le groupe sera complété par Paul Martinez à la basse et Jezz Woodroffe aux claviers. La batterie sera tenue quant à elle sur la majeure partie de l’album par Phil Collins, complété par Cozy Powell, excusez du peu. On va cependant rester dans le giron de LED ZEPPELIN puisque Plant va plus ou moins être managé par Benji Lefevre, qui était technicien pour le Dirigeable et qu’il sera signé sur Swan Song, le label créé par le groupe et Peter Grant. Seulement, la pochette est le premier élément qui va trancher complètement avec l’univers du ZEP'. Mais il a réussi à négocier le fait qu’il voulait produire ce disque lui-même.

Déjà, nous avons droit à deux Robert Plant pour le prix d’un, où il nous présente sa nouvelle coupe. Le lion rugissant y a laissé une partie de sa crinière, il est cependant parfaitement dans son temps. Nous sommes en 1982 et oui, cela se voit. Le lettrage est très particulier, très… « synthétique » à défaut de meilleur terme. Mais ici, il montre déjà qu’il s’affranchit de l’ombre de Jimmy Page ; il se permet de poser, c’est son nom qui est apposé sur la jaquette, il est la vedette. Il faut bien comprendre qu’à l’époque de LED ZEPPELIN, Page se considérait comme la vedette et il avait littéralement fondu un fusible quand un journaliste avait présenté un livre où Plant était mis en avant. Et Peter Grant n’en pensait pas moins.

Musicalement, Percy va également s’éloigner des riffs en plomb de LED ZEPPELIN. Son approche musicale va être axée sur le Rock, parfois à tendance Hard, et il va faire en sorte de ne pas être obligé de pousser la voix comme il le faisait encore quelques années plus tôt. Il suffit d’écouter la jolie ballade "Moonlight In Samosa", surprenante, où le chanteur apparaît posé comme rarement il l’aura été. Bien entendu, il ne tourne pas entièrement le dos au son de LED ZEPPELIN, pour ne pas complètement déstabiliser ses fans. Cela se traduit par le Heavy "Slow Dancer", lent, pesant, qui attire immédiatement l’oreille avec sa guitare abrasive et sa rythmique lourde, ainsi que l’énergique "Like I’ve Never Been Gone". Ce sont justement les titres sur lesquels officie Cozy Powell, lui qui fut envisagé brièvement pour remplacer Bonham. Cozy avait une frappe proche de John : puissante, lourde, et précise et son apport rythmique sur ces deux morceaux est terrible.

Cela ne veut pas dire que la présence de Phil Collins soit déplacée. Ici, il n’abuse pas de la réverbération comme il pourra le faire au sein de GENESIS, mais il va apporter un groove et une réelle présence rythmique qui va faire du bien au style pratiqué par Plant. Ce dernier, nous l’avons vu, s’est écarté quelque peu du Hard Rock pour taper dans le degré juste en-dessous ainsi que dans des sonorités bien plus propices aux années 80, un peu plus Pop, plus synthétiques également, avec ces claviers qui se veulent mine de rien très présents. Nous sommes également pris dans l’étau d’un saxophone, conventionnel et obligatoire de cette époque, sur "Pledge Pin" sans que cela ne soit vraiment rédhibitoire. Il est même assez facile de se laisser prendre au jeu et de taper du pied en cadence, voire d’avoir une furieuse envie de danser sur ce genre de morceau. Laissez-vous aller, cela n’a rien de honteux. Sauf quand vous croisez le regard chargé d’incompréhension la plus crasse de votre chat.

Et dans cette formule simplifiée, moins tarabiscotée que celle menée par Page, Plant se sent comme un poisson dans l’eau. Comme il l’a déjà été mentionné, il n’a pas à forcer la voix, mais on la reconnaît tout de suite. Ses détracteurs diront qu’il miaule toujours, mais il y a tout de même une belle dose de subtilité derrière tour cela. Il habite de sa présence cet album, qui est taillé sur mesure pour le bonhomme, qui en impose. Lui qui s’était abîmé les cordes vocales sur scène se trouve une nouvelle jeunesse. Il ne crie plus, mais il dégage toujours une sexualité très animale, qui lui sied bien. Et surtout, il tourne la page (ahah !), il fait une croix sur l’univers de LED ZEPPELIN. Il se montrera toujours peu enclin à une reformation et sur ce premier album solo, il n’invitera ni Page, ni Jones. Certainement leur en voulait-il encore pour leur absence très remarquée lors des funérailles de son fils.

Un autre point intéressant avec ce disque, c’est qu’il vieillit de façon agréable. Il sonne gentiment daté, avec ce son de clavier résolument kitsch aujourd’hui, cette batterie qui baigne parfois dans son jus, mais il y a quelque chose dans le son de la guitare, qui accroche toujours l’oreille de nos jours, ainsi que le timbre particulier de Percy qui joue sur la nostalgie : la nostalgie du Dirigeable, bien entendu, le « plus grand groupe du monde » qui aura marqué des générations de musiciens et d’amateurs en tout genre. Une voix reconnaissable immédiatement, à l’instar de celle de Freddie Mercury en somme.

"Pictures At Eleven" n’est pas tout à fait un coup de maître, certains passages manquent un peu de flamboyance, mais qui nous montre un artiste –n’ayons pas peur des mots, ils ne mordent pas contrairement à ceux qui s’en servent – qui a décidé de prendre son destin en main et qu’il peut y avoir une vie après LED ZEPPELIN, au contraire de Jimmy Page qui sortait "Coda" la même année et qui proposait des fonds de tiroirs. Là se situe la différence entre les deux hommes : le guitariste ombrageux est devenu avec le temps l’épouvantail brandi pour évoquer la Légende, le chanteur à la crinière de lion a continué à tracer sa voie, en jetant quelques regards en arrière, mais faisant globalement toujours la musique qui l’intéressait lui. Et quelque part, cela ressemble fort à de l’intégrité.

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- Robert Plant (chant)
- Robbie Blunt (guitare)
- Paul Martinez (basse)
- Phil Collins (batterie)
- Cozy Powell (batterie)
- Jezz Woodroffe (claviers)
- Raphael Ravenscroft (saxophone)


1. Burning Down One Side
2. Moonlight In Samosa
3. Pledge Pin
4. Slow Dancer
5. Worse Than Detroit
6. Fat Lip
7. Like I've Never Been Gone
8. Mystery Title



             



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